| VERDOYER, verbe intrans. A. − 1. [Le suj. désigne des végétaux, des organes végétatifs] Commencer à entrer en végétation, à devenir vert. Synon. verdir.Les arbres grandissent sous la pluie qui fait verdoyer leur feuillage, ils se développent au milieu de l'ouragan (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p. 202).Les herbes renaissantes frémissent (...) les entonnoirs d'obus commencent à disparaître sous la végétation; les taillis verdoient sur l'emplacement des forêts anéanties; la vie se réintroduit (Barrès, Cahiers, t. 13, 1921, p. 242). 2. Au fig. a) [Le suj. désigne une pers., ses qualités intellectuelles, morales] S'épanouir, éclater de fraîcheur. L'orgie est pour mon intelligence ce qu'est un orage pour la campagne, ça la rafraîchit, elle verdoie! et les idées poussent, fleurissent! (Balzac, Faiseur, 1850, IV, 3, p. 300).Il parle de tout avec un sourire (...): il verdoie, il rit, il a la bouche en cœur (Goncourt, Journal, 1862, p. 1146). b) [Le suj. désigne une chose abstr.] Développer sa vitalité, prospérer. Tandis que la grande et hautaine branche des Chansons de geste s'est desséchée et a péri, la branche plus humble des Fabliaux (...) n'a cessé de verdoyer, de bourgeonner et de fleurir (Sainte-Beuve, Prem. lundis, t. 3, 1864, p. 159). B. − Présenter un ton dominant de vert, des nuances vertes. 1. [Le suj. désigne des végétaux, un lieu couvert de verdure] Des jardins verdoient sur les bords du Nil (...), riz et cannes à sucre forment d'impénétrables rideaux de verdure (Du Camp, Nil, 1854, p. 23).V. faner B 2 b α ex. de Bourget. − [P. allus. au conte de Ch. Perrault, La Barbe-Bleue et à la réponse d'Anne: Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie, pour exprimer notamment la vanité d'une attente] La route pouvait poudroyer et ses haies verdoyer! Nat et Berthe, qui surveillaient le portillon, ne verraient rien venir (H. Bazin, Qui j'ose aimer, 1956, p. 25). 2. [Le suj. désigne une chose concr.] L'émeraude mérite de verdoyer sur ton cœur (Nerval, Sec. Faust, Hélène, 1840, p. 248).La mer (...) Céruléenne ou rose ou violette ou perse (...) Verdoie à l'infini comme un immense pré (Heredia, Trophées, 1893, p. 141). Prononc. et Orth.: [vε
ʀdwaje], (il) verdoie [-dwa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. v. aboyer. Étymol. et Hist. 1. 1176 « devenir vert » (en parlant de l'herbe) (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 3462); 1181-90 en parlant d'une émeraude (Id., Graal, éd. F. Lecoy, 8771); 2. 1831 fig. (Hugo, Feuilles automne, p. 712). Dér. de vert*; suff. -oyer*. Fréq. abs. littér.: 87. DÉR. Verdoiement, subst. masc.a)
α) Action, fait de verdoyer, de commencer à entrer en végétation, à devenir vert. Enfants parisiens qui ne savent presque rien de la marche des saisons (...), mais l'imaginent (...) au verdoiement d'une feuille d'herbe solitaire, jaillie toute droite entre deux dalles (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 7).P. méton. Synon. de feuillage, verdure.Il a besoin (...) du large parfum des bois et des verdoiements qui font revivre (Flaub., Tentation, 1849, p. 437).
β) Au fig. [À propos d'une pers.] Épanouissement physique et moral. Moncorps s'attarde sans fin à réparer ses détériorations (...) au lieu (...) d'en guérir vite, comme aux belles années de mon verdoiement (Arnoux, Visite Mathus., 1961, p. 134).b) Couleur dominante verte des végétaux chlorophylliens. Ces verdoiements d'arbres et ces blancheurs de tombes (...) lui jetèrent bientôt dans l'âme un incurable spleen (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 239).Le verdoiement blond des feuilles (Genevoix, Éparges, 1923, p. 264).− [vε
ʀdwamɑ
̃]. − 1resattest. 1549 « état de ce qui verdit » (Du Moulin, tr. Indagine, Astrologie naturelle, Préf. ds Hug.), attest. isolée, 1849 (Flaub., loc. cit.); de verdoyer, suff. -ment1*. |