| VEINE, subst. fém. I. A. − 1. ANAT. Vaisseau sanguin dans lequel la circulation se fait de la périphérie vers le cœur. Réseau de veines; inflammation des veines. Pour savoir s'il y a du sucre et de la matière dans le sang de la veine porte ou dans les veines hépatiques, prendre le sang, le traiter par charbon et le faire sécher à une douce chaleur (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 168).Les artères et les veines modifient automatiquement leur calibre. Elles se contractent ou se dilatent sous l'influence des nerfs de leur tunique musculaire (Carrel, L'Homme, 1935, p. 232). − En partic. Veine lymphatique. Vaisseau collecteur de tous les lymphatiques non tributaires du canal thoracique. Le chyle, ou lymphe, contenu dans les chylifères, est un liquide ayant la même composition que le sang, mais qui est dépourvu de globules rouges. La lymphe des chylifères aboutit dans des veines lymphatiques (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 118). SYNT. Veine cardiaque, carotide, cave, cérébrale, collatérale, communicante, coronaire, dorsale, fémorale, iliaque, jugulaire, latérale, médiane, profonde, pulmonaire, rénale, saphène, superficielle; injection dans une veine; anastomoser, dénuder, ligaturer, ouvrir une veine. 2. Dans le lang. cour. Vaisseau sanguin généralement apparent sous la peau. Veine gonflée, à fleur de peau. Un lacis de veines drues se tordait sur ses mains que n'agitait pas le tremblement habituel aux vieillards (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 321).Il affectait de pouffer entre ses deux longues paumes, le regard un peu faux, le front barré d'une grosse veine bleue (Bernanos, Mauv. rêv., 1948, p. 886). − Expr. et proverbes ♦ S'ouvrir les veines. Se trancher les veines du poignet dans le but de se donner la mort. Au loin, sous quelque véranda d'hôtel, plusieurs mandolines confondues filent un chant mièvre, nostalgique. Écœurante langueur. S'ouvrir les veines dans la douceur d'un bain (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1190). ♦ Se saigner aux/des quatre veines (fam.). V. saigner III B. ♦ Qui voit ses veines, voit ses peines. Les veines saillantes sont le signe d'une vie difficile ou de la vieillesse. (Dict. xixeet xxes.). B. − Au plur., dans des loc. et expr. Les vaisseaux où circule le sang. 1. Les vaisseaux porteurs du sang, comme symbole de la vie, de la santé, des émotions. Sang qui bout, qui se fige, qui s'arrête dans les veines; avoir du feu, du vif-argent dans les veines; colère, désir, jeunesse qui court dans les veines; sang qui se retire des veines; n'avoir plus une goutte de sang dans les veines. À ces paroles foudroyantes, je sentis tout mon sang se glacer dans mes veines (...), je me crus environné des ombres du trépas (Genlis, Chev. Cygne, t. 2, 1795, p. 104).Le sang lui bouillonnait dans les veines, de colère, de désir refoulé (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 21). − P. métaph. La Flandre avait assez donné au monde. Sa vie confuse, épaisse et riche, sa vie gonflée de sang, de sucs, ivre de force, suante d'odeurs fécondes, avait fait passer son esprit, par Rubens, dans les veines de l'avenir (Faure, Hist. art, 1921, p. 30). 2. Les vaisseaux porteurs du sang, comme symbole de la force, de l'audace. N'avoir rien, pas de sang dans les veines; avoir du jus de citrouille, du sang de navet dans les veines. T'es pas un homme. T'as du sang de poulet dans les veines (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Trou, 1886, p. 580). Nous avons trois enfants qui n'ont pas de sang dans les veines et qui n'ont même pas ce que j'appelle un fond de santé (Duhamel, Passion J. Pasquier, 1945, p. 41). 3. Les vaisseaux porteurs du sang, comme symbole de la naissance, de l'appartenance sociale, culturelle. Avoir du sang de marin dans les veines; avoir dans les veines du sang de courtisan, de bohémien, du sang indien. J'ai du sang de soldat dans les veines, moi! Je n'aime rien tant que la gloire! (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 449): 1. Montrer un jeune paysan qui joue de la flûte sur le dos d'un buffle et chemine ainsi à travers la montagne encore emmitouflée dans les brumes de l'aube, on peut faire cela avec des bouts de fer, si l'on a dans les veines mille ans de civilisation, comme les Chinois qui faisaient, aux environs de 1650, des paysages de métal.
Green, Journal, 1941, p. 173. C. − P. anal. Voie de circulation. Sous tant de noms divers, ce n'étaient toujours que deux rues, mais les deux rues mères, les deux rues génératrices, les deux artères de Paris. Toutes les autres veines de la triple ville venaient y puiser ou s'y dégorger (Hugo, N.-D. Paris,1832, p. 141).Si le Canal de Suez est une veine maîtresse du commerce mondial (...), c'est parce que la route des Indes représente l'aorte de l'univers (Morand, Route Indes, 1936, p. 6). II. A. − 1. PÉDOL. Zone allongée et étroite de matière différente, par sa composition, du terrain ou de la roche environnante. Veine de terre, de chaux. On observe dans ces contrées une foule de veines de quartz (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr., t. 4, 1847, p. 62).Ils choisirent non loin un coin propice, dans une veine d'argile, derrière un relief, à l'abri du grand vent et du grand soleil (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 148). − MINES. Filon étroit de charbon ou de minerai. Exploiter une veine; veine étroite, riche; veine d'argent, de charbon. C'est parfois à plusieurs centaines de mètres de profondeur qu'il faut chercher les veines de houille sous les marnes et conglomérats crayeux qui les recouvrent (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 71). ♦ Taper à la veine. Toute la matinée, le vide du buffet, la maison sans café et sans beurre, l'avait tracassé (...) pendant qu'il tapait à la veine, suffoqué au fond de la taille (Zola, Germinal, 1885, p. 1227). 2. HYDROGRAPHIE. Veine d'eau. Filet d'eau qui coule sous terre ou à fleur de terre. Il regardait à terre les veines d'eau, les pointes des pierres, les bancs d'une légère vase, brillante de mica (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 254).Sous cette parure souvent épineuse, elle recompose [la terre] en silence ses couches d'humus nourricier et ses veines d'eau (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 85). B. − Filet coloré et sinueux formant un dessin dans le bois, le marbre, les pierres dures. Veine du granit, du jaspe, d'un camée, d'un galet; veine de l'orme, du noyer. Les carrières de Carysto, en Eubée, sont abandonnées, mais non pas épuisées. Elles fournissaient dans l'Antiquité un beau marbre cipollin dont les veines imitent la couleur et l'ondulation des vagues de la mer (About, Grèce, 1854, p. 158). − P. anal. Dessin fin et coloré dans une matière. Les plus riches ornements d'une fleur de serre, les veines nacrées d'un orchis, le velours tendre qui borde les ailes d'un papillon (Taine, Notes Paris, 1867, p. 158).Aux effluves du camembert crémeux et du bleu d'Auvergne odorant, marbré de veines, de la bouteille poudreuse (...) le Chanoine s'échauffait (Arnoux, Zulma, 1960, p. 52). C. − BOTANIQUE 1. ,,Nervure d'une feuille`` (Forest. 1946). 2. Veine résineuse, de résine. ,,Accumulation locale et excessive de résine sous forme de veine, se présentant dans le bois de certains conifères`` (Forest. 1946). D. − PHYS. Veine fluide. Jet de gaz ou de liquide qui s'échappe d'un récipient par une étroite ouverture. Lorsqu'elles sont sorties du vase [les molécules], elles conservent encore, en partie, ces directions; ce qui produit un rétrécissement dans la largeur de la veine fluide, qui subsiste jusqu'à une certaine distance de l'orifice (Poisson, Mécan., t. 2, 1811, p. 459). − En partic. Veine gazeuse, liquide. Pour que le tirage d'une cheminée ne soit pas influencé d'une manière fâcheuse par l'action des vents, il faut une assez grande puissance vive de la veine gazeuse à la sortie (Ser, Phys. industr., 1888, p. 615).Les applications de l'électrophorèse ont été innombrables depuis l'électrophorèse en veine liquide décrite par Tiselius (Privat de Garilhe, Acides nucl., 1963, p. 40). III. A. − Inspiration artistique. Veine dramatique, poétique, théâtrale; veine ludique, créatrice. À trente-huit ans seulement, il [Collé] trouva sa veine; il fit sa première comédie (...) et il devint le divertisseur en vogue du comte de Clermont (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 7, 1864, p. 365): 2. ... à l'âge où il était parvenu, Barrès, bien qu'il cédât à des convictions sincères et même passionnées, n'aurait pu se passer des grands thèmes que lui fournissaient les cimetières de sa Lorraine. Je m'obstinais à ne voir dans ses ouvrages de cette veine que des chefs-d'œuvre de patience froide.
Mauriac, Écrits intimes, Renc. Barrès, 1945, p. 77. ♦ Être en veine, dans une (bonne) veine. Être inspiré dans une œuvre, un discours. Plus de vanité que d'envie d'être utile dans vos instructions. Vous parlez trop quand vous croyez être en veine et pouvoir bien parler (Michelet, Journal, 1820, p. 81).J'aurais tant de choses à vous dire sur mon travail que je ne vous en dirai rien. Je ne suis pas pour le moment dans une veine heureuse, je barbote et me ronge (Flaub., Corresp., 1866, p. 251). − En partic. Inspiration caractéristique d'un style, d'une époque, d'un créateur. Veine baroque, païenne. Dirai-je (...) qu'il y a dans Mmede Sévigné une veine de Rabelais? (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p. 294). B. − Disposition d'esprit, inclination, humeur. Nous le fîmes approprier [le cloître], pour l'amour du christianisme dont les allures sentimentales et la discipline satisfont notre veine d'ascétisme et d'énervement (Barrès, Homme libre, 1889, p. 33). − En veine de + subst. ou inf.Enclin, disposé à. En veine d'aventures, de folies, de taquineries; en veine de compliments, de confidences, d'enthousiasme, d'esprit de création, de grossièretés, d'indulgence; en veine de se confier, de discuter, de professer. En toutes circonstances, en veine de repentir comme en veine de débauche, il entassait mensonges sur mensonges, d'une manière fort habile (Reider, MlleVallantin, 1862, p. 214).Le lieutenant Grappa en veine d'amabilité m'invita, par exception, à venir prendre le café chez lui (Céline, Voyage, 1932, p. 192). C. − Chance, fortune. 1. Vieilli. Bonne, heureuse, mauvaise veine. Une veine plus favorable s'ouvrit pour lui [Restif] en 1764; un de ses amis lui fit avoir la place de prote chez Guillau, rue du Fouarre (Nerval, Illuminés, 1852, p. 247). − En interj. Synon. chic, chouette2(fam.).Monsieur Lepic: Tu ôteras ça demain, nous reviendrons. Poil de Carotte: Veine! Pourvu qu'il fasse beau! (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 77).Veine! Ce vieux normalien racorni rythme la musique de Rameau avec sa tête (...) et paraît enchanté (Colette, Cl. école, 1900, p. 153). − En compos. Porte-veine. V. porte-. 2. Mod. Synon. arg. pop. bol2, pot1; anton. déveine, malchance.Avoir de la veine, un coup de veine, une sacrée veine; avoir de la veine à (en) revendre; avoir de la veine dans son malheur; avec deux sous de veine; ce n'est pas de veine; ne pas avoir de veine; c'est bien ma veine. Soudain, le petit point noir qu'on attendait: un avion boche. Le reste, c'était une question de sport et de veine. Tout pouvait être réglé en vingt minutes, retour au terrain compris (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 258). − Expressions ♦ (Être) en veine. (Être) dans une période de chance, de réussite. Romero est si peu en veine, ce soir, que je suis forcé de jouer contre mon propre argent, afin de compenser mes pertes (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 293). ♦ Il n'y a de la veine que pour la crapule, la canaille. Il n'y a que les gens malhonnêtes qui ont de la chance. Il n'y a de la veine que pour la canaille, on a bien raison de le dire (Courteline, Vie mén., Peur des coups, 1895, p. 175). ♦ Une veine de cocu, de pendu, de + subst. à connotation péj.Chance insolente. J'avais pour me trouver dans des cas de ce genre une espèce de veine de chacal (Céline, Voyage, 1932, p. 460).Ce Respellière a une veine de cocu! (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 39). − [Dans une exclam.] Chance exceptionnelle, extraordinaire. Aussitôt installé dans le train, il se disait: Mon Dieu quelle veine! me voici libre! (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 10). ll n'y a pas eu de contrôle. À Lyon j'ai changé de train. − Tu en as de la veine! (...) Les Boches deviennent négligents (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 279). REM. Vein(o)-,(Vein-, Veino-) élém. formanttiré du subst. veine, entrant dans la constr. de termes de méd. Souvent en concurrence avec l'élém. formant phléb(o)-.a) Veinectomie, subst. fém.,,Phlébectomie`` (Méd. Biol. t. 3 1972). b) Veinite, subst. fém.Irritation de l'endothélium veineux, provoquée par certaines substances médicamenteuses. La veinite est à distinguer de la phlébite (Man.-Man. Méd. 1980). c) Veinographie, subst. fém.,,Phlébographie`` (Méd. Biol. t. 3 1972). d) Veinosité, subst. fém.,,Petite veine visible à travers la peau`` (Man.-Man. Méd. 1980). e) Veinotomie, subst. fém.,,Phlébotomie`` (Méd. Biol. t. 3 1972). f) Veinotonique, subst. masc. et adj.(Médicament) qui améliore la tonicité des parois veineuses. Les veinotoniques sont employés dans les insuffisances veineuses, notamment dans le traitement des varices (Méd. Biol. t. 3 1972). g) Veinotrope, subst. masc. et adj.(Médicament) utilisé comme protecteur veineux. On appelle vasculotropes, les produits veinotropes et les protecteurs capillaires (Touit.-Perl.1976). Prononc. et Orth.: [vεn]. Voy. longue ds Passy 1914, Grammont Prononc. 1938, p. 38, Buben 1935, p. 50. Homon. vain, au fém. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1160 orinal (var. orguenal) voine « artère du cou; trachée artère » (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 3653; cf. aussi Romania t. 21, p. 293) sens att. sous les formes veine orgenal (xiie-xiiies.) et veine original (xive-xves.); ca 1174 veine « vaisseau sanguin, artère » (Chroniques des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 17126); ca 1200 maistre voine « aorte » (Chevalerie Vivien, éd. A. Terracher, 1526); 1256 vainne du chief, du cuer, du foie, etc. « veine céphalique du bras, médiane du pli du coude, basilique du coude, etc. » (Aldebrandin de Sienne, Régime du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, gloss.); cf. aussi 1314 (Chirurgie d'Henri de Mondeville, éd. A. Bos, gloss.); b) xiiies. estre seigniez de vaine « avoir été saigné à une veine » (Renart, éd. Fukumoto, Harano et Suzuki, 5366); dernier quart du xives. se faire saignier... la voine (Romania t. 15, p. 184, 34); 1552 ouvrir la veine « pratiquer une saignée » (Estienne ds FEW t. 14, p. 226b); 2. bouch. 1863 « chez le bœuf, protubérance graisseuse à proximité de la poitrine » (Littré, s.v. avant-cœur); cf. ca 1268 hapax vainne « panse du cheval » (Claris et Laris, éd. J. Alton, 10121); 3. 1212 de noble veine « de noble origine » (Angier ds Anglo-Norman Dictionary, éd. W. Rothwell, London, 1992); ca 1461 tirer qqc. des veines de son pere « hériter quelque chose par naissance » (Chastellain, Chroniques, 4, 313, 2 ds Heilemann Chastellain); 4. 1574 le sang me gele dans mes veines « je suis frappé d'effroi » (Garnier, Cornélie, II, vers 403-4 ds Quem. DDL t. 28, s.v. sang); 1636 le sang se glace dans mes veines « id. » (Tristan, Mariane, I, 3, vers 108, ibid.); 1624 ce peu de sang qui me boût dans les veines « le peu de force qui me reste » (Hardy, Didon, II, 3, vers 501-2, ibid., t. 25, s.v. sang); 1676 son vieux sang bouillonne encor dans ses veines « il est plein de vigueur créatrice en dépit de son grand âge » (Corneille, Au roi ds Littré); 1694 quand le sang bout (est glacé) dans les veines « dans la jeunesse (la vieillesse) » (Ac.); 1694 le sang lui bout dans les veines « il a des mouvements d'impatience et de colère » (ibid.); 5. 1155 veine « jet (d'eau); conduit d'une source » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13779); xiiies. la mestre veine « le courant principal (d'un fleuve) » (Pescheor de Pont seur Saine ds Nouv. Rec. Complet des Fabliaux, éd. W. Noomen, 28, 78); 6. ca 1265 vaine « filon de métal dans le sol » (Brunet Latin, Tresor, éd. Fr. J. Carmody, I, 105, 3); 7. a) 1remoit. xiies. veine « raie dans une pierre précieuse » (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, FF 887); 1690 « endroit où une pierre, un bois est faible et peut se briser plus facilement » (Fur.); b) ca 1393 « côte du chou » (Menagier, éd. G. E. Brereton et J.-M. Ferrier, 203, 22); 1636 « nervure d'une feuille » (Monet); 8. ca 1165 estre tochié de la veine de « être mû par telle ou telle inspiration » (Troie, éd. L. Constans, 15180); 1540 veine « inspiration poétique » (Salel,
Œuvres, éd. H. H. Kalwies, 328; cf. aussi Marot ds Littré); 1636 veine poétique (Monet); 1798 être en veine « être inspiré » (Ac.); 9. ca 1230 estre pris en bone vaine « se trouver dans une disposition d'esprit bienveillante » (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 3195); 2emoit. xives. n'avoir vaine qui ne tende a « aspirer fortement à (l'honneur) » (Brun de la Montaigne, éd. P. Meyer, 3126); 1508 n'avoir vaine qui y tire « n'avoir aucune envie de faire quelque chose » (Eloy D'Amerval, Deablerie, éd. Deschaux et Charrier, 13406); 1640 trouver la veine « découvrir le secret d'une affaire » (Oudin Curiositez); 1672 trouver une bonne veine « découvrir le secret d'une affaire, ce qui l'explique » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 1, p. 500); 1689 « être dans une mauvaise veine de santé » « être indisposé » (Id., ibid., t. 3, p. 497); 1740 être tombé sur une bonne veine « avoir été favorisé par la chance » (Ac.); 1798 être en veine de bonheur « réussir dans tout ce qu'on entreprend » (Ac.); 1801 être en veine « gagner continuellement au jeu » (A. Gouffé, La Bouillotte, in Les Dîners du Vaudeville, no43, germinal an 9, p. 16 ds Quem. DDL t. 19); 1832 avoir la veine « gagner continuellement au jeu » (Raymond). Du lat. vena « veine; filon de métal; canal d'eau naturel; veine du bois, de la pierre; veine poétique, inspiration » qui désigne aussi au plur. « le siège de la vie; le cœur, le fond d'une chose; l'essentiel ». Fréq. abs. littér.: 2 253 (veine-cave: 74; veine-porte: 20). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 896, b) 3 866; xxes.: a) 3 223, b) 2 246. DÉR. 1. Veinette, subst. fém.a) Peint. Brosse que les peintres emploient pour imiter les veines du bois ou du marbre. (Dict. xixeet xxes.). b) Petite veine.
α) [Corresp. à supra I] Les veinettes bleutées qui barraient les tempes de Kayl (J. Cordelier, La Passagère, 1981, p. 226 ds Rob. 1985).
β) Mines. [Corresp. à supra II A] ,,Petit filon`` (Lar. Lang. fr.). En partic. ,,Couche de charbon trop mince pour être exploitée`` (Lar. Lang. fr.). − [vεnεt]. − 1resattest. a) 1remoit. xiies. veinetes « petite veine » ici dans une pierre précieuse (Lapidaire agn., éd. P. Studer-J. Evans, I, 754), à nouv. 1611 veinette (Cotgr.), en partic. 1776 wall. « petit filon » (Morand, Art d'exploiter les mines de charbon,393-397 ds Brunot t. 6, p. 398), b) 1876 « brosse plate utilisée par les peintres pour imiter les veines du bois » (Chabat t. 2); de veine, suff. -ette (v. -et*). 2. Veinure, subst. fém.a) Dessin formé par les veines du bois ou du marbre. Synon. marbrure, veinule.Ces veinures, ces bigarrures de coloration qui, dans certaines roches, dans certains marbres, révèlent des différences d'origine, d'âge, de « formation » (Proust, Swann, 1913, p. 186).b) ,,Aspect de la pâte fromagère qui présente des veines, c'est-à-dire des fissurations tourmentées et colorées par le bleu`` (Auss. Roquefort 1984). − [vεny:ʀ], [ve-]. − 1reattest. 1913 (Proust, loc. cit.); de veine, suff. -ure1*. BBG. − Quem. DDL t. 19, 25, 28. |