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VASTE, adj.
A. − [Le plus souvent antéposé] Très grand.
1. [En parlant d'une surface, d'une étendue] Synon. immense.Vaste désert, horizon, mer, paysage, prairie, terrain. Il lui faut un air pur, un beau ciel, une vaste campagne offerte aux courses, aux découvertes, à la chasse, à la liberté (Senancour, Obermann, t. 2, 1840, p. 44).Le vent souffle à son aise sur la vaste plaine (Gide, Journal, 1944, p. 261).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, littér. Michel ordonne de sonner l'archangélique trompette; elle retentit dans le vaste du ciel, et les armées fidèles chantent Hosanna au Très-Haut (Chateaubr., Paradis perdu, 1836, pp. 19).
2.
a) [En parlant d'une construction ou d'un véhicule] Synon. important, spacieux.Vaste édifice, enceinte, escalier, hangar, local; vaste berline. L'église, qui est vaste, très sonore et fort imposante avec sa longue nef et ses deux bas côtés, n'était éclairée que par l'autel et plongeait de toutes parts dans la nuit (Barb. d'Aurev., Memor. pour l'A... B...., 1864, p. 419).Nécessitant de vastes installations et une nombreuse main-d'œuvre, les industries hôtelières y sont en effet particulièrement exposées [aux charges fiscales] (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 100).
b) [En parlant d'un élément de mobilier ou d'habillement] Synon. ample, grand.Vaste placard; vaste pardessus. Il n'était pas rare de voir les sentinelles entrer dans nos baraques et tirer de leur vaste manteau (...) qui un poulet, qui un lapin (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 317).
3. [En parlant d'un groupe de pers.] Synon. gros1, important, large, nombreux.[Le docteur Formon] ne doutait pas de conquérir avant peu une vaste clientèle (Estaunié, Sil. camp., 1925, p. 6).La Maison de la Culture de Grenoble voulait atteindre un vaste public (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 159).
B. − [Antéposé ou postposé]
1. Dont l'action, la portée, le rayonnement est étendu sur le plan intellectuel, philosophique ou moral. Vaste esprit, génie, intelligence; vaste culture, érudition. Ton âme vaste et grande le frappa, il te crut propre aux plus brillans développemens (Krüdener, Valérie, 1803, p. 41).Ces vastes connaissances et cette promptitude de jugement me remplissaient d'admiration (Lacretelle, Silbermann, 1922, p. 53).
2. Vx ou littér. Qui dure longtemps. V. chagrin3ex. 5.
3. [Le plus souvent antéposé] Important. Vaste entreprise, problème, programme. Les forces encore jeunes qui ont une vaste carrière à remplir (Rolland, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1465).Une action d'aussi vaste envergure que l'analyse et le traitement de la littérature scientifique, technique, économique relative à une industrie toute entière et à ses multiples ramifications (Funck, Moureauds B. Bibl. Fr., t. 11, 1968, p. 346).
4. Fam. Vaste blague, canular, plaisanterie, rigolade (ou un mot du même parad.). Blague énorme, qui n'est pas toujours du meilleur goût. Ah! si on m'avait dit que je n'avais qu'à traverser la cour et que je te trouverais ici, j'aurais cru à une vaste blague (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 338).
C. − ANAT. Muscles vastes ou, empl. subst. masc., vaste (interne) et vaste (externe). ,,Nom donné à deux chefs du muscle triceps brachial et à deux chefs du muscle quadriceps`` (Lar. Lang. fr.). Les Expansions des vastes sont des lames aponévrotiques (...) qui se détachent du tendon du droit antérieur et des deux vastes (G. Gérard, Anat. hum., 1912, p. 200).
REM.
Vastement, adv.,rare Amplement, largement. Le docteur vastement arrosé, surexcité, mais pas gris (Barb. d'Aurev., Memor. 2, 1838, p. 377).
Prononc. et Orth.: [vast]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1495 « désert, inculte, inhabité » (J. de Vignay, Mir. histor., XX, 98, éd. 1531 ds Gdf. Compl.); 2. a) 1611 « d'une grande étendue » (J. Bertaut, Œuvres poét., 190); b) 1643 « spacieux, grand » (F. Tristan L'Hermite, Le Page disgracié, 217); 3. a) 1623 « étendu dans sa portée » vaste dessein (Th. de Viau, Œuvres poét., 2epart., 18); b) 1627 « étendu dans son action » vaste curiosité (N. de Peiresc, Lettres, t. 1, p. 209); 4. 1625 « ce qui est vaste numériquement » (J.-P. Camus, Palombe ou La Femme honorable, p. 110: je puis encore moins discerner en cette vaste troupe quelle est votre fille); 5. 1656 « imposant par sa taille » (P. Corneille, L'Imitation de Jésus-Christ, p. 197: du vaste éléphant, la masse épouvantable). B. Anat. 1611 muscle vaste (Cotgr.); 1765 vaste externe, vaste interne (Encyclop. t. 16). Empr. au lat.vastus « vide, désert »; « désolé, dévasté »; « prodigieusement grand », qui influencé par l'a. b. frq. *wōst (v. gâtine et également gâter) a donné en a. fr. l'adj. gast « désert, inculte ». Fréq. abs. littér.: 7 297. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 11 033, b) 11 264; xxes.: a) 11 400, b) 8 725. Bbg. Litman (Th. A.). Le Sublime en France: 1660-1714. Paris, 1971, 286 p.