| VARIOLE, subst. fém. A. − PATHOL. Maladie infectieuse et épidémique, très contagieuse, due à un ultra-virus, caractérisée par des symptômes généraux plus ou moins graves (malaise, fièvre, vomissements, douleurs), par une éruption de pustules formant des croûtes qui, en tombant, laissent des cicatrices déprimées, notamment sur le visage, et ayant à peu près disparu de nos jours grâce à la vaccination. Synon. vieilli et fam. petite vérole*.Lorsqu'une épidémie de fièvre typhoïde ou de variole soufflait, elle balayait d'un coup au cimetière la moitié de la cité (Zola, Argent, 1891, p. 159).La variole (...) a été la plus grande tueuse de l'humanité et (...) seule la vaccination a pu en venir à bout. Pendant la guerre de 1870-1871 l'armée française a compté en six mois 125 000 cas de variole avec 24 000 morts, alors que l'armée prussienne, qui était vaccinée, n'a compté que quelques dizaines de cas (Encyclop. Sc. Techn.t. 101973, p. 786). − Variole + déterm. précisant la forme de la maladie ♦ Variole hémorragique ou noire. ,,Forme sévère de variole caractérisée par la présence de lésions hémorragiques dans la peau et les muqueuses`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Beaucoup avaient la variole noire. Ils se remuaient, criaient dans un délire incessant, se dressaient sur leur lit, debout comme des spectres (Zola, Débâcle, 1892, p. 501). ♦ Variole majeure. ,,Variole typique provoquant chez les sujets non vaccinés un taux de létalité variant d'environ 20 % à 50 %`` (Méd. Biol. t. 3 1972). ♦ Variole maligne. ,,Forme très grave de variole hémorragique`` (Méd. Biol. t. 3 1972). La variole maligne est la cause la plus habituelle des morts précoces (Teissier dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 289). ♦ Variole mineure ou blanche. Synon. de alastrim.On a désigné au Brésil, sous le terme de variole blanche une variété de variole qui serait caractérisée par la coloration un peu spéciale des vésicules (Teissier dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p. 295). ♦ Variole modifiée, atténuée ou abortive. ,,Forme atténuée de variole majeure survenant chez des sujets qui ont antérieurement été vaccinés ou qui ont déjà eu la variole, soit majeure soit mineure`` (Méd. Biol. t. 3 1972). La variole et la variole modifiée sont donc bien identiques, puisqu'elles s'engendrent réciproquement (Trousseau, Hôtel-Dieu, 1895, p. 79). − Variole + déterm. précisant la forme de l'éruption.Quand les pustules se confondent dès leur apparition sur le visage, la variole est confluente; elle est cohérente quand la confluence n'a lieu qu'au moment de la suppuration. Enfin, elle est discrète quand les pustules sont rares et très disséminées (Lar. encyclop.). − P. méton. Ensemble des marques laissées par la variole. Assez d'yeux malades, de faces tannées de variole et de plaies au milieu du corps! (Lenormand, Simoun, 1921, 8etabl., p. 81).P. compar. Les susdits feuillets paraissaient criblés de variole (Montesquiou, Mém., t. 1, 1921, p. 294). − Rare, vieilli. Synon. de vérole.On l'accusait d'avarice, et il allait chez des filles... − Pour ce qu'il les payait, dit Masson. Il ne les aimait que du trottoir. − Et la variole, dis-je. − Les vieillards ne l'attrapent plus, dit Houssaye; leurs muqueuses... (Barrès, Cahiers, t. 6, 1908, p. 312). B. − PATHOL. ANIM. Maladie infectieuse, contagieuse de certains animaux domestiques, généralement due à des virus proches de celui de la variole et caractérisée par des éruptions cutanées. Variole aviaire, caprine, équine, ovine; variole du pigeon. On la désigne encore [la clavelée] sous les noms de picotte, rougeole, claveau, ou de variole du mouton, pour indiquer sa ressemblance avec la variole de l'homme, le horse-pox et le cow-pox (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 234).Le médecin britannique Jenner remarqua que les sujets ayant contracté, au contact des vaches atteintes, une affection bénigne dite variole bovine (cow-pox), résistaient à la variolisation (Encyclop. Sc. Techn.t. 101973, p. 833). REM. Varioloïde, subst. fém.,pathol. Forme atténuée de variole. On distingue plusieurs variétés de variole. La forme la plus atténuée est dite varioloïde chez les personnes vaccinées, alastrim chez les sujets non vaccinés (Lar. encyclop., s.v. variole).P. métaph. Au second siècle de notre ère, l'humanité était dans un triste état mental (...). Ce n'est pas que la disposition de beaucoup d'esprits ne soit encore la même de nos jours; l'infirmité existe: çà et là, et de temps à autre, bien des reprises et des symptômes non méconnaissables le prouvent assez; la varioloïde superstitieuse se remet parfois à courir et à régner (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 428). Prononc. et Orth.: [vaʀjɔl]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Ca 1400 [ms. xves.] plur. variolez « pustules de l'éruption variolique » (Somme MeGautier, B. N. 1288, fo54a ds Gdf. Compl.); 1811 sing. variole « nom de la maladie infectieuse, contagieuse, caractérisée par une éruption de taches rouges devenant des pustules, qui, après guérison, laissent des cicatrices indélébiles » (L. N. Guérin, Dissertation sur la variole [titre]); 1872 « nom de certaines maladies infectieuses et contagieuses des animaux domestiques » (Littré). Empr. au b. lat. méd.variola « maladie infectieuse » (vies. ds Nierm.), dimin. de varius « ayant la petite vérole » (ca 600, ibid.), avec infl. du lat. varius « varié, bigarré, tacheté, moucheté ». Fréq. abs. littér.: 50. DÉR. 1. Variolé, -ée, adj.Marqué par les cicatrices de la variole. Cruels et dangereux parents, capables d'emprisonner leur fils, à l'âge de l'éclosion des libertés, et de leur donner pour compagnons, ainsi que pour modèles, à l'heure de l'éclosion des délicatesses, de vieux faunes variolés, des boucs à bouffardes (Montesquiou, Mém., t. 1, 1921, p. 340).− [varjɔle]. − 1resattest. 1842 adj. « parsemé de marques analogues à celles de la variole » (Ac. Compl.), 1845-46 subst. « personne marquée de la variole » (Besch.); de variole, suff. -é*. 2. Varioleux, -euse, adj. et subst.,pathol. a) Adj., vieilli. Synon. de variolique.Éruption, fièvre varioleuse; virus varioleux. Jacquot (...) assimile la maladie des chiens à la fièvre typhoïde (...). La présence de l'éruption cutanée fait soupçonner la nature varioleuse de la maladie (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux, 1896, p. 413).b) Subst. Personne atteinte de la variole. À l'hôpital, on me mit avec les varioleux. J'y aurais laissé ma peau (Mauriac, Myst. Frontenac, 1933, p. 120).Il y avait dans la salle où elle pénétra, une varioleuse dont l'aspect la frappa violemment (Vialar, Clos Trois Mais., 1946, p. 198).− [vaʀjɔlø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1878. − 1resattest. 1771 adj. « qui concerne la petite vérole » (Trév.), 1812 subst. « personne atteinte de la variole » (Mozin-Biber); de variole, suff. -eux*. 3. Variolique, adj.,pathol. Qui a rapport à la variole. Contagion, éruption, infection, virus variolique. Une passionnante expérience − on la nommait alors « insertion » ou « inoculation » (...) consistait à prélever un fragment de pustule variolique chez un sujet ayant présenté cette affection sous une forme bénigne, pour « l'insérer » sous la peau d'un individu sain (P. Morand, Confins vie, 1955, p. 13).− [vaʀjɔlik]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1reattest. 1764 (J. de méd., chir. et pharm., t. 20, p. 472); de variole, suff. -ique*. 4. Variolisation, subst. fém.Inoculation de la variole. Jadis, le seul moyen prophylactique utilisé était la variolisation, inventée par les Chinois, qui consistait à inoculer artificiellement la variole aux sujets sains en utilisant comme source de Virus des croûtes d'anciens malades (Encyclop. Sc. Techn.t. 101973, p. 833).− [vaʀjɔlizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1876 (Lar. 19e); de variole, suff. -isation, cf. -iser et -tion. BBG. − EWFS2, p. 884. − Migliorini (B.). Trois questions glottotechniques... Fr. mod. 1973, t. 41, pp. 68-69. − Quem. DDL t. 8 (et s.v. varioloïde). |