| VAREUSE, subst. fém. A. − MARINE 1. Chemise que portaient autrefois les matelots dans les pays chauds. La vareuse a la forme d'une chemise ordinaire pour le haut, mais elle ne descend pas plus bas que les reins (Will.1831). 2. Blouse courte en toile à voile ou en cotonnade de couleur portée par les matelots dans l'exercice de certains travaux qui exigent l'emploi du goudron ou d'autres matières salissantes (d'apr. Chesn. t. 2 1858). Mess Lethierry, mal à l'aise autrement, portait toujours ses habits de bord, et plutôt sa vareuse de matelot que sa vareuse de pilote. Cela faisait plisser le petit nez de Déruchette (...). Elle grondait et riait. − Bon père, s'écriait-elle, pouah! vous sentez le goudron (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 113). 3. Blouse courte de drap ou de molleton, de couleur bleu marine, qui constitue la tenue ordinaire des matelots et des quartiers-maîtres pour descendre à terre. Vareuse et grand col, et béret et pompon comme les matelots (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 146).L'homme, vêtu d'un costume marin en grosse serge, un tricot à raies bleues et blanches sous la vareuse marinière, examinait d'Arrast (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1667). 4. Veste de drap courte et croisée, au col sans revers, portée par les sous-officiers et officiers (d'apr. Merrien 1958). B. − P. anal. 1. Blouse portée dans certains corps de métiers ou pour exercer certaines activités. Vareuse d'ouvrier. Ils sont là [au café] une basse Bohème, à côté d'un autre grand salon à billard, où il y a des peintres en vareuse avec leurs maîtresses en cheveux (Goncourt, Journal, 1861, p. 887).Au-delà du pont, au milieu de la nappe élargie de la rivière (...), une équipe de canotiers en vareuses rouges ramaient, pour maintenir leur canot à la hauteur du Port-aux-Fruits (Zola, E. Rougon, 1876, p. 87). 2. a) Veste courte et ajustée de certains uniformes. Vareuse de chasseur alpin, de pompier; vareuse grise, kaki. Il est vêtu d'un pantalon et d'une vareuse militaire au col empesé, en toile blanche, comme presque tous les chefs du Kuomintang (Malraux, Conquér., 1928, p. 60).À la première [bombe], Lando qui criait à ses hommes, égaillés par les voies, de se coucher, eut une manche de sa vareuse à peu près arrachée (Abellio, Pacifiques, 1946, p. 300). ♦ Vareuse d'officier. Vêtement qui constitue la petite tenue de manœuvre ou de campagne des officiers et des adjudants de plusieurs armes ou services (d'apr. Nouv. Lar. ill.). b) Costume affecté aux détenus dans les pénitenciers. Tout de suite son cerveau de solitaire porté aux idées fixes, aux imaginations vite démesurées, lui représenta une cellule, le pain, et l'eau, la vareuse grise, le bonnet du galérien! (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 127). 3. a) Petit pardessus féminin, assez ample. Les petits pardessus sont en grand nombre; il y en a en satin, en velours, en drap gris, noir; les uns ajustés, les autres en forme de veste dite vareuse (Journ. des demoiselles, oct. 1849, p. 311a ds Quem. DDL t. 16). b) Veste assez ample, généralement en drap ou en flanelle, servant de tenue d'intérieur ou de sport. Ce petit être (...) les reçoit [les femmes] en vareuse de velours, superbement étalé sur un divan, le cigare aux lèvres (Taine, Notes Paris, 1867, p. 144).Je revois Père, toujours debout à la même place, mais en chaussons et dans sa vieille vareuse d'intérieur (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 814).Ah! si tu l'avais vu revenir à l'aube, trempé de pluie, toujours calme. Pas une tache de boue sur son pantalon, sa vareuse (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1417). Prononc. et Orth.: [vaʀø:z]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1784 « sorte de blouse en grosse toile que portent les esclaves à Saint-Domingue » (Ordonnance du roi du 3 déc. (sur Saint-Domingue), in F. Roux Devillas, Catalogue de livres anciens, mars, 41, 4222 (1957) ds Quem. DDL t. 1); b) 1793 « sorte de blouse que mettent les calfats pour protéger leurs vêtements » (Recueil des Actes de Comité de salut public, II, 341 ds Z. fr. Spr. Lit. t. 35, p. 147); c) 1820 « sorte de blouse que portent les matelots » (Will.); d) 1851 « blouse que portent les peintres » (Murger, Scènes vie boh., p. 47); 2. 1849 « petit pardessus féminin » (Journ. des demoiselles, juill., p. 209b ds Quem. DDL t. 16); 3. 1867 « veste très ample servant de vêtement d'intérieur » (Taine, loc. cit.); 4. 1904 « vêtement militaire court qui constitue la petite tenue des officiers et des adjudants; vêtement des chasseurs alpins » (Nouv. Lar. ill.). Prob. dér. de varer, var. norm. de garer* « protéger », donc à peu près blouse vareuse « blouse qui protège les habits »; suff. -euse*. Fréq. abs. littér.: 154. Bbg. Nicholson (G. G.). Ét. étymol. R. Ling. rom. 1929, t. 5, pp. 59-70. − Quem. DDL t. 16. − Weil (A.). En Marge d'un nouv. dict. R. Philol. fr. 1932, t. 45, p. 42. |