| VALETAILLE, subst. fém. Péjoratif A. − Vieilli. Ensemble des valets, des domestiques d'une maison le plus souvent considérés comme des gens dont on fait peu de cas. La valetaille disait en manière de réflexion, assez haut pour qu'il l'entendît: Voilà notre maître qui va passer une heure ou deux avec madame la baronne! (Sandeau, Mllede la Seiglière, 1848, p. 78).Partout, une valetaille à larges galons d'or circulait (Flaub., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 200). ♦ À valetaille.Elle congédia ses caméristes d'un geste de princesse à valetaille, non de maîtresse de maison à domestique (Péladan, Vice supr., 1884, p. 115). − P. ext. Ensemble des domestiques en général. Une taverne de valetaille et de voleurs (Michelet, Peuple, 1846, p. 13).L'on nous donnait des ordres comme à de la valetaille (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 253). − P. compar. Prenons les éléments matériels dans lesquels s'incarne l'œuvre d'art: mots, couleurs, sons, etc... L'idéaliste le plus farouche conviendra que l'artiste dépend de cette valetaille (Arts et litt., 1935, p. 62-5). − P. métaph. On se moque bien du corps! On le relègue au rang de valetaille (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 345). B. − P. anal., littér. Gens, personnes de caractère servile. Tout le monde se met à faire la révérence, et voilà une cour. C'est instinct de nature. Nous naissons valetaille. Les hommes sont vils et lâches, insolents, quelques-uns par la bassesse de tous, abhorrant la justice, le droit, l'égalité; chacun veut être, non pas maître, mais esclave favorisé (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1806, p. 714). − Valetaille + déterm.Je ne sais pas quels sont ces courtisans, cette valetaille militaire contre laquelle mon père regimbe avec tant d'amertume (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 132).J'ai eu à mes trousses, à plusieurs reprises, toute la valetaille de presse, officielle et officieuse, tous les maîtres chanteurs de la capitale, que mes campagnes sans merci affolaient (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 210). REM. Valetaillerie, subst. fém.,hapax., péj. Servilité. Et ceux-là le savent bien qui n'éprouvent point de pitié basse pour les chancres de la valetaille, mais exposent aisément leur vie et s'imposent, sans surseoir, cent jours de marche à travers rocs, dans le seul but de soulager d'un chancre le valet de leurs valets. Et ceux-là seuls se montrent bas et se soumettent à la valetaillerie du valet qui escomptent de lui quelque mouvement de reconnaissance (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 642). Prononc. et Orth.: [valtɑ:j], [-aj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Av. 1573 « ensemble des valets, des domestiques » (L'Hospital, Reformat. de la Just., 5epart. [V, 63] ds Hug.), qualifié de ,,nom de mespris`` par Nicot 1606; 2. 1806 « personne de caractère servile » (Courier, loc. cit.). Dér. de valet*; suff. -aille*. Fréq. abs. littér.: 49. |