| VALABLE, adj. A. − Qui remplit les conditions requises pour être accepté par une autorité. Synon. valide; anton. (pour les documents temporaires) nul, périmé.Billet, carte, certificat, permis, ticket valable. Tirant un passeport de son tiroir: − Bon, dit-il, il est encore valable pour deux mois (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 603).Pour savoir si un baptême est valable et produira ses conséquences, c'est-à-dire la sanctification, il faut considérer qui le donne et non qui le reçoit (A. France, Île ping., 1908, p. 42). − En partic. Qui remplit les conditions pour pouvoir être accepté, être pris en considération par une autorité judiciaire. Acte, contrat, quittance valable; testament, donation toujours valable; vente qui reste valable. Tout acte de donation d'effets mobiliers ne sera valable que pour les effets dont un état estimatif, signé du donateur et du donataire, ou de ceux qui acceptent pour lui, aura été annexé à la minute de la donation (Code civil, 1804, art. 948, p. 172).M. Alphonse Humbert a eu dans cette affaire Dreyfus-Esterhazy une attitude qui est exactement le contraire de la mienne. À ses yeux, le verdict du Conseil de guerre est valable, même s'il a été rendu, contrairement à la loi, sur des pièces que ni l'accusé ni son défenseur n'ont été admis à discuter (Clemenceau, Iniquité, 1899, p. 67). B. − Qui a un fondement accepté et reconnu, qui est vraisemblable. Synon. acceptable, admissible.Explication valable; donner un motif valable. Le contrôleur est entré dans mon compartiment, il me regarde, moins sévère qu'autrefois: en fait il ne demande qu'à s'en aller, qu'à me laisser finir le voyage en paix; que je lui donne une excuse valable, n'importe laquelle, il s'en contentera (Sartre, Mots, 1964, p. 211). − P. ext. Solide, sérieux. Synon. recevable.Donner une objection, une preuve valable. Fournir un argument valable de l'immoralité des femmes (Proust, Fugit., 1922, p. 523). C. − Qui a un effet, une valeur dans certains cas, pour certaines personnes. Interdiction valable pour tout le monde; postulat exclusivement valable dans l'ordre de la science. Les lois de la nature peuvent être valables jusqu'à une certaine limite, passée laquelle elles se retournent contre elles-mêmes pour faire naître l'absurde (Camus, Sisyphe, 1942, p. 56). D. − 1. [En parlant d'une chose] Qui a des qualités, qui est digne d'être apprécié, estimé. Roman valable; sentiment valable. L'incapacité des gens du monde à porter un jugement valable sur les choses de l'esprit et leur propension à s'attacher dans cet ordre à de faux-semblants (Proust, Fugit., 1922, p. 607).Et je défie qu'on me montre ici un spectacle valable, et valable dans le sens suprême du théâtre, depuis les derniers grands mélodrames romantiques, c'est-à-dire depuis cent ans (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 91). 2. [En parlant d'une pers., d'une collectivité] Synon. de valeur.Écrivain valable. Plus tôt l'opposition manifestera nettement son accord sur un candidat unique valable, plus elle donnera à celui-ci des chances de succès (Le Monde, 11 déc. 1963ds Gilb. 1980). ♦ Interlocuteur* valable. Rem. Certains grammairiens condamnent cet empl. de valable, bien qu'il soit fréq. dans l'usage contemp. Gilb. 1980 relève, p. ex.: convention valable, cours de rattrapage valables, moteur valable, production valable. Prononc. et Orth.: [valabl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1250 valable « qui est dans les formes requises pour être reçu en justice ou ailleurs légitimement » (Assises de Jérusalem, éd. A. Beugnot, 137); 1345 vaillable « id. » (Arch. JJ 75, fo226 vods Gdf.); b) 1395 vaillable « autorisé » (doc. de Tournai, ibid.); 2. a) 1342 valavle « qui vaut ou rapporte une certaine somme » (ibid., s.v. valable); 1385-96 valable « id. » (Eustache Deschamps, Le Miroir de mariage, LIX ds
Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 9, p. 201, 6151); xves. vaillable « id. » (Chron. des Pays-Bas, de France, etc., Rec. des Chr. de Fland., III, 290, Chron. belg. ds Gdf.); b) 1515 vaillable « de grande valeur » (Gringore, Folles Entreprises, I, 90 ds Hug.); 3. 1399 valable « qui a du mérite (en parlant d'une personne) » (Christine de Pisan, L'Épistre au Dieu D'Amours, 272 ds
Œuvres, éd. M. Roy, t. 2, p. 9). Dér. de valoir*; suff. -able*. Fréq. abs. littér.: 585. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 338, b) 214; xxes.: a) 438, b) 1 820. DÉR. Valablement, adv.a) Dr. De façon à être accepté par une autorité juridique. Synon. validement.Les femmes mariées ne peuvent pas valablement accepter une succession sans l'autorisation de leur mari ou de justice, conformément aux dispositions du chapitre VI du titre du mariage (Code civil, 1804, art. 776, p. 142).b) De façon fondée. Est-ce que le séjour en province vous détériore au point de croire qu'on devient un grand artiste, et que ce titre ne peut être valablement décerné qu'aux individus qui ont produit des œuvres d'un certain confort ou de dimensions prévues? (Bloy, Journal, 1894, p. 160).c) D'une manière efficace. Comment admettre que la méthode dialectique ne puisse s'appliquer valablement qu'à la résolution des problèmes sociaux? (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 115).− [valabləmã]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1resattest. fin xiies. vaillaulement « d'une façon parfaite, convenable » (Sermons St Grégoire sur Ezéchiel, éd. K. Hofmann, p. 33), xves. [date du ms.] valablement « vaillamment » (Courcy, Hist. de Grèce, Ars. 3689, fo182b ds Gdf.), attest. isolée, ca 1450 vaillablement « de manière à ce que la chose puisse être reçue en justice; dans les formes requises (Monstrelet, Chronique, II, 5 ds Littré); de valable, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 33. BBG. − Verreault (Cl.). Les Adj. en -able en franco-québécois. Trav. de ling. québécoise 3. Québec, 1979, p. 193. |