| * Dans l'article "VAGUE3,, subst. fém." VAGUE3, subst. fém. A. − Mouvement ondulatoire qui apparaît à la surface d'une étendue liquide sous l'action du vent ou d'autres facteurs. Vague blanche, déferlante, effrayante, énorme, forte, grande, menaçante, noire, petite, puissante; vague de fond; bruit, clapotis, crête, écume, moutonnement, murmure des vagues; vague qui arrive, se dresse, s'élève, engloutit, se soulève, submerge. Une rive ainsi appelle, pour se rafraîchir, l'épanchement des vagues de la mer, et les vagues se succèdent éternellement. L'une après l'autre s'use (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 515).À peine sait-il encore si l'hirondelle à tire-d'aile est l'oiseau des étangs de Combourg (...), celui qui voletait autour de la voile d'un exilé volontaire bercé par les vagues du lac de Lugano (Durry, Nerval, 1956, p. 75). − OCÉANOGR. ,,Système ou train d'ondes progressives à mouvement oscillatoire dessinant des crêtes et des creux qui affectent la surface de la mer`` (George 1984). Vagues forcées, libres, océaniques, perpendiculaires; vagues d'arrivée, de retour; déferlement des vagues. On est effrayé par la solidité qu'il faudrait donner aux installations utilisant cette énergie [de la mer déchaînée], pour leur permettre de résister victorieusement aux chocs répétés des vagues de tempête (Romanovsky, Mer, source én., 1950, p. 16). − P. méton., littér., sing. coll. La vague. Surface de la mer en mouvement; flot. Ton fin sommeil se noue et ta bouche se fronce Quand se perd ton bel œil sur une mer de toits. Un gars bien balancé par la vague et le vent Dans sa gueule ébréchée où je voyais souvent S'entortiller la pipe à mes jupes de femmes Ce gars passait terrible au milieu d'oriflammes (Genet, Poèmes, 1948, p. 60). − P. métaph. (Être au) creux* de la vague. B. − Au fig. ou p. anal. 1. Phénomène qui naît, s'amplifie et retombe selon un mouvement qui rappelle celui des vagues. Vagues d'applaudissements, de protestations, de tendresse; vagues de la passion. La vague de douleur se retira, emportant avec elle la volonté qui lui avait été opposée, et ne laissa que la souffrance ensommeillée, à l'affût (Malraux, Voie roy., 1930, p. 227).Au matin, les concierges trouvaient des nouveaux-nés dans tous les ascenseurs. Bien plus, une vague de sentimentalité, d'un ordre nouveau, déferla sur la France (Aymé, Puits, 1932, p. 112). ♦ Vague de fond. Déferlement de forces irrésistibles qui prennent naissance loin dans le temps et dans l'espace. Synon. lame* de fond, raz* de marée.J'ai été mêlé si fort à quantité de choses qu'il m'en tombe de la mémoire, et pas une, cinquante. Une vague de fond me les remonte à la surface, avec, comme dit la Bible, tout ce qu'il y a dedans (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 175). ♦ Fam. Faire des vagues. Choquer, scandaliser. (Dict. xixeet xxes.). Ne pas faire de vagues, ou p. ell., pas de vagues! Éviter tout éclat, toute prise de position choquante. Dans un domaine qui peut être ressenti (à tort) comme inattendu par les inconditionnels du son et les fans de l'image, la Fnac intervient ainsi. Pour « déverrouiller », là encore, une profession où l'on veillait à ne surtout pas « faire de vagues » (L'Express, 28 août 1972, p. 5, col. 3). 2. Grand nombre d'hommes ou d'animaux qui déferlent en un même lieu à un même moment. Vagues d'immigrants. Magnifiquement lui-même dans ce décor de soutanes, dont la moire épuise toutes les nuances du violet, le défenseur de la foi considère, d'une prunelle affaiblie, son innombrable famille qui ne cesse maintenant d'affluer, qui vient respectueusement déferler, vague par vague, aux pieds de son fauteuil (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 236). − [Durant la première Guerre mondiale] Vague d'assaut. Ensemble des soldats de première ligne qui partaient en masse à l'assaut des positions ennemies qu'ils essayaient de submerger sous leur nombre et par la soudaineté de leur attaque. Devant notre feu les vagues d'assaut refluent, mais avec les prisonniers que leur a laissé notre première ligne débordée (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 81). 3. Mouvement d'idées qui se répandent à un même moment. Vague rose, verte. [Watts] condamne le béton, les villes livrées à l'automobile, il chante la nature. Il annonce avec une quinzaine d'années d'avance la vague écologique (L'Express, 28 mars 1977, p. 41, col. 1). − La nouvelle vague. La dernière génération dans ce qu'elle a de novateur dans ses modes de vivre et de penser, dans les tendances qu'elle exprime notamment en art et en littérature. Qu'il faut peu de temps à la nouvelle vague pour n'être plus si nouvelle! Une autre se gonfle et déjà vous presse. Vous laisserez-vous recouvrir? L'important est de survivre à tous ces brillants papillons (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1960, p. 340). ♦ En partic. Les créateurs du cinéma, de la littérature de la fin des années 50. La révolution de l'écriture cinématographique qui se fait ainsi intéresse les producteurs, parce que le coût des films en est notablement diminué. On misera donc sur la « nouvelle vague », quitte à ce qu'elle soit, par la suite, une incitation à l'amateurisme, à l'à-peu-près, aux bredouillements d'un cinéma d'auteurs qui n'ont pas réellement compris la démarche de Truffaut, Godard, Chabrol, Resnais, Rivette, Rohmer, Demy, Agnès Varda et quelques autres (Le Monde aujourd'hui, 18-19 août 1985, p. IV, col. 2). C. − P. anal. 1. Vaste étendue ondulée. Vagues d'un champ de blé, d'un désert de sable. Assis sur le bord du fossé, et les yeux perdus devant lui, il regarde longtemps, sans les voir, les grandes vagues de blé qui ondoient à l'infini, les villages enclos dans leur ceinture d'acacias (Tharaud, Ombre de la Croix, 1917, p. 190).J'ai traversé l'Atlas, les hauts plateaux et le désert (...) et les vagues de sable pendant des centaines de kilomètres, échevelées, avançant puis reculant sous le vent (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1580). − Spécialement ♦ ARCHIT. Motif décoratif représentant la ligne ondée des vagues. (Dict. xxes.). ♦ COIFF. Large ondulation de la chevelure. Il regarde (...) ces cheveux en vague argentée (Colette, Ingénue libert., 1909, p. 246). 2. SPORTS ATHL. Dans le lancer du disque, mouvement particulier du bras du lanceur dans un style dit en vague (d'apr. Petiot 1982). ÉDUC. PHYS. ,,Dosage du travail en plein air réalisé par la formation de groupes homogènes appelés vagues`` (Petiot 1982). 3. Phénomène physique qui se déclenche brusquement et se propage. Vague de gaz, de parfum. Ma chambre est au troisième étage. Les vagues de sons montent du premier; il faut aller voir (Gide, Si le grain, 1924, p. 361). − MÉTÉOR. Vague de chaleur, de froid. Remarqué bien des fois l'aspect singulier que prend un appartement pendant une vague de chaleur. Il y a un air de désastre dans toutes les pièces, quelque chose d'indéfinissable, comme si la scène était prête pour une catastrophe (Green, Journal, 1943, p. 50).Si seulement ce voyage avec Henriette n'avait pas eu lieu ainsi stupidement en plein hiver, en pleine vague de froid (Butor, Modif., 1957, p. 124). REM. Vagueux, -euse, adj.[En parlant d'une surface liquide] Où se forment des vagues. Papier ornementé (...) avec son en-tête représentant une mer toute vagueuse, chargée de vaisseaux, une mer aux vagues ayant l'air d'une illustration (Proust, Temps retr., 1922, p. 710).P. anal. Qui ondule. Des allégories aux robes fluides et vagueuses (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 165). Prononc. et Orth.: [vag]. Homon. et homogr. vague1, 2, 4. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1155 « inégalité de la surface d'une étendue liquide » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2484); b) 1749 sing. coll. la vague « mouvement de la surface de l'eau » (Buffon, Hist. et théorie de la Terre ds Hist. nat., t. 1, p. 84); 2. a) 1775 « surface horizontale d'une certaine étendue agitée d'un mouvement ondulatoire dû au vent » (Voltaire, Hist. de Jenni ds Romans et contes, éd. H. Bénac, p. 531); b) 1842 « large ondulation de la chevelure » (Balzac, Mém. jeunes mariées, p. 169); c) 1842 « ligne ondulée figurant des vagues et servant de motif décoratif » (Ac. Compl.); 3. a) 1830 « phénomène qui naît, s'enfle et retombe comme une vague » (Lamart., Harm., p. 329); b) 1909 « phénomène physique qui se déclenche brusquement et qui envahit un lieu » (E. de Martonne, Traité de géogr. physique, pp. 201-202 ds Quem. DDL t. 30, s.v. cold wave); c) 1913 « déclenchement brusque d'un comportement » (Martin du G., J. Barois, p. 373); d) 1964 « difficulté, scandale » (Rob.); 4. a) 1892 « masse importante de personnes qui déferlent en un lieu » (Zola, Débâcle, p. 234); b) 1916 vague d'assaut (Barbusse, Feu, p. 377); c) 1957 la nouvelle vague « la dernière génération » (L'Express, 23 août ds Gilb. 1980); 1958 cin. (Le Monde, 9 nov. ds Gilb. 1971). De l'a. scand. v gr « mer », cf. aussi le m. néerl. wage, m. h. all. wâge « vague ». Fréq. abs. littér.: 2 858. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 941, b) 4 485; xxes.: a) 4 594, b) 3 616. DÉR. Vaguette, subst. fém.Synon. rare de vaguelette.La mer (...) semblait assister, recueillie, au baptême de sa nacelle, roulant à peine, avec un tout petit bruit de râteau grattant le galet, des vaguettes hautes comme le doigt (Maupass., Une Vie, 1883, p. 43).P. anal. De temps en temps, la brise de la mer, soulevant les flasques vêtements des femmes immobiles et comme endormies, faisait courir sur le modelage des deux corps (...) de petites vaguettes d'étoffes (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 2).− [vagεt]. − 1reattest. 1879 (Id., Zemganno, p. 20); de vague3, suff. -ette (v. -et). BBG. − Hasselrot 20es. 1972, p. 62 (s.v. vaguette). − Monléon (M.-M. de). Dossiers de mots... Néol. Marche 1979, no15, p. 89. − Quem. DDL t. 15, 16, 27, 36. |