| USURE1, subst. fém. A. − Vx ou rare. Intérêt que produit l'argent prêté. L'usure est portée à dix pour cent. Une autre question (...) est celle de l'usure ou du prêt à intérêt. L'usure, ou comme qui dirait le prix de l'usage, est l'émolument, de quelque nature qu'il soit, que le propriétaire retire de la prestation de sa chose (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 130). B. − 1. Taux d'intérêt abusif, obtenu d'un capital prêté ou d'une marchandise vendue à crédit au-dessus du taux fixé par la coutume ou la loi. Emprunter à l'usure. Changeurs d'or et d'argent bien munis de faux poids (...) et force grippe-sous prêtant à grande usure (Leconte de Lisle, Poèmes barb., 1878, p. 343).Dans les pays où l'argent est rare (...) l'intérêt tend à être élevé et parfois le taux couramment admis se rapproche de l'usure (Birou1966). 2. Fait de prêter de l'argent à un taux d'intérêt supérieur à la coutume ou la loi. Pratiquer l'usure. [Magus] le dressait à faire l'usure dans le quartier (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 132).C'est un spéculateur, un maître en fait d'emprunt, et de prêt et d'usure et de bon placement, car c'est le seul banquier qui prête à cent pour un (Péguy, Ève, 1913, p. 765). − DR. Délit consistant à stipuler, dans un prêt d'argent, un intérêt dont le taux effectif dépasse de plus de moitié le taux moyen pratiqué dans les mêmes conditions pour des opérations de crédit comportant les mêmes risques. L'usure est un délit passible d'amende et au cas de récidive, d'emprisonnement (Cap.1936). 3. Vx, rare. Fait d'emprunter à un usurier. La terre lui rapporte deux, l'usure demande huit (...). Chaque année d'intérêt enlève quatre années de travail (Michelet, Peuple, 1846, p. 61). C. − Loc. fig. Avec usure. Au delà de ce qu'on a reçu. Mon confrère, ajouta-t-il en me faisant un salut que je lui rendis avec usure, vous a indiqué la bonne route (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 252).[Christophe] se trouva soudain d'une richesse en ennemis qu'il n'eût jamais soupçonnée. Tous ceux qu'il avait blessés (...) se vengèrent avec usure (Rolland, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 500). REM. Usurer, verbe intrans.,vx. Prêter à usure. Il leur est défendu [aux Juifs] de posséder des terres, et en Russie, de les affermer; ils ne peuvent que commercer et usurer, et ils usurent, et ils commercent, que c'est une bénédiction (Balzac,
Œuvres div., t. 3, 1847, p. 667). Prononc. et Orth.: [yzy:ʀ]. Homon. et homogr. usure2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1140 (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 6066), se restreint au sens péj. de « intérêt perçu au delà du taux légal ou habituel » 1656 (Pascal, 8eProvinciale, 28 mai, éd. Lafuma, p. 403b), v. aussi Rich. 1680 et Fur. 1690. Du lat. usura « intérêt de l'argent » et « usage du capital prêté, jouissance de l'argent sans intérêt » formé sur la forme du parfait usus de utor « se servir de ». Bbg. Wartburg (W. von). Glanures étymol. R. Ling. rom. 1960, t. 24, pp. 294-295. |