| UNIVERSITÉ, subst. fém. A. − HIST. Institution ecclésiastique jouissant de privilèges royaux et pontificaux, qui était chargée de l'enseignement secondaire et supérieur. [Le duc de Bourgogne] fit convoquer une grande assemblée des princes, des prélats, des conseillers du roi, de l'Université et des principaux de la bourgeoisie (Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1824, p. 373).L'Église moderne et ses infatigables travailleurs, depuis les Jésuites (...) jusqu'aux créateurs, fondateurs et metteurs en œuvre des universités, collèges, séminaires (Verlaine,
Œuvres posth., t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 72).Au début du XVIes., l'Église romaine continue d'enseigner les peuples d'Occident par l'intermédiaire des Universités (DLF 16e). ♦ Chancelier* d'Université. Recteur de l'Université. V. recteur1C 1. ♦ Université impériale. Institution fondée par Napoléon Bonaparte en vue de créer une unité spirituelle au sein de l'enseignement, garante d'une unité politique, et capable de faire face à l'autorité de l'Église. Le décret du 17 mars 1808 faisait de l'Université impériale une organisation de l'enseignement autonome (Demn.-Fourm.Enseign.1981). B. − 1. Institution d'enseignement supérieur et de recherche constitué par divers établissements (collèges, facultés, etc.) et formant un ensemble administratif. L'Université catholique de Paris, de Lille; l'Université d'Oxford, de Cambridge, de Harvard; grande, petite université; ville d'université; nombre d'enseignants, d'étudiants d'une université; association, groupement d'universités; l'Association des Universités Entièrement ou Partiellement de Langue Française (AUPELF). Université d'État; l'Université Libre de Bruxelles; l'Université Libre de Lyon (Ac. 1935). Les universités anglaises ont singulièrement contribué à répandre parmi les Anglais cette connoissance des langues et de la littérature ancienne (Staël, Allemagne, t. 1, 1810, p. 246).Coopération universitaire internationale, notamment avec les Universités partiellement ou entièrement de langue française (Loi orient. Enseign. sup., 1968, p. 4). 2. [En France] a) Établissement public de l'enseignement supérieur, constitué par un ensemble de facultés et, depuis 1968, d'unités d'enseignement et de recherche, puis de formation et de recherche regroupées dans une même circonscription administrative, au sein d'une même académie. Docteur, thèse d'université; Université de Paris-Sorbonne, de la Sorbonne Nouvelle; professeur d'université; président d'université; Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l'Université de Strasbourg. Mes frères comptaient bien qu'on me nommerait professeur à l'université dès mon retour d'Athènes (About, Roi mont., 1857, p. 9).Les grandes écoles d'une part, les industries d'autre part (...) entrent (...) en concurrence avec l'Université et le CNRS (Pédag.1972).V. doctorat A ex. de Encyclop. éduc., 1960, p. 230. ♦ Conseil d'université. Conseil formé d'un ensemble de membres élus, représentant les enseignants, les étudiants, le personnel administratif, ainsi que de personnalités extérieures, chargé de veiller à la gestion et au fonctionnement d'une université. Les enseignants et les étudiants représentant les Universités et les établissements à caractère scientifique et culturel (...) sont élus (...) par les enseignants et par les étudiants membres des conseils d'Université (Loi orient. Enseign. sup., 1968, p. 7). b) P. anal. ♦ Université populaire. ,,Association éducative ayant pour objet d'apporter aux adultes des milieux populaires un complément d'instruction générale, de les aider à développer leur raison critique et de susciter solidarité et coopération entre universitaires, étudiants et ouvriers`` (Éduc. 1979). Après avoir cru d'abord à la rénovation du peuple par l'élite, après avoir fondé des Universités Populaires et y avoir dépensé beaucoup de temps et d'argent, ils [des jeunes bourgeois] avaient constaté l'échec de leurs efforts (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1266).En 1902, il existait 47 Universités Populaires à Paris, 48 en banlieue et autant en province (Demn.-Fourm.Enseign.1981). ♦ Université du troisième âge. ,,Regroupement de personnes ayant généralement cinquante-cinq ans et plus, associé à une université pour avoir des activités conformes à leurs demandes`` (Éduc. 1979). On peut prévoir que les « universités du troisième âge » resteront un des éléments fondamentaux de l'éducation permanente à l'Université (Éduc.1979).P. anal. Université inter-âges, interâges. Renouant avec la tradition du cours public, la Sorbonne a créé une université inter-âges (Le Nouvel Observateur, 21 nov. 1981, p. 74, col. 2). c) POL. Université d'été. Rassemblement de militants et de responsables d'un mouvement politique, réunis, pendant quelques jours, pour l'étude organisée de certaines questions. Clôturant l'université d'été des jeunes démocrates sociaux, le président du CDS (...) a révélé la teneur de ce document (Le Monde, 4-5 sept. 1988, p. 6, col. 5). C. − P. méton. 1. Le milieu, les membres de l'enseignement supérieur. Voyez le mouvement qui s'est produit dans l'Université, c'est-à-dire dans un milieu où le développement de la culture mentale favorise le plus la liberté des jugements (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 102). 2. Corps des maîtres de l'enseignement public. Être rattaché à, détaché de l'Université; agrégé de l'Université. J'avais l'honneur d'appartenir à l'Université de France, et, depuis longtemps, je portais avec un zèle exemplaire la robe et la toque (Taine, Notes Paris, 1867, p. 335).Il demanda à rentrer dans l'Université. Il ne pouvait plus espérer, pour l'instant, qu'un poste médiocre dans un lycée de province (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1125). 3. Bâtiment, ensemble des bâtiments abritant l'institution qu'est l'université. Aller à l'université; les amphithéâtres de l'université. Nous visitâmes la célèbre et riche Université d'Harward où je reçus, pour la troisième fois, le titre de docteur en droit (Joffre, Mém., t. 2, 1931, p. 461). Prononc. et Orth.: [ynivε
ʀsite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1214 « communauté, corporation, assemblée » (Ms PARIS B.N. Coll. de Lorraine 975, no322a, éd. par N. de Wailly ds Notices et extraits des mss de la BN t. 28, 2epart., p. 15: Symons li maistres eschaivins et toute li univerciteit de lai citeit de Més; p. 16: nous avons fait ces presentes lettres dou saiel de l'univerciteit wernir); 2. xiiies. « totalité, universalité » (Vie de St François d'Assise, ms. Paris Maz. 1742 [mil. xiiies., anc. cote: 1351], fo4ads Gdf.: tout universitet de bon crestiens); 3. a) 1246 « corporation des maîtres et des étudiants » (Chartularium Universitatis Parisiensis, éd. H. Denifle et E. Chatelain, no153, p. 189 ds G. Hilder, Der scholastische Wortschatz bei Jean de Meun, p. 165: nos mandons a vostre université); ca 1270 (Pierre D'Abernun, Vie de Saint Richard, éd. A. T. Baker, 507, ibid., p. 64: de tute l'université); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 11464: l'acort de l'Université); b) 1806 « en France, corps des maîtres de l'enseignement public des divers degrés » (Décret du 10 mai 1806 ds B. des Lois de l'Empire fr., Paris, 4esérie, t. 4, juin 1806, p. 527: Art. 1er. Il sera formé, sous le nom d'Université impériale, un corps chargé exclusivement de l'enseignement et de l'éducation publics dans tout l'Empire); 4. a) ca 1255 « établissement d'enseignement (secondaire et) supérieur » (Rutebeuf, La discorde de l'Université et des Jacobins, 24 ds
Œuvres complètes, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 239: par lor grant chape roonde Ont versé l'Université); ca 1270 (Pierre D'Abernun, Le Secré de Secrez, éd. O. A. Beckerlegge, 1158: Universitez apparaillez, Estudie en citez establiez); b) 1899 universités populaires (Ch. Gide, Revue Emancipation, nov., p. 166 ds B. Cacérès, Hist. de l'éduc. pop., éd. du Seuil, 1964, p. 59 [communiqué par M. Tournier]: l'idée qui a conduit au mouvement des Universités populaires); c) 1978 université du troisième âge (R. Lepelley ds R. Ling. rom. t. 42, p. 384: l'Université du 3eÂge de Basse-Normandie). Empr. au lat. class.universitas (dér. de universus, v. univers) « universalité, totalité, ensemble; ensemble des choses, univers », b. lat. « corps, compagnie, corporation, communauté », lat. médiév. « toute collectivité religieuse, politique, sociale ou professionnelle (p. ex. chapitre d'une abbaye, ensemble des habitants d'une ville, société d'artisans ou de marchands) » (au xiies. et surtout au xiiies., cf. O. Weijers, Terminol. des universités au XIIIes., Rome, 1987, pp. 23-26), puis, par spécialisation d'empl. universitas magistrorum « corporation des maîtres (ici, ceux de l'université de Paris) » (1208-09 Lettre d'Innocent III ds Chartularium Universitatis Parisiensis, éd. H. Denifle et E. Chatelain, t. 1, no8 ds O. Weijers, op. cit., p. 18); universitas magistrorum et scolarium « corporation des maîtres et des étudiants » (1215 Statuts du légat Robert de Courçon ds Chartularium... t. 1, no20, ibid.) et en empl. abs. universitas même sens (1219, Chartularium... t. 1, no31, ibid., p. 21). Aux sens 4 b et c: la première Université populaire a été créée à Paris en 1898 par Georges Deherme et une Société des Universités populaires fondée le 12 mars 1898 par G. Séailles, H. Michel et G. Deherme (d'apr. B. Cacérès, op. cit., p. 54). La première Université du troisième âge a été créée à Toulouse en 1973 par le Professeur P. Vellas (d'apr. Éduc. 1979). Fréq. abs. littér. : 1 405. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 536, b) 944; xxes.: a) 1 646, b) 2 314. Bbg. Auba (J.). Cf. bbg université. |