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UNISSON, subst. masc.
A. − MUSIQUE
1. Intervalle nul qui caractérise deux notes émises à la même hauteur par plusieurs voix ou par plusieurs instruments au même moment. L'unisson des voix est l'accord le plus simple; c'est aussi le plus puissant; mais c'est aussi peut-être le plus difficile. L'oreille a de la complaisance à l'égard des parties qui se séparent, se retrouvent et jouent; elle n'en peut avoir pour l'unisson, car l'unisson est plat et faible s'il n'est plus plein et riche que tout accord (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 117).Le mi naturel aigu est dangereux et le fa n'est guère possible qu'en unisson avec les ténors, et dans une nuance forte (Potiron, Mus. église, 1945, p. 43).
Loc. adv. À l'unisson. À la même hauteur dans l'échelle des sons. Chanter, jouer à l'unisson. Le musicien le moins exercé s'aperçoit facilement d'une note omise au milieu de plusieurs doubles croches, fussent-elles à l'unisson (Laennec, Auscult., t. 2, 1819, p. 195).
2. P. anal. Intervalle qui caractérise deux notes émises à l'octave par plusieurs voix (p. ex. voix d'hommes et voix de femmes) ou plusieurs instruments (p. ex. violon et violoncelle) au même moment. De toutes les voix, scandé par les pas de géant des cordes et de l'orgue à l'unisson (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 376).
B. − Au fig. Accord de pensées, de sentiments. Synon. entente, harmonie, sympathie, union.Il y a un tel unisson de votre âme à la mienne que je retrouve dans ces pages écrites par vous en prison toutes mes paroles de la mêlée et du combat (Hugo, Corresp., 1851, p. 33).Cette patrie perdue, les musiciens ne se la rappellent pas, mais chacun d'eux reste toujours inconsciemment accordé en un certain unisson avec elle (Proust, Prisonn., 1922, p. 257).
Loc. adv. À l'unisson
D'une manière unanime. Applaudir à l'unisson (Lar. Lang. fr.).
En parfait accord. On écoutait plus volontiers qu'on ne parlait, parce qu'on était tous à l'unisson, et que ce que disait l'un retentissait dans le cœur de l'autre, renforçait ses propres sentiments (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 200).
Loc. prép. À l'unisson de. En parfaite entente avec, en totale harmonie avec. Être à l'unisson de qqc./qqn. Il y a un singulier plaisir à tenir ses sentiments à l'unisson de ceux des hommes avec qui on vit (Bonstetten, Homme Midi, 1824, p. 57).Le cyclothyme est tourné vers l'extérieur et vibre à l'unisson de ceux qui l'entourent, il participe ardemment à la vie du groupe dont les fluctuations affectives trouvent en lui une résonnance immédiate (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 145).À l'unisson avec. Même sens. [Le chien] lui ramène le gibier (...) et cela sans autre secours verbal que certains cris ou certains mots du chasseur qui excitent l'instinct de l'animal et le mettent à l'unisson avec son intelligence (Broussais, Phrénol., leçon 17, 1836, p. 622).
Prononc. et Orth.: [ynisɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694 (ds Ac. 1694 s.v. son). Étymol. et Hist. 1. 1372-74 « consonnance formée des voix, des instruments qui font en même temps la même note » (Oresme, Politique, éd. A. D. Menut, p. 85, fol. 42b); d'où 1694 loc. adv. à l'unisson (Ac.); 2. 1588 [éd.] « conformité des sentiments » (Montaigne, Essais, III, 7, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 923); d'où a) 1730 loc. prép. à l'unisson de « en harmonie avec, en concordance avec » à l'unisson du bon sens (Du Marsais, Des Tropes, p. 34); cf. 1746 être à l'unisson de celui qui parle (Batteux, Les Beaux-Arts, p. 275); b) 1735 loc. adv. à l'unisson (Gresset, La Chartreuse, p. 7: on s'insulte à l'unisson). Empr. au lat. scolast.unisonus adj. « de son uniforme, monotone » (comp. de unus, v. un1* et de sonus, v. son2) att. au vies. (Boet., Mas., 4, 5 et 11 ds Blaise Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.: 219. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 313, b) 293; xxes.: a) 360, b) 285. Bbg. Gohin 1903, p. 369.