| UNANIMITÉ, subst. fém. A. − 1. Fait que des personnes réunies en groupe ou appartenant à une collectivité soient toutes du mêmes avis, aient toutes la même réaction devant un événement. J'aime cette unanimité des poètes contre nos hommes d'État politiques; savez-vous qu'à ce signe-là seul un gouvernement est jugé quand il a vous [V. Hugo], Chateaubriand, M. de Lamennais contre lui? (Sainte-Beuve, Corresp., t. 1, 1832, p. 304).Pratiquement donc la société comprend la totalité des auteurs. Cette unanimité fait sa force et par conséquent la force des auteurs en face des commerçants (Arts et litt., 1936, p. 88-3). − P. anal., littér. Accord général, harmonie. Arbres dépouillés, d'énormes vols de choucas ou de corneilles tournoient au-dessus de l'avenue et de la cour de la ferme. Admirable unanimité de tous les éléments de paysage, j'allais dire: de la symphonie! (Gide, Journal, 1933, p. 1151). 2. En partic. Fait que des personnes ayant à se prononcer sur une question ou à effectuer un choix soient toutes du même avis. Dans tout pays où vous verrez une assemblée d'hommes constamment d'accord, soyez sûr qu'il y a despotisme, ou que le despotisme sera le résultat de l'unanimité, s'il n'en est pas la cause (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 332). ♦ À l'unanimité. Avec l'accord de tous. Décision prise, votée à l'unanimité moins deux voix; élu à l'unanimité. L'Assemblée avait délibéré, à l'unanimité, que Louis était coupable, lorsque la question de l'appel au peuple fut posée (A. Mignet, Hist. de la Révolution fr., t. 1, 1875 [1824], p. 346).Sauf disposition expressément contraire du Pacte ou des clauses de tout autre acte dont il s'agit de faire application, les décisions du Conseil sont prises à l'unanimité des Membres de la Société représentés à la réunion (Conseil S.D.N., 1938, p. 107). B. − Caractère unanime d'une opinion, d'une réaction. Unanimité d'une protestation, d'un refus. Je pense que vous vous abusez sur l'unanimité du consentement de tous les Français en faveur de l'opinion que vous défendez (Delécluze, Journal, 1827, p. 410).Cette lecture [des journaux] ne lui apprenait rien qu'il ne sût déjà; mais l'unanimité de l'inquiétude rendait un son nouveau et dramatique (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 292). Prononc. et Orth.: [ynanimite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1374 « conformité d'opinion » (Oresme, Livre de Yconomique, éd. A. D. Menut, p. 843); 1770 à l'unanimité des voix (Raynal, Hist. philos. et pol., p. 34); 2. 1827 « caractère unanime d'une opinion » (Delécluze, loc. cit.); 1833 « caractère unanime de quelque chose » (Balzac, Méd. camp., p. 80: effrayante unanimité d'intonation). Empr. au lat.unanimitas « accord, harmonie, concorde » dér. de unanimus (v. unanime). Fréq. abs. littér.: 342. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 418, b) 357; xxes.: a) 600, b) 544. |