| UNANIME, adj. A. − [En parlant d'une pluralité de pers.] Qui expriment le même avis, qui sont en accord complet. Oui, cogne, appuyèrent unanimes les athlètes, assomme et fends! (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 331).Deux ermites, voisins de cellule, depuis quelque trente ans, vivent si unanimes qu'ils se demandent parfois comme il se peut faire qu'on ne soit pas toujours d'accord ici-bas (Bremond, Poés. pure, 1926, p. 70). − [Suivi d'un compl. prép. désignant ce qui fait l'objet du consensus] Il sait bien que la Commission était unanime en faveur de l'annulation du procès Dreyfus pour cause de communication de pièces secrètes aux juges (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 231).Les économistes sont unanimes à souhaiter cette amélioration de la qualité qui peut avoir des conséquences considérables sur ce qui concerne la santé publique (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 27). − Vx. Être unanime avec qqn. Être d'accord avec quelqu'un. J'avais en ces pays [suisses] un ami, un de ceux de qui l'on peut dire qu'ils sont unanimes avec nous, un autre moi-même (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 9, 1864, p. 16). B. − 1. [En parlant d'une opinion, d'un avis ou du moyen par lequel on manifeste cette opinion, cet avis] Qui est le fait de tous les participants. Applaudissements unanimes; approbation, rire, sentiment, vote unanime. Au moment où le cortège quitta la chaussée des moulins, il y eut un gémissement unanime mêlé de pleurs (Balzac, Lys, 1836, p. 313).Il quitta sa chaire et revint aux champs paternels. L'étonnement fut profond parmi ses pairs, le regret unanime parmi ses élèves (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p. 168). 2. HIST. LITTÉR. [Corresp. à unanimisme B] Qui est le fait de milieux humains, de collectivités qui partagent les mêmes valeurs. Notre âme personnelle aide les autres âmes à produire ces sentiments unanimes. Un coin de notre moi est donc occupé par des impressions, des douleurs, des joies qui ne se rapportent pas à notre être propre, et qui sont en nous comme l'écho ou le prolongement des émotions collectives (Romainsds Revue des poètes, 10 sept. 1905, p. 208 ds Cahiers Jules Romains, 3, 1979, p. 71). − Empl. subst. masc. Sentiment collectif propre à un milieu. Et les autres unanimes, le théâtre, la rue, la cité, ne sont-ils pas des fictions littéraires d'un genre inédit? (Romains, Les Sentiments unanimes et la poésieds Le Penseur, avr. 1905, pp. 121-124). Prononc. et Orth.: [ynanim]. Att ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 980 « qui est d'un commun accord (de personnes) » (Jonas, éd. G. de Poerck, p. 45), attest. isolée; 1467 (se déduit de l'existence du dér. unanimement* à cette date); 1480 (Mistère du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, I, p. 226, 5877); 2. 1534 par consentement unanime (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder, p. 274); 3. 1905, hist. littér. (J. Romains, Les Sentiments unanimes et la poésie ds Le Penseur, avr., pp. 121-124); 1905 empl. subst. (Id., ibid.); 1906 (Id. ds R. littér. de Paris et de Champagne: [le lyrisme traduira] les soubresauts de l'âme individuelle aux prises avec l'Unanime). Empr. au lat.unanimus « qui a les mêmes sentiments; qui vit en accord avec » comp. de unus « un seul » et animus « âme, esprit, cœur ». Fréq. abs. littér.: 632. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 882, b) 619; xxes.: a) 1 145, b) 914. DÉR. Unanimement, adv.D'une manière unanime, à l'unanimité. Notion unanimement acceptée. Pendant cette période [avant la IIIeRépublique], comme dans celle qui la suivra, la tendance est unanimement et résolument anti-féministe: il n'est même pas question du vote des femmes (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 78).− [ynanimmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. − 1reattest. 1467 (Archives législatives de la ville de Reims, t. 2, I, 998 ds Bartzsch, p. 45); de unanime, suff. -ment2*. − Fréq. abs. littér.: 155. BBG. − Pabst (W.). Der Angelus des n. Bewusstseins: zu Jules Romains. Arch. St. n. Spr. 1979, t. 216, pp. 314-327. |