| * Dans l'article "ULTIME,, adj." ULTIME, adj. A. − [Dans l'espace] Qui se trouve à l'endroit le plus éloigné qu'il soit possible d'atteindre, au point au delà duquel il n'y a plus rien. Synon. dernier, extrême.Les Andes étageaient leurs gradins de basalte, De porphyre, de grès, d'ardoise et de granit, Jusqu'à l'ultime assise où le roc qui finit Sous le linceul neigeux n'apparaît que par place (Heredia, Trophées, 1893, p. 201). − [P. réf. à l'ultima Thulé, la « dernière des terres »] Loin, plus loin, par delà les ultimes Thulés (Richepin, Paradis, 1894, p. 340). B. − [Dans le temps] Qui se situe à la fin d'un processus et qui le clôt. Synon. dernier, final.Ultime tentative; phase ultime d'une bataille. Je hasarderai une ultime démarche qui sera encore vaine, j'en suis sûr (Flaub., Corresp., 1879, p. 281).Il fallait, pourtant, agir et en finir. L'ultime décision fut prise. La tragédie allait commencer (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 156). − En partic. Qui se produit juste avant une issue irrémédiable. La délivrance ultime des captifs, à la dernière seconde, par les soldats qui arrivent en trombe, brandissant magnifiquement la bannière étoilée (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 179). ♦ À l'ultime moment, à l'ultime seconde. Il avait pu, à l'ultime seconde, et malgré la douleur de l'arrachement, retenir ses deux compagnons au bord du gouffre (Peyré, Matterhorn, 1939, p. 32).La tempête, il la surmonte juste, à la dernière vague. Le fauve, il le perce à l'ultime moment avant d'être déchiré lui-même (Giraudoux, Sodome, 1943, I, 2, p. 56). C. − Qui se situe après tous les éléments d'une série progressive et qui clôt une démonstration, un raisonnement. La médecine expérimentale est le terme ultime de la médecine scientifique (...) l'état scientifique le plus avancé de la médecine. C'est la science médicale arrivée à son entier développement, parvenue pour ainsi dire à son état scientifique adulte (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p. 36).Aujourd'hui, ce dernier élément, que nous avons poursuivi, ce résidu ultime de l'analyse, cette fine pointe du génie, je crois bien que c'est la certitude jumelle de pouvoir se créer soi-même en vue de l'œuvre devinée (Maurois, Dialog. commandement, 1924, p. 120). Rem. gén. Ultime n'est que rarement empl. en fonction d'attribut: Il fut pris de rejets de bile et il sut que les heures ou les jours qui venaient étaient ultimes (P. Quignard, Albucius, Paris, POL, 1990, p. 216). REM. 1. Ultimement, adv.,rare. En dernière analyse, en dernier lieu. Nos anticipations initiales sur la nature ultimement psychique de l'évolution (Teilhard de Ch., Phénom. hum., 1955, p. 159). 2. Ultimité, subst. fém.,rare. Caractère ultime (de quelque chose). L'ultimité de la mort, qui est la seule situation absolument vraie et crûment authentique de l'existence (Jankél., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 180). Prononc.: [yltim]. Étymol. et Hist. Ca 1223 les ultimes questions (Gautier de Coincy, Miracles ND, éd. V. F. Koenig, I Mir 11, 829); mil. du xves. ultime phaze (Lettre de Philippe ds P. Rickard, Chrestomathie de la lang. fr. au XVes., p. 113); ca 1475 point ultime (G. Chastellain, Ver. mal prise, p. 513 ds Gdf.); 1ertiers du xvies. jugement ultime (Fossetier, Cron. Marg., ms. Brux., 10509, fo105, ibid.). Empr. au lat.ultimus « dernier ». Ultime subit une éclipse au déb. du xviies. avant de réapparaître au xixes. (1832, Raymond). Fréq. abs. littér.: 329. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 39; xxes.: a) 374, b) 1 152. |