| TÊTIÈRE, subst. fém. A. − 1. Partie de la bride qui passe derrière les oreilles du cheval et qui soutient le mors. Des chevaux de race pure, les traînaient [les chars de guerre des jeunes princes de la famille royale], attelés deux à deux, en secouant leurs têtes empanachées de plumes rouges, ornées de têtières et de frontaux à bossettes de métal (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 222).Il fallait voir leur mule richement harnachée (...), la têtière enjolivée d'ornements de métal (Verne, Enf. cap. Grant, t. 1, 1868, p. 92). 2. Vx. Petit bonnet de nourrisson. (Dict. xixeet xxes.). 3. Garniture en guipure, crochet, filet ou mousseline brodée fixée au dossier d'un siège, d'un divan à l'endroit où repose la tête. La chambre de MmeDaigne est sale, mais coquette: il y a une armoire à glace, et un carré de moquette devant un fauteuil garni d'une têtière en frivolité (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1033).[Angélo] occupa sa pensée avec les têtières et les accoudoirs qui ornaient les fauteuils et les chaises. C'étaient des ouvrages de fils très fins faits au crochet avec un très grand soin, et représentant toute une végétation d'acanthes (Giono, Bonheur fou, 1957, p. 109). B. − Spécialement 1. MARINE a) Partie supérieure d'une voile carrée. Synon. envergure.Têtière d'envergure, de tente. Avec tous les rabans de têtière et tous les rabans de pointure qu'il put recueillir, il fit des ballots des menues épaves, liant les débris en faisceaux et les toiles en paquets (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 270). ♦ Ralingue de têtière. Ralingue supérieure qui s'applique contre la vergue. La ralingue de têtière ou d'envergure est celle par laquelle la voile est maintenue à sa vergue ou à sa draille (Galopin, Lang. mar., 1925, p. 66). b) Partie renforcée du point de drisse d'une grand-voile. (Dict. xxes.). 2. SERR. Platine étroite et mince d'une serrure, qui s'encastre dans l'épaisseur de la porte et au travers de laquelle passent le ou les pènes. (Dict. xixeet xxes.). 3. TYPOGR. Garniture placée en tête des pages lors de l'imposition d'une forme. Il faut bien distinguer d'abord dans les garnitures, ce que c'est que les bois de fond, ceux de marge, les têtières, les biseaux, les réglettes, qu'on met contre la barre du chassis, les garnitures des demi-formes ou autres petits billets (Momoro, Impr., 1793, p. 13). Prononc. et Orth.: [tεtjε:ʀ], [te-]. Ac. 1718: testiere; dep. 1740: têtière. Étymol. et Hist. 1. 1181-90 testiere « harnachement de la tête du cheval, auquel le mors et la bride sont attachés » (Chrétien de Troyes, Graal, éd. F. Lecoy, 5085); 2. a) déb. xvies. « bonnet des sots » (Recueil Trepperel ds Sotties, XV, 374, éd. Droz, t. 1, p. 333), a vécu dans certains parlers région. pour désigner différentes sortes de bonnets, capuches, coiffures (v. FEW t. 13, 1, p. 278b); b) 1680 « bonnet de toile que porte le nourrisson » (Rich.); 3. a) 1639 « garniture (de guipure, dentelle...) qui protège le haut du dossier d'un siège » (Gazette de France cité ds Havard); b) 1769 typogr. « garniture que l'on place en tête des pages à l'imposition » (Encyclop., Planches, t. 7, II, p. 3); c) α) 1771 mar. (Trév.: Tétière. Partie de la voile qui joint la vergue dans toute son étendue);
β) 1831 (Will.: Têtière. On nomme ainsi le bord supérieur d'une voile carrée, garnie de sa ralingue de faix et des œils-de-pie percés en dessous fort près, suivant toute la longueur de la ralingue); d) 1881 serr. (Chabot). Dér. de tête*; suff. -ière*. Fréq. abs. littér.: 11. |