| TÉNUITÉ, subst. fém. A. − Qualité de ce qui est ténu. Synon. délicatesse, finesse, minceur.L'extrême ténuité de particules; d'une extrême ténuité; un certain degré de ténuité. La petite rosace à jour percée au-dessus du portail était en particulier un chef-d'œuvre de ténuité et de grâce; on eût dit une étoile de dentelle (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 18).Les ramifications [des bronches] vont en décroissant jusqu'à ce que leur ténuité les rende imperceptibles (La Madelaine, Chant, 1852, p. 13). − [À propos d'une substance liquide] Ces fluides, que leur extrême ténuité ne nous permet, ni de voir, ni de retenir dans aucun vase (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 179).V. acrimonieux ex. 2. B. − Au fig. 1. Caractère de ce qui est à peine perceptible. En cette extrême ténuité des souvenirs, aux seuls poètes on peut demander des documents de psychologie raffinée (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 68).V. agacerie ex. 11, amenuisement ex. 5, gauchissure rem. s.v. gauchissement ex. de Camus. − [À propos d'un son] C'est très gentil d'avoir pensé à moi, répondit-elle alors d'une voix stupéfiante de ténuité et qui semblait sortir du bloc de sa figure, comme un filet d'eau d'une falaise (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 208). 2. Finesse. Ses jugements littéraires [de Joubert] étaient d'une ténuité, d'une subtilité et d'une élévation qui, aujourd'hui même, pourrait faire frémir les classiques de seconde main (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 136). Prononc. et Orth.: [tenɥite]. Ac. 1694, 1718: tenuité; dep. 1740: tenuité. Étymol. et Hist. Ca 1375 (N. Oresme, Le Livre du ciel et du monde, IV, 9, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 712). Empr. au lat.tenuitas « qualité de ce qui est mince, grêle, fin », dér. de tenuis (v. ténu). Ténuité a éliminé le dér. de l'a. fr. tenvre, tenvreté (ca 1280, Laurent, Somme, ms. Soissons, 210 [xives.], fo42d ds Gdf.). Fréq. abs. littér.: 51. |