| TURGESCENCE, subst. fém. A. − 1. PHYSIOL. Augmentation de volume d'un tissu ou d'un organe, provoquée notamment par une surabondance de sang dans les vaisseaux. Synon. érection, gonflement, intumescence, tumescence (dér. s.v. tumescent).Turgescence de la caroncule du dindon. La division du tissu cellulaire adipeux et des parties qui recouvrent la trachée, est rendue laborieuse par les mouvemens convulsifs de la respiration et par la turgescence des vaisseaux capillaires, qui laissent échapper une grande quantité de sang (Bretonneau, Inflamm. tissu muqueux, 1826, p. 309). − P. anal. Excroissance, œdème au niveau de la peau. Son visage est remarquable par un bout de nez très curieux comme morceau de chair accidenté de méplats, de turgescences, de ravines (Goncourt, Journal, 1883, p. 238). 2. BOT. État de gonflement des vacuoles d'une cellule végétale résultant d'un appel d'eau vers l'intérieur, par osmose, en milieu hypotonique (d'apr. Lend.-Delav. Biol. 1979). Les écimages tardifs, ou rognages (...) privent la plante de feuilles qui sont utiles à son assimilation chlorophyllienne, diminuent la transpiration, ce qui provoque un état de turgescence des tissus (Levadoux, Vigne, 1961, p. 58). B. − P. ext., littér. Gonflement. La vague, de plus en plus gonflée, devenait courte. La turgescence du flot indique un étranglement (Hugo, Homme qui rit, t. 1, 1869, p. 116). − P. métaph. En passant devant la fontaine Saint-Michel, devant ces monstres stupides qui sont en bas, je me rappelle le génie créateur de monstres de la Chine et du Japon. Quelle imagination dans le monstrueux! Quelle richesse, quelle turgescence, quelle poésie de l'horrible dans cette fantaisie animale! (Goncourt, Journal, 1862, p. 1155). Prononc. et Orth.: [tyʀ
ʒesɑ
̃:s], [-ʒ
εs(s)ɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1741 physiol. (E. Col de Vilars, Dict. fr.-lat. des termes de méd. et de chir., cité par R. Arveiller ds Mél. Wartburg. (W. von) t. 2, p. 269); 1814 turgescence de la bile (Nysten); b) 1874 bot. (J. Sachs, Traité de bot., trad. de l'all. par Ph. Van Tieghem, Paris, Savy, p. 917: turgescence des cellules); 2. 1801 fig. (Mercier Néol.: la Turgescence de ce poète, tout enflé de son succès théâtral). Empr. au lat. sc.turgescentia « exubérance » (1622 ds Latham), terme de méd. (1693, Blancard ds NED, s.v. turgescency); dér. de turgescens (turgescent*). Cf. angl. turgescence (1631 ds NED). Fréq. abs. littér.: 12. Bbg. François (A.). La Désinence « ance » dans le vocab. français... Genève; Lille, 1950, pp. 88-89. |