| TUF, subst. masc. GÉOL. Roche poreuse légère, souvent friable, formée de dépôts volcaniques ou calcaires. Tuf basaltique, siliceux. On rencontre partout des masses de tourbe d'une grande épaisseur, qui tremblent sous les pas du promeneur; la charpente de l'île est une roche basaltique, ou bien un tuf volcanique, à grain très fin [Îles Auckland] (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud, t. 9, 1846, p. 104).Même lorsque les sédiments calcaires ou siliceux sont chimiquement précipités, il faut remarquer qu'ils peuvent provenir de la dissolution de sédiments d'origine organique; c'est le cas, par exemple, des tufs, des travertins, produits des eaux pétrifiantes (Combaluzier, Introd. géol., 1961, p. 98).− AGRIC. ,,Sous-sol moins dur que la pierre, mais dans lequel la charrue ne peut pas pénétrer`` (Lar. encyclop.). − Au fig. Ce qui constitue le fond véritable ou l'élément originel de quelque chose. L'hystérie! Pourquoi ce mystère physiologique ne ferait-il pas le fond et le tuf d'une œuvre littéraire (Baudel., Art romant., MmeBovary, 1857, p. 447).Nous touchons là le tuf du régime, le secret que voilent les belles apparences, dites « luttes d'idées et nobles débats » (Barrès, Leurs fig., 1901, p. 47). REM. Tufeux, -euse, adj.,géol. Qui est relatif au tuf, qui en contient. Les objets provenant des fleuves et des lacs sont aussi habituellement caractérisés par un enduit tufeux (Mortillet, Préhist., 1883, p. 497). Prononc. et Orth.: [tyf]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1280 tufe « roche poreuse légère » (doc. ds Doc. en fr. des Arch. ang. de Naples, éd. A. de Boüard, t. 2, p. 75 d'apr. R. Arveiller ds Mél. J. Horrent, p. 13); 1415 (doc. ds Livre des Comptes de Th. du Marest, éd. P. Le Cacheux, p. 73); 2. 1544 désigne la couche constituée par cette roche (J. Martin, Trad. de l'Arcadie de Sannazar, fo132 vods Gdf. Compl.: Tuf est ce list de terre ferme sus lequel les massons ont coustume d'asseoir le fondement des edifices); 1691 au fig. (La Bruyère, Caractères ds
Œuvres, éd. G. Servois, t. 1, p. 331, De la Cour, 83: ils [certains courtisans] n'ont pas [...] deux pouces de profondeur; si vous les enfoncez, vous rencontrez le tuf). Empr. à l'ital.tufo, att. aux sens 1 et 2 dep. le xives. (P. de Crescenzi ds Tomm.-Bell.), prob. originaire de la Campanie (v. DEI et Rohlfs71), du lat. tofus « pierre poreuse et friable ». Voir FEW t. 13, 2, pp. 1b-2. Fréq. abs. littér.: 39. DÉR. 1. Tuffeau, tufau, subst. masc.,géol., constr. Craie mêlée de quartz et de mica, utilisée dans la construction. Tuffeau de Touraine; carrière de tuffeau. La maison (...) était bâtie en tuffeau blanc, couverte en ardoise et ornée de sculptures que la facilité de tailler le tuffeau permet de prodiguer sans trop de frais (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 748).Toutes ces pièces sont voûtées en matériaux légers, brique ou tufau (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 366).− [tyfo]. Att. ds Ac. dep. 1835. − 1resattest. 1430 tufel (doc. ds Livre des Comptes de Th. du Marest, éd. P. Le Cacheux, p. 160), 1470 tuffeau (doc. 23 févr. ds Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, éd. A. Lecoy de la Marche, p. 27, 81); de tuf, suff. -el, -eau*. 2. Tuf(f)ier, -ière,(Tufier, Tuffier) adj.Qui est de la nature du tuf, qui ressemble au tuf. Terre tufière (Plais.-Caill. 1958). Empl. subst. fém. Carrière de tuf. Des trous béants marquent les points où les hommes, sans restitution, ont prélevé des roches pour leurs usages, « sablières », « tuffières », « soufrières » (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 29).− [tyfje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) subst. 1407 tuffier « carrière de tuf » (lettre de rémission ds Du Cange, s.v. tuffosus), 1562 tuffiere « sol qui contient du tuf » (Du Pinet, Pline, XXX, 3, éd. 1566 ds Gdf.), b) adj. 1694 tuffier, -ière (Corneille); de tuf, suff. -ier*. BBG. − Hope 1971, p. 51, 149. − Quem. DDL t. 22. − Vaganay (H.). Pour l'hist. du fr. mod. Rom. Forsch. 1913, t. 32, p. 177. − Wind 1928, p. 43, 146. |