| TRÉMIE, subst. fém. A. − Grand entonnoir de forme pyramidale ou conique, en bois, en métal ou en autres matières, employé essentiellement dans l'agriculture et l'industrie, et destiné à recueillir, à stocker ou à déverser divers types de matériaux qui doivent ensuite subir un traitement. La trémie, sorte de grande auge carrée, large du haut, étroite du bas, qui devait permettre aux grains de tomber sur les meules (Verne, Île myst., 1874, p. 373).Le caissier verse dans un récipient les monnaies à trier. Un mouvement de va-et-vient disperse les pièces sur une trémie destinée à séparer les monnaies d'après leurs diamètres respectifs et à les faire glisser dans des cylindres différents (Pethoud, Organ. industr. et comm., 1931, p. 193).V. dégermeur rem. s.v. dégermer. SYNT. Trémie latérale, tronc-conique; trémie à double fermeture, à gradins, à obturateur, à treillis métallique; trémie de broyeur, de concasseur; trémie de chargement, de stockage, d'épandeur d'engrais, d'épurateur, de moulin, de sableuse; engreneurs à trémies. B. − P. anal. 1. BÂT. Trou pratiqué dans un plancher, un mur, et destiné à recevoir l'âtre d'une cheminée ou à faire passer un escalier, des conduits, etc. Trémies d'aération, d'aspiration de la fumée, des gaz. Constructions (...) assez épaisses pour que l'on y puisse réserver des trémies verticales, spacieuses, propres à recevoir des tuyaux de descente (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 50). 2. CHIM. Petite pyramide creuse résultant de la cristallisation du sel. Talus très étroits entre deux marais salants. Trop grande blancheur des trémies (Gide, Paludes, 1895, p. 95). 3. ÉLEV. Mangeoire à volatiles; petite auge garnie de trous dans laquelle on met des graines pour les oiseaux en cage, les faisans parqués, les animaux de basse-cour, etc. Trémie pour pigeons. Les deux côtés de cette boîte sont renfoncés en dedans pour laisser un vide (...), interrompu par de petits bâtons placés à distance égale, afin d'empêcher les oiseaux de répandre le grain au dehors lorsqu'ils vont manger. La trémie est fermée par un couvercle à rebord encharné de fil de fer (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 217). 4. URBAN., mod. Tranchée d'accès à un passage inférieur ou à un tunnel permettant la transition entre la surface et une partie souterraine. (Dict. xxes.). Prononc. et Orth.: [tʀemi]. Ac. 1694, 1718: tremie; dep. 1740: trémie. Étymol. et Hist. 1. Fin xies. judéo-fr. tremuie « trémie » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 141, no1024); 1234-40 tremuie « entonnoir à grain dans un moulin » (Laurent Wagon ds A. Scheler, Trouvères Belges, t. 2, p. 165, vers 80); 1530 tremye (Palsgr., p. 232a); 1680 tremie « mangeoire pour les pigeons » (Rich.); 2. 1412-13 constr. tremie « remplissage entre les pendants » (Arch. Aube, reg. 3 G 347 ds Gdf.); spéc. 1437 tremuye « vide réservé dans un plancher pour l'âtre de la cheminée » (Comptes de Nevers, CC 39, fo36 ro, A. Nevers ds Gdf. Compl.); spéc. 1972 trémie d'aération (Le Monde, 14 déc. ds Gilb. 1980). Du lat. trimodia, -ae « récipient ayant une capacité de trois muids » (de trimodius, -ii « mesure de trois muids », comp. de tres « trois » et modius « mesure », v. muid) et qui est devenu phonétiquement d'abord tremnie. Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Archit. 1972, p. 58. |