| TRUSTER, verbe trans. A. − S'emparer (par un trust, à la manière d'un trust) d'un marché, d'un secteur de l'économie; le contrôler, le monopoliser. Truster un marché. J'expédiais des contes à une maison d'édition qui trustait à l'époque l'industrie de la presse enfantine (sales mômes) (H. Bazin, Mort pt cheval, 1949, p. 192). B. − P. anal., fam. Accaparer quelque chose à son avantage; recevoir des avantages en nombre important. Truster des décorations, des bonnes notes. Des vrais potirons de radis!... Ah! comme ils en auraient jamais vu!... Mais je supprime d'un seul coup tous les petits radis! J'épure le marché! Je truste! J'accapare! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 555).Darlan serait l'élément qui, à la fois, trusterait et déshonorerait la libération (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 414). Prononc.: [tʀ
œste], (il) truste [tʀ
œst]. Étymol. et Hist. 1902 « accaparer, monopoliser » (Le Sourire, 13 sept., 10b ds Höfler Anglic.). Dér. de trust*; dés. -er. DÉR. Trusteur, subst. masc.a) Celui qui organise un trust, qui le dirige. Il se trouvait tantôt dans le bureau de Vallette, à parler avec Davray et Dumur de la politique française actuelle et de toute la sottise entêtée de Poincaré − sottise intéressée par-dessus le marché, Poincaré étant le représentant des intérêts du baron Empain et de je ne sais quels trusteurs de pétrole (Léautaud, Journal littér., 4, 1922, p. 42).b) P. anal., fam. Celui qui accapare quelque chose, qui accumule des avantages. Synon. accapareur, monopolisateur, trustard (région., rem. s.v. trust).Certain type d'agriculteur, (...) d'éleveur, gros trusteur de laitage, fabricant avisé de beurre et de fromage (L. Febvre, Français vus par Siegfried ou par Sieburg?[1932] ds Combats, 1953, p. 243).Edmond se pencha vers lui: « Qui est-ce? − Le vieux? Joseph Quesnel, l'oncle de Roger, le trusteur des taxis... » (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 276).− [tʀ
œstœ:ʀ]. − 1reattest. 1905 (P. Adam, Le Serpent noir, 43 ds Höfler Anglic.); de trust* et truster, suff. -eur2*. BBG. − Becker 1970, p. 73, 285, 326. − Dub. Dér. 1962, p. 56. |