| * Dans l'article "TRUC1,, subst. masc." TRUC1, subst. masc. I. A. − Fam. Façon d'agir qui requiert de l'habileté, de l'adresse. Synon. astuce, combine, stratagème.Comment! de la prudence? (...) Est-ce que les chiffres ne sont pas là et ne démontrent pas la progression constante de notre vente? (...) Le capital peut passer quinze fois (...). Ensuite, eh bien! ensuite, nous trouverons un truc pour le faire passer davantage (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 689).Un jour, on trouvera le truc pour acheter même le talent. On endormira les gens, on leur fera dans la tête une petite opération et on leur donnera du talent, de l'intelligence, tout ce qu'ils voudront (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 130). B. − 1. Moyen caché, dispositif, manipulation discrète qui permet de réussir un tour d'adresse, de créer une illusion. Synon. secret2.Tour de cartes dont personne n'a deviné le truc; trucs d'un illusionniste. C'est ainsi que notre auteur arrive à citer dans sa classification le truc des ardoises sur lesquelles des signes sont tracés par une main invisible, truc bien connu des prestidigitateurs et rendu célèbre par les exploits du faux médium Slade (Amadou, Parapsychol., 1954, p. 38). − (Il) y a un truc (fam.). [Pour qualifier un résultat incompréhensible] La seconde d'avant, il était de ce côté-ci du mur, la seconde d'après de l'autre côté. Pas de trou dans le mur. (...) Je vous entends d'ici: comment il a fait, alors? C'est justement ce que j'allais vous demander. Tout ce que je sais c'est qu'il est passé. Comment ça, y a un truc? Évidemment, y a un truc (Télérama, 19 mai 1993, p. 96, col. 1). 2. THÉATRE. ,,Mécanisme ou procédé pour mouvoir certains décors, exécuter des changements à vue et, en général produire des effets insolites et surprenants de mise en scène`` (Lar. encyclop.). 3. CIN. Film à trucs. Film dans lequel des changements à vue, dus à un mécanisme de l'appareil, à un trucage du décor ou à un artifice de la photographie, donnent des effets inattendus, amusants ou dramatiques (d'apr. Giraud 1956). Ses films à « trucs » [de Zecca] peuvent avoir un sujet ou employer un procédé voisin de ceux de Méliès, mais leur style est toujours différent (Sadoul, Cin., 1949, p. 46). II. A. − Fam. Ce qu'on ne veut ou ne peut nommer; en partic., chose ou personne dont on ignore ou dont on a oublié le nom. Synon. pop., fam. bidule, chose2, machin.Comment ça s'appelle, ce truc-là? se dire des trucs désagréables. Quand il prend un repas, tu pourrais lui mettre un truc dans sa soupe, que je te procurerais (L. Daudet, Ciel de feu, 1934, p. 90).En fait, reprit-il, je suis justement en train d'écrire un roman selon ton cœur. Un roman tout à fait gratuit, où je raconte des trucs pour mon seul plaisir (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 137).V. trucmuche infra rem. ex. de Fargue. ♦ C'est/ce n'est pas mon (son, etc.) truc. C'est quelque chose où je suis/je ne suis pas (il est/il n'est pas, etc.) à l'aise. La cuisine, ce n'est pas mon truc! (GDEL). ♦ Repiquer au truc. Recommencer, récidiver (d'apr. Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 377). B. − Arg., vieilli. Prostitution. − Tout cela est fini pour vous maintenant, dis-je rapidement. Elle éclata d'un rire encore très pur. − Pensez-vous! Dès que je serai guérie, je recommencerai le truc. Les hommes c'est si cochon. Une femme avec une jambe de bois, vous ne savez pas ce qu'ils paieront pour s'offrir c't' oiseau rare (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 268). ♦ Faire le truc. Se prostituer. − Depuis combien de temps mènes-tu cette vie-là? − Y a bientôt deux ans que j'fais le truc (H. Bauer dsBruant1901, p. 384). REM. Trucmuche, subst. masc.,pop., fam. a) Truc, machin. Ah! oui, avenue du Bois... tu t'imagines, cette cliente, une poétesse qu'il paraît, chez elle c'est rien que des lys noirs, des trucmuches, de l'argenterie partout, du velours (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 367).b) Personne que l'on ne veut pas ou que l'on ne peut pas nommer exactement. « Mmede Saint-Chouette vient de donner une soirée très parisienne en son hôtel, où le comte Le Truc du Machin a convié quelques amis à se réunir pour un bridge », je rigole. Tout cela est très exact, les Saint-Chouette et les Trucmuche du Machin sont gens vivants et dépensants (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 175). Prononc. et Orth.: [tʀyk]. Homon. truc2ou truck. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. I. A. 1. a) xiiies. « ruse » (Gautier de Coincy, Mir. N.-D., éd. V.-F. Koenig, II Mir 21, t. 4, p. 363, vers 595, var. de trut ms. Bibl. nat. fr. 25532 et ms. Soissons, fo204a ds Gdf. Compl. et II Ch. 7, t. 3, p. 298, vers 25); 1440-42 faire le trucq « amadouer par des cajoleries » (Martin le Franc, Le Champion des Dames, éd. Don Arthur Fisher, 1985, p. 174, vers 3342), attest. isolées; b) 1789 « procédé, stratagème pour tromper les gens » (Av. de J. Sharp ds Larchey, Excentr. lang., p. 290); 2. a) 1803 (Boiste: Truc [...] secret, manière de faire); b) 1847 théâtre « procédé de machinerie et de décor pour créer une illusion, effet spécial » (Dict. de la conversation et de la lecture, t. 61 [= Suppl. t. 9], p. 39, s.v. féeries); c) 1859 « recette, procédé de composition d'un écrivain » (Larch., p. 114); d) 1867 « secret d'un tour d'adresse » débiner le truc (Delvau). B. 1. 1876 « racolage, prostitution » (Richepin, Chanson des gueux, p. 187 ds Sain. Lang. par., p. 235); 2. peut-être déjà 1536 (Roger de Collerye, Le Monologue du Résolu, v. 1 ds
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 59: Qu'y [en amours] vault le songier? pas le truc. Tant au soir, la nuyt, qu'au desjuc, Prompt, prest, preux d'attendre le choc) [truc « rien » ou « acte amoureux réel » sens obscène de coup p. oppos. au songer? cf. trutage associé avec rivage « coït » en 1596 (Vie généreuse des mercelets, gueuz et boesmiens ds J. Cellard, Anthologie de la litt. arg., Paris, 1985, p. 45)] 1896 « acte vénérien » (Verlaine, Deux mots d'une fille ds
Œuvres en prose complètes, Paris, éd. J. Borel, 1972, p. 169); 3. a) 1886 « chose dont on ne trouve pas le nom exact, machin » (Courteline, Gaîtés esc., III, 3, p. 48); b) 1939 spéc. à la place d'un nom ou dans un nom de pers. (Fargue, loc. cit., supra rem.). II. 1. Mil. xvies. interj. d'indignation ou de mépris corresp. à l'a. et m. fr. trut [trout, tproupt, trut interj., prob. d'orig. onomat. v. T.-L., s.v. trout et trut jusque 1611, Cotgr., s.v. trut] (Moralité des enfants de maintenant ds Anc. Théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t. 3, p. 32); 2. 1598 « bruit fait avec les lèvres pour encourager les chevaux » (L'Escuirie du S. Frederic Grison, 19 ds Fonds Barbier). III. 1. 1588 « jeu de cartes » [où l'on frappe sur la table en abattant une carte] (Dict. des rimes françoises par Jean Le Fevre, augm. et corr. par Des Accords, fo219 vo; cf. aussi Sonnet amphibologique ds E. Tabourot des Accords, Bigarrures, éd. 1588, p. 81 [tru ds l'éd. de 1584 selon M. Psichari, Les Jeux de Gargantua ds R. Ét. rab. t. 6, p 172, l'archer tru chez Rabelais et le trut ds J. de La Forge, La Joueuse dupée, 1664, v. M. Psichari, loc. cit.; v. aussi A. d'Aubigné,
Œuvres, éd. H. Weber, Paris, 1969, p. 813, note 3]); 2. 1611 « coup, heurt » (Cotgr.), cf. aussi « coup, occasion » je vous grupperay au truc « je vous attraperai au passage » (ibid.); 3. 1630 « sorte de billard » (C. Mydorge, Exam. du Livre des recreat. mathem., 162 ds Fonds Barbier). Déverbal, surtout att. en domaine occit. dep. le Moy. Âge (cf. a. prov. truc « choc » hapax ds far truc a alcun « se heurter au combat à quelqu'un » ds
Œuvres de Bertran de Born, éd. G. Goniran, 40a et 22 et anc. dial. landais d'apr. FEW t. 13, 2, p. 327a; cf. aussi le gasc. truc « coup, horion » ds Rabelais, Tiers-Livre, chap. 42, éd. M. A. Screech, p. 289), de l'a. prov. trucar « frapper, cogner, heurter contre » (fin xiiies. ds Levy Prov. t. 8) dont l'aire s'étend aussi (sous les formes turcquer, trucher, truquer) à toute la partie Sud du domaine d'oïl (v. FEW t. 13, 2, p. 326a) et auquel corresp. le cat. trucar « donner des coups » ainsi que différentes formes dial. d'Italie avec l'ital. truccare (v. DEI et FEW t. 13, 2, p. 329a). L'a. prov. trucar représente un b. lat. *trudicare dér. de trudere « frapper, heurter ». L'hyp. d'une orig. germ. apparentant trucar à l'a. h. all. drucken « presser » (DIEZ, p. 332; EWFS2) est peu probable. À l'ital. truccare, DEI rattache trucco désignant une sorte de jeu de billard et qui pourrait être à l'orig. de l'empl. noté en III 3. I est énigmatique. On n'en note que qq. attest. sporadiques au Moy. Âge et chez Gautier de Coincy où truc est difficile à distinguer de trut (que FEW t. 22, p. 140b considère comme issu de truc p. assim. du c au t init.). Le terme mod., att. dès la fin du xviiies., est difficile à rattacher aux sens de III (le sémantisme de « coup » est trop vague). Une infl. de trucher « pratiquer la fausse mendicité » (v. truquer étymol.) n'est peut-être pas à exclure, le passage du sémantisme de « frapper » à celui de « tromper en mendiant » pouvant s'expliquer par le fait que le mendiant frappe à toutes les portes, d'où truche « mendicité frauduleuse » (1628, Le Jargon de l'argot réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 227) et dont truc pourrait n'être qu'une forme masc. désignant toute activité trompeuse ou frauduleuse (v. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.). II illustre encore la collision avec trut, truc prenant alors les empl. de trut d'orig. onomatopéique. Bbg. Guir. Étymol. 1967, pp. 77-78. − Guiraud (P.). « Tric, trac, troc, truc »... B. Soc. Ling. 1962, t. 57, pp. 103-125. − Quem. DDL t. 2. |