| TROPISME, subst. masc. A. − BIOL. Réaction d'orientation ou de locomotion orientée d'un organisme végétal ou de certains animaux, causée par des agents physiques ou chimiques. Tropisme mécanique, vrai; théorie des tropismes. Beaucoup d'insectes libres − chenilles, papillons, mouches, pucerons − sont (...) assujettis à des tropismes. Si l'on place des chenilles du papillon Porthesia dans un long tube de verre, et qu'on dispose ce tube de manière que son axe se trouve perpendiculaire au plan d'une fenêtre éclairée, on verra bientôt toutes les chenilles se rassembler à l'extrémité du tube (...) la plus proche de la fenêtre (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 85).Les tropismes s'observent surtout chez les organismes inférieurs, et aussi chez les insectes (Animaux1981). ♦ [P. oppos. à tactisme, taxie] Réaction d'orientation des végétaux et des animaux fixés. L'organisme vivant ne peut pas (...) se soustraire à l'influence [des réactions purement machinales] (...). De ces mouvements forcés − ou tropismes −, nous trouvons un exemple chez le polype (...). Cet animal (...) courbe toujours sa tige du côté où arrivent les rayons lumineux (J. Rostand, La Vie et ses probl., 1939, p. 85). Rem. Sur l'empl. de tropisme, tactisme et taxie, v. taxie rem. 1 et 2. − Tropisme positif. Tropisme qui se traduit par une réaction d'orientation en direction du stimulus. Tropisme négatif. Tropisme qui se traduit par une réaction d'éloignement. Comme dans le tropisme négatif, dans la défense l'être vivant ne cherche qu'à se mettre à distance (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p. 115). − En partic. Tendance intrinsèque d'un organisme végétal à développer sa croissance dans la direction d'une excitation extérieure. Il faut rapprocher des tactismes les phénomènes dits de tropismes, ou phénomènes d'orientation du sens de la croissance déterminés par les mêmes influences que les tactismes (Policard, Histol. physiol., 1922, p. 124). B. − Au fig. Force irrésistible et inconsciente qui pousse quelqu'un à agir d'une façon déterminée; comportement réflexe. Tropisme invincible. Tropismes! Le mot n'était pas plus tôt inventé que déjà l'on ne comprenait plus rien d'autre; toute une catégorie de psychologues ne consentit plus qu'aux tropismes. Tropismes! Quelle lumière soudaine émanait de ces syllabes! Évidemment l'organisme cédait aux mêmes incitations que l'héliotrope (...). Dans les plus surprenants mouvements de l'être on pouvait uniquement reconnaître une parfaite obéissance à l'agent (Gide, Caves, 1914, p. 683).Cet instinct, sorte de tropisme qui tourne toutes les forces vers la conservation: de quoi? La conservation est donc comme une direction, un point cardinal dans je ne sais quel espace-temps (Valéry, Mauv. pens., 1942, p. 102). REM. Tropistique, adj.Qui concerne un tropisme, qui a rapport à un tropisme. Les courbures tropistiques [des végétaux] sont liées à la croissance (Thinès-Lemp.1975). Prononc.: [tʀ
ɔpism]. Étymol. et Hist. 1. 1897 biol. (Y. Delage et G. Poirault ds L'Année biol., 3eannée, Paris, 1899, p. 276: Tactismes et tropismes; G. Bullot, ibid., p. 446: tropismes des Vers [...] tropismes des végétaux et des Polypes); 1900 (Garnier, Delamare, Dict. des termes techn. de méd.: Taxie [...] Syn. Tropisme. Influence attractive ou répulsive exercée par certaines substances ou certains phénomènes sur le protoplasma); 2. 1914 fig. (Gide, loc. cit.); 1924 fig. (Valéry, Variété [I], p. 41: une sorte de tropisme [it. ds le texte] invincible). Mot formé par lexicalisation de l'élém. de compos. -tropisme*, figurant notamment dans les mots héliotropisme, géotropisme, hydrotropisme, thermotropisme, phototropisme. Fréq. abs. littér.: 18. |