| TROPICAL, -ALE, -AUX, adj. A. − GÉOGR. Qui appartient, qui se rapporte aux tropiques et particulièrement aux régions situées entre les tropiques ou au voisinage d'un tropique. Afrique, Amérique tropicale; région, zone tropicale; îles tropicales. Quelle erreur de s'imaginer les oiseaux et les insectes des pays tropicaux toujours parés de couleurs vives (Gide, Retour Tchad, 1928, p. 870). B. − En partic. 1. Qui est propre aux régions situées sous les tropiques et, p. ext., aux pays chauds. Faune, forêt tropicale; fruits, produits tropicaux; cultures, plantes tropicales. La chaleur de fournaise d'une nuit tropicale (Hugo, Rhin, 1842, p. 212).À l'horizon apparaissait Tahiti, à demi perdu dans la vapeur, baigné dans la grande lumière tropicale (Loti, Mariage, 1882, p. 230). ♦ Empl. subst. masc. Personne qui habite une région située sous les tropiques. « Nous ne sommes pas des tropicaux! » Les Chiliens sont très chatouilleux sur ce point (...). Si le Capricorne traverse bien leur territoire quelque part au nord, dans le désert, il ne passe pas dans leurs têtes. Les « tropicaux » ce sont les autres Latino-Américains, ceux de derrière la Cordillère (Le Nouvel Observateur, 14 déc. 1970, p. 52). − CLIMATOL. Climat tropical. Climat chaud, à faible variation annuelle des températures et à forte variation pluviométrique entre la période sèche et la période humide. Le climat tropical, indispensable au développement de certains insectes, est responsable de la répartition géographique de certaines maladies: maladies du sommeil, par exemple (Quillet Méd.1965, p. 193). − MÉD., PATHOL. Affections, maladies tropicales. Affections, maladies qui frappent les hommes et les femmes qui vivent sous les tropiques ou dans les pays chauds. Les maladies tropicales, tu sais, on ne joue pas avec elles, mon petit. Quand on les a, on se soigne. Sinon, c'est regrettable (Malraux, Conquér., 1928, p. 149).Médecine tropicale. ,,Branche de la médecine qui s'occupe des affections et des maladies tropicales`` (GDEL). La médecine tropicale bénéficie (...) des travaux de nombreux centres de recherches et de formation implantés notamment dans les anciens pays colonisateurs (GDEL). 2. a) Qui est destiné aux tropiques, à leur climat. Casque, costume, vêtement tropical. Complet veston tropical Remplaçant l'alpaga (L'Illustration, 19 mars 1904, p. 3 ds Quem. DDL t. 14). b) MUS. [En parlant d'un rythme, d'une mus.] Qui a le caractère violent et expressif de la musique des tropiques. Mélange de rythmes tropicaux, de jazz et de folk-songs, le tropicalisme a (...) supplanté en Amérique du sud, la bossa-nova (L'Express, 8 nov. 1971ds Gilb. 1980 s.v. tropicalisme). 3. P. hyperb. Chaleur, température tropicale. Chaleur accablante, torride, température très élevée comparable à celle qui règne sous les tropiques. Quand on dit: « Ah! il fait une chaleur... une chaleur... vraiment... tropicale!!! » on est soulagé. Les maniérés formulent « sénégalienne ». Moi, je me réjouis de cette température (Flaub., Corresp., 1859, p. 323).Une tête d'archange, sombre, déchu, l'œil brûlant, exorbité, sous un sourcil fier... Le feu, la chaleur tropicale de la pièce semblaient venir de lui (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 49). REM. 1. Tropicalisation, subst. fém.,technol. Action de tropicaliser; résultat de cette action. Le développement des communications a amené à utiliser des appareils de transmission sous toutes les latitudes, dans tous les climats (...). [On utilise en France] un code chiffré désignant les types d'essais de tropicalisation dans toutes les conditions (Électron.1963-64). 2. Tropicalisme, subst. masc.Mouvement artistique, notamment musical, né au Brésil en 1968. Le « tropicalisme » avait regroupé tous les jeunes écrivains, peintres, danseurs de samba et cinéastes brésiliens comme Glauber Rocha, Ruy Guerra, etc. Il se voulait un réveil populaire et utilisait à dessein tout l'arsenal commercial, radio, télé, disques (Le Nouvel Observateur, 29 nov. 1971, p. 58, col. 1). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɔpikal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1801 « propre aux régions situées sous les tropiques » (Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 300: le sucre, l'indigo, le riz et toutes les productions tropicales [au Brésil]); b) 1842 plantes tropicales (Ac. Compl.); c) 1904 en parlant d'un vêtement « destiné aux régions tropicales, à leur climat » (L'Illustration, loc. cit.); d) 1928 méd. maladies tropicales (Malraux, loc. cit.); 1952 médecine tropicale (M. Vaucel et J. Bablet, Médecine tropicale ds Lar. encyclop., bbg); 2. 1836 régions tropicales (Ac. Suppl.); 1857 pays tropicaux (Flaub., MmeBovary, t. 1, p. 92); 1857 zones tropicales, climats tropicaux (Michelet, Insecte, p. 243 et 383); 3. 1859 chaleur tropicale « chaleur très élevée, comparable à celle des tropiques » (Flaub., Corresp., p. 323); 4. 1971 mus. rythmes tropicaux (L'Express, loc. cit.). Dér. de tropique*; suff. -al*. Cf. angl. tropical (1527 ds NED). Fréq. abs. littér.: 177. DÉR. Tropicaliser, verbe trans.a) Technol. Rendre (un matériau, un matériel) insensible ou peu sensible aux inconvénients du climat tropical, chaud et humide. Part. passé en empl. adj. Produit tropicalisé. En électronique: résistance tropicalisée, résistance pouvant résister à la chaleur et à l'humidité des pays tropicaux (PeyrouxTechn. Métiers1985).b) Littér.
α) Donner un aspect tropical (à quelque chose). À côté d'eux se dressait une table basse, en acajou, aux pieds galbés, qui rappelait un style Louis XV de fantaisie que tropicalisaient des motifs d'oiseaux aux becs énormes: calaos, toucans (...) sculptés dans le bois au niveau du rengorgement médian de chaque pied (P. Grainville, Les Flamboyants, 1976, p. 28 ds Rob. 1985).
β) Part. passé en empl. adj. [En parlant d'une pers.] Devenu semblable, dans ses habitudes, ses goûts, aux personnes originaires des pays tropicaux, des pays chauds. Les Espagnols et plus encore les Portugais ayant été conquis par les Mores étaient donc déjà en partie africanisés ou tropicalisés avant leur aventure coloniale, sexuellement attirés par les femmes de couleur (R. Bastide, Anthropol. appl., Paris, Payot, 1972, p. 102).− [tʀ
ɔpikalize], (il) tropicalise [-li:z]. − 1reattest. 1954 (Catal. Manufrance, p. 413: notre poste no30-225 est un récepteur semi-tropicalisé), 1959 (J. Giordan, Le Yachting, p. 116 ds Rob. Suppl. 1970: [récepteur à pile] d'une fabrication tropicalisée); de tropical, suff. -iser*. Cf. angl. to tropicalize (1941 ds NED Suppl.2). |