| TROMPE-L'ŒIL, subst. masc. inv. A. − BEAUX-ARTS, DÉCOR. 1. Procédé de représentation visant à créer, par divers artifices, l'illusion de la réalité (relief, matière, perspective); art d'exécuter des peintures, des décors selon ce procédé. Lois du trompe-l'œil. L'espace fictif de la profondeur créée par la perspective peut encore venir se combiner avec celui de la surface peinte. Les lignes se liront à la fois dans l'éloignement dont elles créent l'illusion (...) et dans le plan de la peinture, dont elles édifient l'architecture plastique. Trompe-l'œil et composition, au lieu de se contrecarrer, viennent alors collaborer (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 215). − En trompe-l'œil. (Exécuté) en recourant à ce procédé. Façade peinte en trompe-l'œil; décor, paysage en trompe-l'œil. À Montreuil, les accessoires et le mobilier pouvaient être réels, silhouettés, sur une planche découpée, ou peints sur la toile du décor (...). Méliès peint tout en trompe-l'œil (Sadoul, Cin., 1949, p. 29). − En appos. avec valeur d'adj. Une broche trompe-l'œil rebrodée d'un ruban de satin très étroit sur un bustier en tricot de coton (Elle, 23 juill. 1979, p. 82, col. 2). 2. Tableau, décor exécuté selon ce procédé. Qu'il s'agisse (...) d'un paysage de Marseille ou d'un trompe-l'œil de Niderviller, on admire toujours le choix des motifs ornementaux (G. Fontaine, Céram. fr., 1965, p. 81). B. − Au fig. Apparence trompeuse; ce qui fait illusion. Synon. faux-semblant, leurre.On ira aux Californies (...) non pour l'or, trompe-l'œil et grossier appât d'aujourd'hui, mais pour la terre (Hugo, Actes et par., 4, 1889 [1867], p. 292).Tel est le trompe-l'œil de la mémoire que l'inconnu insondable du temps (....) est confondu en elle avec son contraire, la connaissance, par où nous avons quelquefois l'illusion d'échapper au temps (G. Bataille, Exp. int., 1943, p. 217). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɔ
̃plœj]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. a) 1800 beaux-arts (Le Citoyen fr., no329, 18 vendémiaire an IX, p. 3b ds Quem. DDL t. 30); b) 1848 en trompe-l'œil (Chateaubr., Mém., t. 4, p. 201); 2. 1825 au fig. (Le Masque de fer, I, 34 ds Quem. DDL t. 40). Comp. de trompe, forme du verbe tromper*, de l', art. déf. élidé et de
œil*. Fréq. abs. littér.: 28. |