| TRITURE, subst. fém. Vieux A. − Action de triturer. P. métaph. Ô sculpteur [Étex], qui fîtes quelquefois de bonnes statues, vous ignorez donc qu'il y a une grande différence entre dessiner sur une toile et modeler avec de la terre, − et que la couleur est une science mélodieuse dont la triture du marbre n'enseigne pas les secrets? (Baudel., Salon, 1845, p. 40). B. − Au fig. 1. Préparation, mise au point de la copie d'un journal, d'un manuscrit. Synon. trituration.[L'Empereur] m'avait chargé de couper chaque chapitre d'une manière régulière, uniforme; d'en indiquer les paragraphes convenables; d'en noter et d'en recueillir les pièces justificatives, etc., etc. C'est ce qu'il appelait la triture ou la charlatanerie de l'éditeur (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 384). 2. Pratique. Synon. maniement.Ils n'apprennent les affaires qu'à force d'attention, de travail, de triture technique (Taine, Notes Anglet., 1872, p. 335). Prononc.: [tʀity:ʀ]. Étymol. et Hist. 1610 « action de triturer » (Jan du Val, Tresor des preservatifs ds Delb. Rec. d'apr. DG), attest. isolée, repris comme ,,vieilli`` par qq. dict. dep. DG; ca 1790 fig. « fait d'être rompu à une chose, par le maniement habituel » (C. rendu à la Convent. de Philipp., 3epart., p. 29 ds Brunot t. 9, p. 1142, note 3: Gillet sera presqu'impossible à remplacer [...] sa grande « triture des affaires »). Empr. au lat.tritura, -ae « action de frotter » et « battage du blé » formé sur le supin tritum de tero « frotter, de manière à enlever la balle, battre le blé », « frotter de manière à broyer » et « frotter souvent de ses pas » d'où au fig. « user », « rendre banal, commun », notamment au part. passé tritus « habitué à, rompu à ». |