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TRISTESSE, subst. fém.
A. − [À propos d'un être animé]
1. [À propos d'une pers.] État d'incapacité à éprouver de la joie, à montrer de la gaieté, se traduisant notamment par les traits du visage affaissés, le regard sans éclat. Synon. abattement, affliction, amertume, cafard1(fam.), chagrin2, dépression, ennui, mélancolie, morosité, nostalgie, peine.
a) État pénible de dépression morale due au tempérament. Sentiment de tristesse; être enclin à la tristesse; s'abandonner à la tristesse; tristesse maladive. Ce n'était pas une de ces douleurs aiguës qui semblent tordre l'âme, mais une morne et lugubre tristesse (Maupass., Une Vie, 1883, p. 240).Le cyclothyme oscille entre la tristesse et la gaieté, deux contraires qui comme tous les contraires se ressemblent. Ils se ressemblent en ce qu'ils représentent tous deux un état fort de l'humeur, une vibration élémentaire et intense qui intègre tous les autres états d'âme dans une résonance unique (Delay, Psychol. méd., 1953, p. 145).
b) Réaction douloureuse en présence d'un mal que l'on ne peut fuir ou en l'absence d'un bien dont on éprouve la frustration. Tristesse accablante, insupportable, mortelle; extrême tristesse; être envahi d'une grande tristesse; tomber dans une tristesse profonde; quelle est la cause de votre tristesse? Je vais essayer de mettre en scène l'odieux Bismarck. Retour de la tristesse qui me martyrise habituellement, surtout lorsqu'il me faut écrire pour le Gil Blas, dont je suis si peu sûr et auquel je suis si honteux d'appartenir (Bloy, Journal, 1893, p. 75).Cher ami, La mort de Mallarmé m'emplit d'une grande tristesse... Ne pourrais-tu m'envoyer quelques détails? C'est le seul écrivain d'hier qui nous ait permis de l'admirer (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1898, p. 331).
Au plur. [Dans un style élevé] L'affection qu'elle [ma sœur] conçut pour ses trois élèves, le bonheur de voir ses efforts fructifier (...) lui firent oublier les tristesses inséparables de ces sortes de positions (Renan, Ma Sœur, 1862, pp. 25-26).Le poète chante ce qu'il aime et qui le dépasse. Ses chants de guerre ou de révolte, ses tristesses et ses plaintes ne sont que la contre-partie d'un amour que les choses ou les êtres ont déçu (Philos., Relig., 1957, p. 36-12).
[Avec passage de l'abstr. au concr.] Moments marqués par cet état. Pour cet Éden d'espoir dont rêvaient vos tristesses (Laforgue, Poés., 1887, p. 200).Caro, tu as bien fait de me récrire, je me désolais après toi; et surtout de me sentir aussi silencieux devant ton mal. (...) Rien ne vaut dans ces tristesses, que la persistance de l'amitié (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1896, p. 257).
Synon. de malaise (v. ce mot B).Criqueville, à Antoine: Eh bien, qu'est-ce que tu fais là? Antoine: Monsieur, je suis mélancolique... j'ai des tristesses d'estomac (Labiche, Chasse corb., 1853, IV, 1, p. 349).
c) Manière d'être caractéristique chez une personne dans cet état. Sourire avec tristesse; visage empreint, marqué par la tristesse; tristesse du regard, du sourire. Le visage de M. Sariette exprimait une tristesse infinie, irréparable, éternelle, une tristesse de momie (A. France, Révolte anges, 1914, p. 344).
2. P. anal. [Corresp. à triste A 5; à propos d'un animal] Chez le chien, la bronchite et la pneumonie coexistent, d'où le nom de broncho-pneumonie. Elle se traduit par une grande tristesse du chien qui refuse toute nourriture (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 98).
B. − [À propos d'un inanimé]
1. Caractère des choses peu agréables, qui manquent d'éclat, d'animation, de gaieté, de couleurs... et qui portent à la mélancolie, à des réflexions sombres ou graves. Paysage d'une tristesse pénétrante, noire; tristesse d'une façade, de murailles; tristesse d'étendues sans fin; tristesse de l'hiver, de la nuit. Dans le ciel gris de décembre, le long des hautes passerelles, trois ou quatre berlines oubliées avaient la tristesse muette des choses (Zola, Germinal, 1885, p. 1326).Maisonnettes mal construites, baraques en planches, (...) domaine des pauvres hères que ballottent les remous d'une vie sans discipline, voilà la banlieue! Sa laideur et sa tristesse sont la honte de la ville qu'elle entoure (Le Corbusier, Charte Ath., 1957, p. 26).
Rare. [Corresp. à triste B 1] Une tristesse absurde pesait sur les choses (Bernanos, Joie, 1929, p. 635).
2. En partic., dans le domaine artist. ou littér. Cachet, touche, impression de mélancolie qui se dégage d'une œuvre (littéraire, musicale, picturale...) et qui gagne le sujet qui lit, écoute ou observe cette œuvre. Tristesse d'Olympio (poème de V. Hugo, faisant partie des Rayons et des Ombres); page d'une (sublime) tristesse; refrain plein d'une tristesse (naïve); tristesse d'un allegro. L'art musulman avait, en Égypte ou en Syrie, la nudité, la tristesse et la grandeur du désert (Faure, Hist. art, 1912, p. 263).Carré qui cependant n'avait pas retenu l'ouvrage sans en connaître le sujet, s'avisa tout à coup de la tristesse du livret: Alyette est lépreuse, elle cache son mal, parce qu'elle est passionnément aimée par Ervoanik (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 193).
P. méton. Objet symbolisant la tristesse par ses couleurs sombres. Vase de tristesse. Ce minuscule calice de tristesse acquis pour 720.000 F, la première enchère avait été portée sur 150.000 F (L'Est Républicain, 30 sept. 1990, p. 16, col. 1).
3. [Parfois avec ironie] Caractère de ce qui est affligeant, déplorable. Synon. malheur, misère.Quelle tristesse! quelle tristesse d'entendre une chose pareille! de voir ça! Visite de Doxie Dexter (...) qui écrit une thèse de doctorat sur mes livres. Tristesse de devenir un sujet de thèse (Maurois, Journal, 1946, p. 152).
Prononc. et Orth.: [tʀistεs]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 tristece (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 16028). Dér. de triste*, suff. -esse1* d'apr. le lat. tristitia, -ae « affliction; caractère sombre, sévère ». Fréq. abs. littér.: 6 107. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 023, b) 9 462; xxes.: a) 10 481, b) 7 751. Bbg. Arnold (W.). Ennui, spleen, nausée, tristesse. N. Spr. 1966, t. 15, pp. 159-173.