| * Dans l'article "TRIPATOUILLER,, verbe trans." TRIPATOUILLER, verbe trans. Familier A. − 1. Arg. de théâtre. Remanier, défigurer une œuvre théâtrale sans l'assentiment de son auteur. Je travaille ici avec une ardeur toute neuve à tripatouiller (...) à truffer de béquets, les anciens mélodrames (Arnoux, Zulma, 1960, p. 309). ♦ Empl. intrans. Il a accusé M. Porel (...) d'avoir voulu tripatouiller dans sa comédie. Notez le verbe, il est pittoresque (L'Illustration, janv. 1888ds Fustier, Suppl. dict. Delvau, 1889, p. 587). − En partic. [Le suj. désigne un comédien] Prendre des libertés avec le texte. (Dict. xixeet xxes.). 2. P. anal. Remanier, modifier la structure profonde d'une œuvre originale (littéraire, musicale, etc.) en la défigurant au lieu de l'améliorer. Lui qui a massacré, tripatouillé, remanié jusqu'à la méconnaissance le texte qu'il publiait; lui qui a faussé l'esprit des Mémoires d'un homme qui avait passé sa vie aux antipodes (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 15). − Empl. abs. Montfort (...) me demande l'autorisation de mettre en musique le Repos du Septième Jour. Je la lui ai accordée avec ma bénédiction et la permission générale de tripatouiller tant qu'il voudrait (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1908, p. 82). 3. a) Altérer frauduleusement, truquer (un texte, une comptabilité). Ils ont vu une pièce qui n'était pas tripatouillée, comme on dit maintenant, et cela d'abord leur a paru suspect. Comment! voilà un petit bleu qui n'est pas composé de deux papiers différents, où les lignes d'écriture ne sont pas artificiellement raccordées, qu'est-ce que cela veut dire? (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 251).Votre père a été entraîné par un mauvais homme qui a tripatouillé certainement les écritures (La Varende, M. le Duc, 1958, p. 430). b) Se compromettre dans des opérations louches, comploter, tremper dans des affaires peu honnêtes. Que tripatouillait-il [un homme] le gueusard, avec son cercle emmanché (Arnoux, Rhône, 1944, p. 135). − Empl. intrans. [Mon frère] me permettait de ne pas me salir les mains en tripatouillant moi-même dans les boues de la procédure (H. Bazin, Mort pt cheval, 1949, p. 246). B. − Remuer, agiter, manipuler sans soin, sans précaution. Synon. patouiller, trifouiller, tripoter.Il passe beaucoup de temps à dévisser, à revisser les commutateurs électriques et les appareils d'éclairage, à réparer les serrures des meubles et des portes. Je le soupçonne même de les détraquer de temps en temps pour avoir prétexte à les tripatouiller (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 30). ♦ Empl. intrans. Tu le vois qui (...) tripatouille dans les réserves, afin de trouver la couleur la plus opposée à la couleur rouge (Saint-Exup., Citad., 1944, p. 965). − Empl. pronom. réfl. Moi, c'est du solide. C'est de la viande. On baise. C'est sain. Regardez... Et elle se claquait les fesses et se tripatouillait les nichons (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 84). Prononc.: [tʀipatuje], (il) tripatouille [-tuj]. Étymol. et Hist. 1. 1888 « soumettre (une œuvre littéraire ou artistique) à des remaniements abusifs » (L'Illustration, loc. cit.; cf. ibid.: M. Bergerat (...) a lancé ce verbe au commencement de cette année 1888); 2. 1920 « remuer, manier en tous sens, avec maladresse » (Bauche); 3. a) 1920 « faire des affaires malpropres » (ibid.); b) 1958 « modifier (des comptes, des écritures) dans une intention malhonnête » (La Varende, loc. cit.). Croisement de tripoter* et de patouiller*. Fréq. abs. littér.: 13. DÉR. 1. Tripatouillage, subst. masc.,fam. a) Arg. de théâtre. Action de remanier une œuvre théâtrale et, p. ext., toute œuvre littéraire, musicale, etc. Pour une fois, on voit un auteur qui résiste aux exigences de la Comédie-Française (...) qui ne se prête pas aux tripatouillages (Léautaud, Journal littér., 2, 1908, p. 187).b) Ensemble de manœuvres frauduleuses, de tractations douteuses, dans les domaines économique et politique en particulier. Synon. magouille, tripotage.Tripatouillage des comptes, des écritures; tripatouillages électoraux. Il fut compromis dans une affaire véreuse, quelque tripatouillage panamiste en petit, où ne furent englobés qu'une demi-douzaine de sénateurs et députés (A. France, L'Outrage, 1898-1900ds France 1907).− [tʀipatuja:ʒ]. − 1resattest. a) 1888 « action de remanier abusivement (une œuvre littéraire) » (Bergerat ds Larch. Nouv. Suppl. 1889, p. 244: c'est ce que j'ai appelé le tripatouillage), b) 1898-1900 « action d'embrouiller de manière malhonnête (une affaire) » (France, loc. cit.); de tripatouiller, suff. -age*. 2. Tripatouilleur, -euse, adj. et subst.,fam. (Personne) qui tripatouille, qui aime à tripatouiller. Vraiment il est bien gentil, mais, comme l'a dit Bergerat, un peu tripatouilleur (Goncourt, Journal, 1888, p. 849).[P. méton.] Probablement ne prenaient-ils guère au sérieux ses tentatives plus artisanales qu'industrielles et moins chimiques que tripatouilleuses (Queneau, Enf. limon, 1938, p. 296).− [tʀipatujœ:ʀ], fém. [-ø:z]. − 1resattest. a) 1888 « personne qui tripatouille (une œuvre littéraire) » (Goncourt, loc. cit.), b) 1889 « personne malhonnête, qui embrouille les affaires » (Fustier, Suppl. dict. Delvau, p. 587); de tripatouiller, suff. -eur2*. BBG. − Quem. DDL t. 13, 14 (s.v. tripatouilleur). |