| TRICOLORE, adj. A. − 1. Rare. Qui comporte trois couleurs. Damas tricolore. Le petit papier bleuâtre semé de fleurs tricolores collé sur les murs depuis vingt-cinq ans (Balzac, C. Birotteau, 1837, p. 339).Les setters sont les épagneuls de l'Angleterre. S'ils sont inférieurs aux pointers en plaine, ils leur sont supérieurs au bois et au marais. Ils semblent bien avoir tous une origine commune, celle d'un ancien setter tricolore d'Écosse (Vidron, Chasse, 1945, p. 116). 2. Domaine de la circulation.Feu(x) tricolore(s). V. feu1II A 2.Dans le cas d'un feu tricolore à une intersection dont le feu jaune clignote, la priorité est à droite (Codoroute, Lyon, J. Millard, 1970, p. 49). B. − Usuel 1. a) Qui a les trois couleurs: bleu, blanc et rouge, devenues au cours de la Révolution française l'emblème de la nation (couleurs représentant la fusion des trois ordres: le blanc, la monarchie, le rouge et le bleu − couleurs de la ville de Paris − représentant respectivement le peuple et le clergé). Synon. bleu-blanc-rouge (v. rouge I A 1 b γ).Drapeau, pavillon tricolore. Il se présenta au bureau avec un chapeau neuf qui portait comme cocarde, au côté droit, une très petite rosette tricolore. (...) Quel mystère cachait ce signe? Était-ce une simple affirmation de patriotisme? − ou le témoignage de son ralliement à la République? (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 285).V. cocarde ex. 3. ♦ P. plaisant. Le garçon était devenu tricolore à force de surprise (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 124). ♦ Ceinture, écharpe tricolore. Large bande d'étoffe rayée de bleu, de blanc et de rouge, portée comme insigne de certaines fonctions publiques. Il était séduit par le costume que les députés, disait-on, porteraient. Déjà, il se voyait en gilet à revers avec une ceinture tricolore (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 123).V. écharpe I A 2 b ex. de Aragon. b) Empl. subst.
α) masc. sing. à valeur de neutre. Assemblage des trois couleurs nationales. Être drapé de tricolore. Le préfet tout en argent et le commissaire du Gouvernement provisoire (...), tous deux largement ceinturés de tricolore, haranguaient les troupes de la garnison (Verlaine,
Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 14).
β) Personne adepte du drapeau tricolore; républicain. Les bonapartistes m'ont emprisonné, les tricolores vont m'affamer (Vallès, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 81). c) P. méton.
α) [En parlant d'une chose abstr.] Qui a rapport à la nation. On m'a tant reproché (...) de me désintéresser du sort de la Patrie (...) et de tous les problèmes économiques, sociaux, tricolores et féministes! (Léautaud, Pt ami, 1903, p. 77).Qui manifeste un sentiment national, un patriotisme abusif. Rien ne me fait honte comme certaines banalités tricolores (Green, Journal, 1946, p. 49).
β) [En parlant d'une pers.] Adepte du drapeau tricolore et de la République. J'ai senti chez mes confrères, dans leurs critiques des « Loups » de Romain Rolland, (...) un tel dédain pour la dramaturgie et le style que je me demande presque si ce n'est pas la Révolution française elle-même qui les dérange (...). Et s'il en était ainsi, moi que les camarades de Mai taquinent sur mes fidélités tricolores, je m'estimerais comblé (Le Nouvel Observateur, 11 nov. 1968, p. 49, col. 2). 2. Lang. journalistique ou sportive a) [En parlant d'une pers., en partic. d'un sportif] Qui porte les couleurs de la France, qui la représente; français. Joueur, équipe tricolore. De tout temps, la musique « made in France » avait été réputée inexportable. Ce n'est plus vrai. (...) voici nos championnes tricolores tour à tour numéro un en Suède, en Allemagne, en Italie, au Canada et jusqu'en Grande-Bretagne! (Paris-Match, 22 janv. 1988, p. 73, col. 1). − Empl. subst. Victoire des tricolores. En 1948, les tricolores, en s'attribuant la médaille d'argent [en basket-ball] aux Jeux Olympiques de Londres, avaient suscité de réelles espérances (Jeux et sports, 1967, p. 1350). b) [En parlant d'un inanimé, en partic. d'un sport] Français. En clair, l'athlétisme tricolore tremble. Voici presque tarie son exceptionnelle cuvée de ces dernières années. Il a besoin d'une relève immédiate (L'Express, 9 juin 1969, p. 84, col. 3). Prononc. et Orth.: [tʀikɔlɔ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1798. Littré: ,,On a écrit tricolor au masculin``. Étymol. et Hist. I. Adj. et subst. 1. 1695 tricolor « qui est de trois couleurs »; son teint est tricolor (Regnard, Le Bal, sc. 7, p. 130 ds IGLF) − 1832, Raymond; 2. a) [1789 d'apr. FEW t. 2, p. 923b] 1791 « qui a les trois couleurs du drapeau français » le drapeau tricolore (Robesp., Discours, Guerre, t. 8, p. 326); d'où
α) 1823 subst. « l'assemblage des trois couleurs nationales » peindre en tricolore (Le Triboulet, 12 août, p. 2b ds Quem. DDL t. 17);
β) 1885 id. « partisan du drapeau tricolore » (Vallès, loc. cit.); b) 1953 sports id. « sportif français » ici cycl. (Sandry-Carr., p. 208: les tricolores [...] Les [coureurs] français). II. Subst. 1. a) 1718 bot. tricolor « variété d'amarante à trois couleurs » (Ac.); b) 1732 id. tricolor « variété d'œillet » (Trév.); 2. 1723 id. « peau de chat de trois couleurs » (Savary); 3. 1778 id. « tangara » (Buffon, Hist. nat. des oiseaux, t. 4, p. 276). Empr. au b. lat.tricolor « tricolore », comp. de tres « trois » et de color, v. couleur. Fréq. abs. littér.: 330. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 403, b) 754; xxes.: a) 515, b) 344. Bbg. Dub. Pol. 1962, p. 435. − Quem. DDL t. 17, 31. − Ranft 1908, p. 89. |