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TRAÎNEUR, -EUSE, subst.
A. − [Corresp. à traîner I A] Personne, animal qui traîne quelque chose. Traîneur de boulet, de canon. Cette sainte fille appelée Eugénie Lucas, infirme, traîneuse de béquilles (Loti, Chât. Belle-au-bois dorm., 1910, p. 255).Les attelages étaient là dans la cour de la gare. Les gros traîneurs de charrues on les avait attachés dans les brancards des charrettes (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 11).
Traîneur de sabre (vieilli, fam., péj.). Militaire de carrière; soldat de parade, peu occupé. Synon. traîne-rapière (vieilli, s.v. traîne-).Dire qu'il était si joyeux, le jour où il avait quitté le service, après la guerre d'Italie, à l'idée de n'être plus un traîneur de sabre, un tueur de monde! (Zola, Terre, 1887, p. 500).
En partic. [Sans compl.]
Conducteur de traîneau. (Dict. xixeet xxes.).
MINES. Ouvrier employé au transport du minerai sur des traîneaux à patins. En général, le piqueur ou le traîneur accepte le sort qui lui est fait. Au fond de la galerie (...) il sait le danger d'un éboulement, d'une irruption de gaz ou d'une venue d'eau (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 169).
Empl. adj. Bœufs traîneurs (de herse). De loin en loin, passe un cheval traîneur de herse ou tireur de charrue (Verlaine, Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 217).
B. − [Corresp. à traîner II A 3] Personne, animal qui traîne.
1. Vieilli. Soldat qui reste en arrière de son corps d'armée. Synon. traînard.L'armée de cent mille hommes, réduite à trente mille, était côtoyée d'une bande de cinquante mille traîneurs (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 454).
2. Chien courant qui ne suit pas le gros de la meute. (Dict. xixeet xxes.).
3. Fam. Personne qui traîne, flâne, vagabonde, s'attarde. Traîneur de cafés. Elle était du peuple, cette enfant, une traîneuse de rue, dont la mère faisait des ménages et le père travaillait en usine (Vialar, Bête de chasse, 1952, p. 163).
En partic., subst. fém. Femme qui fréquente les mauvais lieux. D'un ton plus sec il lui arrivait d'ajouter: « Va vite te débarbouiller, p'tite traîneuse. Tu m'fais honte dans ta robe sale » (M.-C. Blais, Les manuscrits de Pauline Archange, 1968, p. 32 ds Richesses Québec 1982).
REM.
Traîneux, subst. masc.,région. (Est, Canada) [Corresp. à supra B 3] Vagabond. Ils me disaient souvent comme ça: « Où est-ce que tu vas? Tu n'as pas l'air d'un traîneux, vieux homme (...) » (Claudel, Violaine, 1892, IV, p. 560).
Prononc. et Orth.: [tʀ εnœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694, 1718: traisneur; dep. 1740: traîneur. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1330 subst. fém. trahineresse « celle qui traîne un condamné par les rues » (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie humaine, 7289 ds T.-L.); b) 1640 traisneux d'épée (La Comédie des chansons ds Anc. théâtre fr., t. 9, p. 174); 1639 traisneur d'espée (Corneille, Illusion comique, III, 3); 1805 traîneurs de sabres (Courier, Lettres Fr. et Ital., p. 684); 2. 1689, 2 févr. « personne qui reste en arrière, qui est en retard » (Mmede Sévigné, Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 492); 3. 1694 « braconnier qui chasse au traîneau »; « chien courant qui ne suit pas le gros de la meute »; « soldats qui restent en arrière de la troupe » (Ac.); 4. 1730 « celui qui conduit un traîneau sur la glace » (Savary Suppl.); 5. 1834 traîneuse « femme qui fréquente de mauvais lieux » (Land.); 1873 traîneur de bancs « vagabond, personne qui erre sans but » (A. Daudet, Contes lundi, p. 25). Dér. de traîner*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 14. Bbg. Kemna 1901, p. 92.