| * Dans l'article "TRAVAILLER,, verbe" TRAVAILLER, verbe A. − Empl. intrans. 1. Qqn travaille a) Exercer un effort continu en vue de produire ou de modifier quelque chose. Synon. pop., fam. bosser1, bûcher2, gratter, trimer, turbiner.Travailler vite, lentement, sans effort, d'arrache-pied, dur. V. acharnement ex. 6. − [Dans le cadre d'une activité physique] La Louisiane est peut-être la colonie qui pourrait le plus se passer d'esclaves, puisque son climat permet davantage aux Européens de travailler eux-mêmes. Mais la traite est favorable aux Africains (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 109).C'était des morceaux de steppe glacée, des marais, des baraquements pourris où des hommes et des femmes travaillaient quatorze heures par jour pour six cents grammes de pain (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 297). − [Dans le cadre d'une activité intellectuelle] Le tracas des publications, épreuves à corriger, lettres innombrables auxquelles il faut répondre, etc., etc. J'ai besoin pour travailler de solitude et de concentration sur une seule idée (Hugo, Corresp., 1863, p. 441).Montmartre fut la patrie des cafés dits célèbres (...). On travaillait, on rimait, on composait au café (Fargue, Piéton Paris, 1939, p. 44). − En partic. Exercer une activité intellectuelle en vue d'apprendre, d'étudier. Te rappelles-tu comme j'ai travaillé l'année du concours de l'École? (Nizan, Conspir., 1938, p. 226). b) Exercer une activité, une compétence, un métier dans le but de gagner de l'argent. Travailler pour vivre, pour manger; travailler dans de bonnes, de mauvaises conditions. Semer le blé, cuire le pain, presser le vin, faire des enfants, les élever, travailler pour nourrir sa famille, voilà qui n'est pas du jeu (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 157): 1. ... je te prie de présenter mes baise-mains à ton épouse, quand tu la retrouveras. Va travailler, mon cher Michel, continua-t-il; va travailler, car nous avons besoin de travailler pour rétablir nos affaires; et ne travaille pas cependant jusqu'à te faire du mal.
Nodier, Fée Miettes, 1831, p. 166. ♦ Travailler de ses mains. V. main 1reSection I B 1 a.Travailler comme un nègre*. Travailler comme un cheval*. Travailler comme un forçat*. − En partic. Exercer un métier, avoir une activité professionnelle. Travailler à l'année, à la journée, à temps complet, à temps plein, à mi-temps, à temps partiel, à domicile, en usine. Des Belges qui venaient travailler comme manœuvres du chemin de fer (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 206).Il reste des métiers d'homme. Mais si vous ne voulez rien ignorer de ceux réservés aux femmes, penchez-vous sur ce volume (...). Vous y apprendrez entre autres choses que (...) les sociologues arrivent à travailler à tiers temps après leur mariage (Le Point, 31 janv. 1977, p. 24, col. 3).Travailler en chambre*. ♦ Travailler de son état de (vieilli). Exercer le métier de. Chacun travaillait de son état: les maçons aux murs, les terrassiers aux glacis, etc. (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 6).Travailler à/pour son compte. Exercer son métier en étant son propre patron. Je vais au premier jour le presser de me donner un état, et lui représenter que je suis en âge de travailler pour mon compte (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 57).Travailler à façon*, à la chaîne*, en linge*, aux pièces (v. pièce). − Arg. Exercer une activité lucrative répréhensible; en partic., voler ou se livrer à la prostitution. Les mêmes femmes que j'avais vues, l'après-midi, traîner en négligé, se pressaient maintenant, très parées, pour gagner les boulevards et les lieux où l'on « travaille » (Léautaud, Pt ami, 1903, p. 95).Cependant qu'une autre bande est mise hors d'état de nuire qui « travaillait » dans les draps de lit, les tissus de coton, la laine à tricoter, le cuir (L'Œuvre, 28 mai 1941). c)
α) Effectuer un exercice physique qui demande un effort. Travailler à la barre. Quel trapéziste travaillant actuellement dans le secret nous étonnera demain par quelque trouvaille imprévue (...)? (Arts et litt., 1935, p. 44-9). ♦ CIRQUE. Travailler sans filet. V. filet3. − [Le suj. désigne une partie du corps] Les bras travaillent souples malgré la grande amplitude de leur mouvement (R. Vuillemin, Éduc. phys., 1941, p. 130).
β) Travailler de.[Le compl. désigne une partie du corps] Se servir de, mettre en mouvement. Narcisse Belleau travaillant de la langue, des bras et des oreilles s'empara de deux brouettes (Hamp, Marée, 1908, p. 38).Raboliot ne se demande rien: il marche à travers bois, arrache les fils de laiton noirs à l'écheveau qui s'amincit, plie le genou, travaille des doigts (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 100).Au fig. Travailler du chapeau*. d) Développer une réflexion, faire des investigations. Travailler en collaboration, avec, sous la direction de, en commun. Pour des raisons pratiques il n'est pas toujours possible à l'historien de travailler directement sur les documents originaux (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 120).Inversement, le fait que le folkloriste travaille dans le présent, et à l'intérieur de l'aire de la civilisation mécanique, ne saurait l'isoler de l'ethnologue (Lévi-Strauss, Anthropol. struct., 1958, p. 113). ♦ [P. méton. du suj.] Mon imagination travaillant, je pensais à la jolie nouvelle qu'on pourrait faire avec la mort de cette jeune fille (Goncourt, Journal, 1894, p. 657).Ainsi la linguistique travaille sans cesse sur des concepts forgés par les grammairiens (Sauss.1916, p. 153). − En partic. Travailler pour/contre (qqn ou qqc.).Agir pour/contre l'intérêt de (quelqu'un ou quelque chose). Travailler pour l'ennemi, la France, la résistance. Je voulais agir seul, sans le secours d'aucun homme. Je travaillais pour l'humanité (Musset, Lorenzaccio, 1834, iii, 3, p. 185).Défendre Dreyfus c'était affirmer la bourgeoisie, défendre Sacco, défendre Tao, au nom de la justice, c'est travailler contre soi, c'est vouloir se détruire (Nizan, Chiens garde, 1932, p. 231).Au fig. Le temps travaille pour/contre nous. Le temps qui passe nous est favorable/défavorable. Les capitaux dépendent en partie de notre effort, mais le temps travaille contre nous, en ce sens qu'il permet à d'autres pays de prendre une avance (Pineau, S.N.C.F. et transp., 1950, p. 126). ♦ Travailler pour le roi de Prusse (fam.). V. roi I A 4 d. e) [Qqn désigne un coll.]
α) Avoir une activité de production de biens, de revenus. Travailler pour l'exportation. Actuellement deux sociétés françaises travaillent sous licence américaine (Industr. fr. caoutch., 1965, p. 42).
β) Agir, s'activer. Selon Radcliffe-Brown, tout système social a une « unité fonctionnelle » qui peut être définie de la manière suivante: « la condition grâce à laquelle toutes les parties du système social travaillent ensemble avec un degré suffisant d'harmonie ou de cohésion − sans produire des conflits durables qui ne puissent être résolus ou contenus » (Traité sociol., 1967, p. 106). 2. Qqc. travaille. a) [En parlant de capitaux] Produire des revenus. Je ne force personne, fait observer affablement un préteur à cent cinquante pour cent, mais j'ai des risques et il faut que l'argent travaille (Bloy, Lieux communs, 1902, p. 31). b) Subir une modification, une déformation sous l'effet de facteurs naturels ou artificiels. On choisit ces plateaux bien exempts de fentes, de défauts, aussi secs que possible (...). Les ouvriers prétendent que dans ce cas le bois travaille moins (Nosban, Manuel menuisier, t. 2, 1857, p. 39). − En partic. [Qqc. désigne un aliment] Fermenter. Laissez faire le vin nouveau; Il travaille encore et fermente (Nadaud, Chansons, 1870, p. 284).[Qqc. désigne des couleurs] S'altérer avec le temps. (Dict. xixeet xxes.). c) Supporter une charge, un poids, une traction. Des structures autoportantes analogues à celles que l'on peut réaliser avec le béton − systèmes travaillant à la manière des dalles (Campredon, Bois, 1948, p. 123).On s'aperçoit bien vite que celle-ci [la roue] repose sur l'arbre: donc l'arbre travaille à la flexion en même temps qu'il est moteur; en cas de rupture, on risque de perdre la roue (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 194). d) [En parlant d'un mécanisme d'un moteur] Être en mouvement, fonctionner. Il pointa sa trique vers le haut de la côte où travaillait un moulin à six ailes (Hamp, Champagne, 1909, p. 113).Nous avons montré (...) l'évolution relativement lente de la technique du tissage et avons souligné que le métier à tisser travaillait encore actuellement suivant ces principes (Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p. 169). ♦ Travailler en continu. Fonctionner sans arrêt. L'automatisme par commandes réactionnelles n'est pas une caractéristique des machines travaillant en continu (Couffignal, Mach. penser, 1964, p. 61). B. − Empl. trans. 1. Qqc. travaille qqn a) Vx. Torturer. (Dict. xixeet xxes.). b) Soumettre à une souffrance physique. Le marquis se faisait vieux; la goutte le travaillait sourdement (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 231). c) Soumettre à une souffrance morale. Tous hommes d'honneur et de ferme caractère, de passions fortes, et cependant d'apparence simple, froide et réservée. L'ambition, l'amour, le jeu, la haine, la jalousie, les travaillaient sourdement; mais ils ne parlaient qu'à peine, et détournaient tout propos trop direct et prêt à toucher le point saignant de leur cœur (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 135). d) Causer des troubles, du souci; tourmenter. Une transformation profonde travaille aujourd'hui les peuples allemands (Quinet, All. et Ital., 1836, p. 87).Madeleine, tu ensorcellerais n'importe qui. Il n'y a qu'un point qui m'inquiète, qui me travaille (Cocteau, Parents, 1938, ii, 1, p. 233). − [P. méton. du compl. d'obj. dir.] Cette boisson douce et traîtresse travaillait la cervelle affaiblie de tous ces gens (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 233). 2. Qqn1travaille qqn2 a) Battre. Ceux qui [à Épidaphné] travaillent la populace à coups de bâton, − sont les principaux courtisans du palais (Baudel., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 279).P. méton. Travailler les côtes (à qqn). Si tu t'avisais d'endommager Baptiste en quelque façon, c'est moi qui te travaillerais les côtes (Fabre, Barnabé, 1875, p. 114). − BOXE. Travailler qqn au corps*. b) Soumettre à des influences, des pressions pour convaincre. Bah! reprit Trouche, ce ne serait pas facile de les faire déguerpir (...). J'ai envie de travailler la propriétaire; je lui conterai des histoires, pour les faire flanquer à la porte (Zola, Conquête Plassans, 1874, p. 1196).Travaillez-les, rendez-les fous de rage, mettez le trouble partout (Sartre, Diable et Bon Dieu, 1951, ii, 4, p. 129). − Empl. pronom. réfl. Vous partez d'un franc éclat de rire, à l'idée de ce Mathiez se travaillant pour ne nuire que le moins possible à cette brave classe dominante (L. Febvre, Contre les juges Josaphat, [1948] ds Combats, 1953, p. 110). − [P. méton. du compl. d'obj. dir.] Ce travail préparatoire dura plus d'un an; il fallait attendre de nouvelles élections. Enfin, le jour critique arriva. Depuis deux mois, Malvina travaillait les esprits du voisinage (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 163).Son frère aîné, qui travaillait l'opinion dans un département du Midi, s'était fait blackbouler (Gide, Si le grain, 1924, p. 470). − En partic. [Qqn2désigne un coll.] Convaincre pour inciter à la rébellion, à la révolte. Ils s'agitaient beaucoup, lançaient des manifestes, des pamphlets, des biographies; celle de Fumichon par Hussonnet fut un chef-d'œuvre. Nonancourt s'occupait de la propagande dans les campagnes, M. de Grémonville travaillait le clergé, Martinon ralliait de jeunes bourgeois (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 206). 3. Qqn travaille qqc. a) [Qqc. désigne un inanimé concr.; corresp. à travail II C 3] Soumettre à une série d'actions, à un travail pour obtenir le résultat souhaité. Travailler le bois, la pierre; travailler (un métal) à chaud, à froid. Lorilleux (...) était très vaniteux de travailler l'or, il en voyait comme un reflet sur ses doigts et sur toute sa personne (Zola, Assommoir, 1877, p. 453). − Empl. pronom. passif. Le verre Pyrex exige le chalumeau alimenté par l'oxygène pour pouvoir se travailler avec souplesse (Cl. Duval, Verre, 1966, p. 111). − [P. méton. du suj.] [Les] arts qui travaillent le bois, la pierre, ou les os d'animaux, qui préparent les peaux, et qui forment des tissus (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p. 37). − Travailler la terre. Lui faire subir une suite d'opérations afin de la rendre fertile. Ceux qui vont de grand matin pêcher, travailler la terre, ou ramasser des broussailles sur les montagnes voisines (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 190). − Travailler la vigne. S'occuper de la vigne pour la rendre productive. Les prisonniers travaillaient la vigne pour le compte d'une grande entreprise, sous une surveillance militaire (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 256). − CUIS. Travailler une pâte, une sauce. Remuer pour incorporer les ingrédients. Travaillez cette pâte quelques minutes, en la battant avec le plat de la main, ensuite vous y mêlez le levain qui sera levé à point; vous la travaillez ensuite quelques minutes, afin de la rendre élastique et veloutée (Gdes heures cuis. fr.,Carême,1833, p. 150). b) [Qqc. appartient au domaine intellectuel, artist.]
α) Chercher à acquérir la connaissance ou la maîtrise de quelque chose par l'étude, l'exercice. Synon. fam. bosser1, bûcher2, chiader, potasser.Travailler ses maths, son anglais. Il faut avoir un carnet pour aller au Louvre et travailler l'histoire de la peinture plus sérieusement que je ne l'ai fait jusqu'alors (Gide, Journal, 1893, p. 35).J'emploie cette carte pour t'écrire un petit mot. Travaille ton oral sans inquiétude. J'ai rêvé que tu passerais. Je veux que tu passes (Rivière, Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p. 145). − [P. méton. du compl. d'obj. dir.] Travailler un instrument. Sais-tu si Léo a un peu de temps pour travailler son piano? Il ne doit pas négliger un don qui est extraordinaire (Colette, Sido, 1929, p. 142).
β) Consacrer des efforts à améliorer, perfectionner. Travailler sa démarche, sa voix. [Loïs Masson] enfle son style et le travaille pour retrouver le ton de Bernanos (Mauriac, Journal 4, 1950, p. 188): 2. « Tiens-toi droit! » ou « Mets tes mains sur la table ». Il lui répondait quelque grossièreté, ce qui ne l'empêchait pas de travailler son profil devant la glace. L'année précédente, elle imagina de dormir, une pince à linge sur le nez, pour obtenir un profil grec.
Cocteau, Enfants, 1929, p. 68. c) [Qqc. appartient au domaine sportif] Faire régulièrement des exercices pour devenir meilleur. On ne sait pas ce qui peut arriver (...) Je travaille tous les jours la boxe et le bâton (A. France, Bergeret, 1901, p. 337).Vous avez jamais travaillé les haltères, vous. On se figure que les poids, c'est brutal, c'est inerte (Arnoux, Paris, 1939, p. 214). − TENNIS, PING-PONG. Travailler la balle. ,,La frapper en lui imprimant un effet de rebond qui déroute l'adversaire`` (Petiot 1982). d) [Qqc. désigne un animal] Soumettre à certains exercices pour dresser, entraîner. Travailler des chevaux de course sur des pistes d'entraînement.. En partic. Travailler le taureau. Le soumettre aux exercices nécessaires à la pratique de la corrida. Dans dix ans, Alban reviendra ici travailler encore les taureaux, ayant à son côté une compagne (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 509). 4. Qqc. travaille qqc.Modifier, faire évoluer. Ainsi, le système actuel de la propriété foncière est travaillé par des causes profondes de révolution (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 11). 5. Empl. trans. ind. Qqn/qqc. travaille à/pour a) Travailler à + subst.
α) Consacrer des efforts, du temps, à la réalisation de. Travailler à un article, une broderie, un ouvrage; travailler aux barricades, aux fortifications. Pendant l'après-midi elle dut travailler au maillot de laine qu'elle voulait offrir à son père pour le jour de l'an (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 123): 3. On sent facilement que cette vie avait dû me déranger un peu, et que souvent je n'étais pas très exact à venir travailler au dictionnaire. Rivarol, un matin, me le fit sentir avec une aigreur marquée. De mon côté, je répondis avec humeur, cependant, je me remis au travail, mais le travail fut silencieux, les communications sèches et froides.
Chênedollé, Journal, 1822, p. 120.
β) Agir en faveur de. Si le devoir du mari est de travailler au bonheur de la société, le devoir de la femme consiste à ne s'occuper que du bonheur de sa famille (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 335).Ainsi la loi travaille doublement à la dispersion, au morcellement de la fortune du père (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 208). b) Travailler à + inf.Développer une activité continue en vue de. Chaque nouveau système d'organes acquis, se conserve toujours dans les organisations subséquentes; mais la nature travaille ensuite à le perfectionner de plus en plus (Lamarck, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 158).Les archivistes, parce qu'ils sont eux-mêmes des historiens, entendent travailler à développer dans le public le « sens historique » (Hist. et ses méth., 1961, p. 1161). c) Travailler pour que + subj.Agir pour. Notre union est le seul moyen d'en finir avec [le régime de pouvoir personnel] (...) Inlassablement et sans la moindre équivoque, nous travaillons pour qu'elle se fasse (L'Humanité, 13 mars 1967). REM. Travaillant, -ante, part. prés.,adj. et subst. masc. a) Adj. Qui travaille. Les pièces travaillantes [des houes] sont des dents cintrées lorsqu'il s'agit simplement d'ameublir le sol et de détruire les racines des plantes adventices (Brunet, Matér. vitic., 1909, p. 145).Surfaces travaillantes. Surface supérieure et surface inférieure des meules qui écrasent les matières à moudre. (Ds Littré, Lar. Lang. fr., Rob. 1985). b) Subst. masc., rare, région. (Québec). Personne qui travaille. C'était un bon garçon, un travaillant, et je l'aimais bien (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p. 144).Angélina lui demanda: − De quoi c'est que t'as à te plaindre de lui s'il est si bon travaillant? (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 38). Prononc. et Orth.: [tʀavaje], (il) travaille [-vaj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Trans. A. 1. « tourmenter, faire souffrir moralement » a) ca 1100 d'une personne (Roland, éd. J. Bédier, 380); b) ca 1176 d'un inanimé abstr. (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4527: Ensi travaille Amors Fenice, Mes cist travauz li est delice, Qu'ele ne puet estre lassee); 2. ca 1176 « soumettre physiquement à une action pénible, fatiguer » (Id., ibid., 3323: Molt fu la poisons bien confite Qui si le travaille et demainne); 3. ca 1180 traveillier « torturer, martyriser » (Hist. Joseph, 1007 ds T.-L.); 4. 1397 travaillier « dresser, exercer » ici, un chien (Gace de La Buigne, Deduis, éd. Å. Blomqvist, 6735); 5. 1792 arg. travailler le casaquin « rouer de coups » ici, p. métaph. ([Le Père Duchêne de la rue Pavée] Billet doux du Père Duchêne, p. 1 ds Quem. DDL t. 32, s.v. pisse-froid); 1793 travailler les côtelettes « id. » au propre (Lombard de Langres ds Larch. 1872, s.v. casaquin). B. Ca 1165 pronom. réfl. « se donner de la peine, s'efforcer » (Grant mal fist Adam, éd. W. Suchier, 87, 5). C. 1. Ca 1200 « soumettre une matière, une chose, à une action destinée à en modifier la forme ou les propriétés » (Poème moral, éd. A. Bayot, 1246: Bien savoit Ke lo lin, dont home vult cansil faire, Covient mut travilhier, batre, trieleir et traire); 2. 1599 « soumettre à un travail de remaniement, de correction, pour améliorer ou atteindre l'effet souhaité » ici, au part. passé (Amyot, Vies des hommes illustres, Timoléon, 47 ds Littré [t. 1, p. 561 ds l'éd. G. Walter]: La poésie d'Antimachus et la peinture de Dyonisius sont bien pleines de nerfs et de vigueur; mais on voit incontinent, que ce sont choses travaillées et faittes avec peine et labeur); 3. 1847 « soumettre à l'exercice (une partie du corps) pour améliorer son efficacité » (Balzac, Splend. et mis., p. 235: Le chanteur travaille son larynx); 4. 1875 « essayer d'acquérir une connaissance par l'étude » (Zola, Faute Abbé Mouret, p. 1302). D. Trans. indir. 1. xiiies. travaillier à + inf. « s'efforcer de » (Villehardouin, Conquête de Constantinople, éd. E. Faral, 90, var. mss CD); 2. 1384-85 travailler à qqc. « pratiquer son métier sur quelque chose » (Dehaisnes, Doc. [...] concernant l'hist. de l'art dans la Flandre, t. 2, p. 604 ds Gemmingen Arbeit, p. 112). II. Intrans. 1. 1remoit. xiies. « être en peine, s'épuiser » (Psautier Cambridge, 6, 6 ds T.-L.); 2. ca 1165 « être dans les douleurs de l'enfantement » (Guillaume d'Angleterre, éd. A. J. Holden, 454); 3. ca 1200 « exercer une activité qui demande un effort » (Poème moral, 235); xiiies. travailler en une vigne (Sermons poit., 42 ds T.-L.); 1534 « exercer une activité assurant la subsistance » (doc. ds H. Hauser, Ouvriers du temps passé, XVe-XVIes., p. 63 ds Gemmingen Arbeit, p. 115); 1581 faire travailler « embaucher, employer » (doc. ds R. de Lespinasse, Les métiers et corporations de la ville de Paris, t. 3, p. 377, ibid., p. 114); 4. 1675 « produire des revenus » (de l'argent) (Mmede Sévigné, lettre 13 nov. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 159); 5. 1690 « subir une force, une action » (d'un objet, d'une matière, d'une substance) (Fur.); 6. 1721 au fig. « être en effervescence » (Montesquieu, Lettres persanes, p. 98: Mon esprit travaille depuis deux jours). D'un lat. vulg. *tripaliare « torturer », dér. de tripalium (travail2*). Contrairement à l'évol. de travail1*, le passage de « se donner de la peine » à « exercer une activité utile, en partic. un métier » s'est fait très progressivement, sans rupture et a été facilité par l'homon. partielle d'ouvrer* avec ouvrir*, ce qui a entraîné à partir du xviies. la disparition d'ouvrer* dans ce sens au profit de travailler. FEW t. 13, 2, p. 291; Gemmingen Arbeit, pp. 112-119. Fréq. abs. littér.: 12 361. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13 106, b) 20 163; xxes.: a) 19 486, b) 18 863. DÉR. Travailloter, verbe intrans.,fam. Travailler mollement, sans mettre beaucoup d'énergie à la tâche qu'on exécute. Travailloté jusqu'au dîner. Après dîner, lu à Em. les quelques premières pages de La Porte Étroite (Gide, Journal, 1906, p. 213).− [tʀavajɔte], (il) travaillote [-jɔt]. − 1reattest. 1865 (Labiche et Delacour, L'homme qui manque le coche, Paris, Dentu, p. 6); de travailler, suff. -oter*. BBG. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 299. − Goug. Mots. t. 1. 1962, pp. 201-203. − Gray (L. H.). Six romance etymologies... Rom. R. 1942, t. 33, p. 163. − Ostrá (R.). Struct. du signe ling. et chang. sém. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, no1, p. 127. − Quem. DDL t. 1, 16, 27, 28, 32. |