| TRANSVERSAL, -ALE, -AUX, adj. A. − Qui coupe en travers un axe longitudinal. 1. [En parlant d'une voie de communication] a) Qui coupe la route ou la voie à laquelle on se réfère. Synon. transverse.Rue, artère transversale. La jument pouvait avoir pris un chemin transversal pendant qu'il dormait (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 59). − Empl. subst. fém. Axe de circulation qui en coupe un autre. Le plan [d'Exeter] demeure toujours celui de la ville romaine: deux axes se coupant à angle droit, dirigés nord-sud et est-ouest (...). Aujourd'hui, Exeter possède une autre transversale nord-sud: Queenstreet, doublant le vieil axe romain (P. Lavedan, Urban., 1926, p. 101). b) Qui coupe au travers, qui traverse directement. Synon. de traverse*, traversier.L'ami qui m'accompagnait (...) me proposa de gravir jusqu'au haut de la montagne qui domine le vallon. Il ne songeait pas que du sommet jusqu'au fond du gouffre il n'y a qu'un sentier transversal, incapable de nous retenir si le pied nous manquait (Dusaulx, Voy. Barège, t. 2, 1796, p. 107). − [En parlant d'un véhicule, du trafic] Qui emprunte cette voie directe. Arrivés à Domo d'Ossola à trois heures du matin. Petite voiture transversale pour passer le Simplon (Michelet, Journal, 1830, p. 74).Aux XVIIeet XVIIIesiècles, plus de 200 chevaux et mulets passaient la montagne chaque semaine. La construction de la route du Simplon, en 1805, le percement du tunnel du Gothard en 1882 ruinèrent ce trafic transversal et rendirent la prépondérance à la voie longitudinale suivant le thalweg du Rhône (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p. 183). c) Qui relie deux voies de circulation parallèles ou divergentes à partir d'un centre. La chaussée du Tyrol se joint à la chaussée de la Carinthie par six communications transversales (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 672).P. métaph. Il était devenu tellement pour moi l'auteur d'une œuvre admirable à laquelle je pensais constamment que ce n'est que par hasard, quand j'établissais un courant transversal entre deux séries de souvenirs, que je songeais qu'il était le même qui avait amené le départ d'Albertine de chez moi (Proust, Temps retr., 1922, p. 730). − Empl. subst. fém. Ces 10 lignes [de transport] étaient reliées entre elles par des transversales permettant l'exécution de variantes prévues ou à improviser en cours de concentration (Joffre, Mém., t. 1, 1931, p. 174). 2. Qui coupe perpendiculairement l'axe longitudinal d'une chose de forme allongée. Section transversale d'un tuyau, d'une tige. Une nef transversale coupe la grande nef entre le chœur et le maître-autel, et forme ainsi les bras de la croix (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 149).Si la compression est parallèle à l'axe, au fil du bois, on la dit « axiale » ou de fil; si elle est perpendiculaire à l'axe et attaque le bois transversalement, on la dit « transversale », ou de flanc. Elle peut agir obliquement par rapport aux fibres; on la dit alors oblique (Campredon, Bois, 1948, p. 27). − GÉOMORPHOL. Qui est perpendiculaire à l'axe d'une chaîne montagneuse. Le chemin est partout assez beau, dans le fond d'une vallée étroite, généralement dirigée au Sud-Sud-Est, et où les angles rentrants correspondants aux angles saillants sont très-marqués. Aussi cette vallée doit-elle être considérée comme transversale; elle coupe à-peu-près à angles droits les couches des rochers, comme le fait aussi la Sermente qui l'arrose (H.-B. de Saussure, Voy. dans les Alpes, t. 4, 1796, p. 364 ds Quem. DDL t. 27, s.v. vallée). ♦ Crevasses transversales d'un glacier. ,,Crevasses perpendiculaires au sens de l'allongement ou de la progression du glacier`` (George 1984). ♦ Profil transversal d'une vallée. ,,Profil des versants et du fond, perpendiculairement au talweg`` (George 1984). 3. ANAT. Qui est disposé perpendiculairement au plan de symétrie du corps, au grand axe d'un organe. Synon. transverse; anton. longitudinal.Muscle transversal du nez. On y voit [dans le second estomac] intérieurement des cannelures longitudinales, épaisses et arrondies, réunies par des cannelures transversales plus petites, qui s'entrelacent comme les doigts de deux mains jointes (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 402). − Empl. subst. masc. Muscle disposé perpendiculairement. Transversal du nez, de l'abdomen, des orteils. V. anthélicien ex. 4. SPORTS (de ballon). Passe transversale et, empl. subst. fém., transversale. Passe que l'on fait dans le sens de la largeur du terrain. Vous utiliserez les transversales d'une aile sur l'autre (L'Équipe, 1ernov. 1950 ds Petiot1982). 5. MATH. [En parlant d'une droite] Qui coupe une figure (polygone, courbe, surface). − Empl. subst. fém. Théorème de la transversale. Théorème découvert par Hipparque, définissant les relations entre les segments déterminés sur les côtés d'un triangle et leurs prolongements, appelé aussi théorème de Ménélaos. Puis, au commencement du XIXesiècle, Carnot dévoila la fécondité du théorème de Ménélaos et étendit la théorie des transversales à la géométrie des courbes (Nouv. Lar. ill.). B. − 1. Qui est placé en travers, en prenant appui sur des supports verticaux. Moteur transversal; poutre transversale. Des écorces de bouleau, un bout appuyé sur le sol, l'autre sur la gaule transversale, formèrent le toit incliné de notre palais (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 294). − SPORTS (footb., rugby). Barre transversale et, empl. subst. fém., transversale. Barre horizontale reliant les poteaux de but. Un boulet qui frappa la transversale et retomba à l'intérieur de la cage (Le Midi Olympique, 24 nov. 1969ds Petiot 1982). 2. a) Qui coupe perpendiculairement un axe vertical; p. ext., horizontal. Ce soir, à Beaune, j'ai eu l'honneur d'assister à une longue discussion: faut-il vendanger le Clos-Vougeot par bandes transversales et parallèles à la route, ou par bandes verticales allant de la route au sommet du coteau? (Stendhal, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 117).La vieille l'écoutait avec méfiance, en clignotant des yeux, et dans son visage d'un jaune de cire, où les lèvres avaient disparu, la bouche n'était plus qu'une fente transversale (Barrès, Colline insp., 1913, p. 258). − CARTOGR., GÉOGR. Qui coupe perpendiculairement un axe nord-sud. Empl. subst. fém. Achèverait-elle [l'Angleterre, en 1896] cette voie ferrée du Cap au Caire (...)? Mais les nations rivales avaient aussi le temps de couper cette magnifique route militaire et commerciale. (...) la France pouvait espérer de joindre sa colonie orientale d'Obock, où le Négus était pour elle, à son vaste domaine de l'Ouest africain: la transversale ainsi menée arrêtait net la route verticale de l'Angleterre (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p. 40). b) ÉPISTÉMOL. Étude transversale. ,,Étude synchronique d'individus ou de groupes, faisant porter la comparaison sur des différences simultanées et non sur une évolution`` (Piéron 1973). Anton. étude longitudinale*. 3. JEUX DE HASARD (roulette), empl. subst. fém. Transversale pleine. Série de numéros horizontaux. Les chances multiples sont au nombre de sept: le « numéro plein » (rapportant trente-cinq fois l'enjeu); « à cheval », c'est-à-dire sur deux numéros (dix-sept fois la mise), « sur les transversales pleines », c'est-à-dire sur trois numéros voisins du tableau de mise (onze fois) (Jeux et sports, 1967, p. 554). REM. 1. Transversalement, adv.a) Perpendiculairement à un axe longitudinal. Sur la plupart des navires de mer les membrures de résistance sont des couples disposés transversalement, donc perpendiculairement à la quille (Le Masson, Mar., 1951, p. 107).b) Perpendiculairement à un axe vertical. Un (...) pastel [de Degas] représente le baisser du rideau sur une fin de ballet; le rideau divise transversalement la toile et l'on ne voit que les jambes des danseuses (Mauclair, Maîtres impressionn., 1923, p. 170).Au fig. [P. oppos. à une structuration hiérarchique] Sur un plan horizontal. Ce poids économique considérable n'a qu'un seul défaut, celui de se répartir transversalement dans une multitude d'applications (Le Monde, 19 sept. 1986, p. 12, col. 1). 2. Transversalité, subst. fém.a)
α) Fait d'être perpendiculaire à un axe longitudinal, à une direction donnée. Peu après, il [Fresnel] interprète les phénomènes de double réfraction et ceux de polarisation (étudiés à cette époque [après 1820] par Malus, Arago et Fresnel lui-même), en introduisant l'hypothèse de la transversalité des vibrations lumineuses (L. de Broglie, Théorie quanta, 1959, p. 95).
β) Au fig. [P. oppos. à une organisation hiérarchisée ou centralisée] Organisation horizontale. Transversalité des commissions du CNRS. [Il faut] restaurer la fraîcheur de l'inspiration initiale, c'est-à-dire la transversalité, la coexistence féconde d'activités habituellement séparées (Le Monde, 20 janv. 1984, p. 1).b) Math. ,,Outil important en topologie différentielle moderne, dont l'étude a été entreprise par R. Thom sur des idées de Poincaré et qui repose sur la notion de sous-variétés transverses`` (Bouvier-George Math. 1979). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃svε
ʀsal], [tʀ
ɑ
̃z-], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1377 « qui est disposé en travers » (N. Oresme, Le Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut, p. 454: la figure d'un arbre transversal); 2. 1534 anat. (Le Guidon en françoys, 48c ds Rom. Forsch. t. 32, p. 175: deux muscles transversaulx); 3. a) 1796 « qui traverse, est en travers (par rapport à un axe principal) » (Dusaulx, loc. cit.); 1823 (Las Cases, op. cit., p. 708: routes transversales); 1836 (Stendhal, L. Leuwen, t. 3, p. 243: rue transversale); b) 1894 ch. de fer ligne transversale (Bricka, Cours ch. de fer, t. 2, p. 205); 4. 1796 géol. vallée transversale (H.-B. de Saussure, loc. cit.); 1869 (Élie de Beaumont, Stratigraphie, p. 510: fissures transversales; p. 515: fractures transversales); 1888 (E. de Margerie et A. Heim, Les Dislocations de l'écorce terrestre, p. 21 ds Quem. DDL t. 30: faille transversale). B. Subst. fém. 1. 1806 géom. (L. Carnot, Essai sur la théorie des transversales, Paris ds Gde Encyclop.); 2. 1883 jeu (Delvau Suppl.); 3. 1900 sports barre transversale (L'Auto-Vélo, 31 déc. ds Petiot 1982); 1969 subst. transversale (Le Midi Olympique, loc. cit.); 4. 1914 « route, rue transversale » (Maurras, loc. cit.); 1926 (P. Lavedan, loc. cit.). Empr. au lat. médiév.transversalis « placé en travers, transversal » (xiiies., FEW t. 13, 2, p. 226b; Latham; Du Cange; NED), dér. du lat. class. transversus (v. transverse, travers). Fréq. abs. littér.: 340. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 986, b) 357; xxes.: a) 240, b) 268. Bbg. Quem. DDL t. 41. |