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TRANSSUDER, verbe
A. − Empl. intrans.
1. [Le suj. désigne un liquide] Passer au travers d'un corps en fines gouttelettes, comme le fait la sueur. Synon. exsuder, filtrer, suinter.[Les Espagnols] écrasent leurs olives dans des pressoirs séculaires et mal soignés, imprégnés depuis cinq cents ans de vieilles huiles qui transsudent dans les nouvelles et les rancissent (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p. 96).Les grès, au contraire, même les murs étant épais, conservent une quantité d'eau considérable qui transsude perpétuellement à l'intérieur (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 358).
P. métaph. La Sœur Angélique: (...) Toujours dissimuler en soi une plaie de douleur et de crainte... (Posant la main sur la croix écarlate de son scapulaire:) Comme il est juste que nous ayons sur nous cette croix de sang! C'est le cœur qui a transsudé (Montherl., Port-Royal, 1954, p. 1001).
− Domaine de la méd.Une gelée durcie comme de la corne qui a transsudé de la membrane interne (Cuvier, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 407).
[P. méton. du suj.] Soignez-vous: ne sortez pas avant d'avoir transsudé; ne jouez pas avec les refroidissements (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1885, p. 101).
2. Au fig., littér. Émaner de, transparaître au travers de. Synon. filtrer, passer1.De toute cette figure transsudait (...) cette bonté joyeuse et active dont l'expression valait un miracle (Bloy, Désesp., 1886, p. 162).
[Sans compl. prép.] L'écriture gréco-latine a transsudé chez les peuples du Nord (M. Cohen, L'Écriture, 1953, p. 75 ds Rob. 1985).
B. − Empl. trans.
1. Laisser passer sous forme de fines gouttelettes. Synon. exsuder.L'écorce de cet arbre transsude une sorte de gomme (Ac.1878, 1935).
2. Au fig., littér. Exhaler, dégager. Pauvre créature!se disait-il, je suis Dieu pour elle, en ce moment, Dieu le Père! Si le bonheur avait des propriétés lumineuses, notre sapin serait le char du prophète Élie, car elle transsude la jubilation (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 58).
REM. 1.
Transsudant, -ante, part. prés. en empl. adj.[Corresp. à supra A] Qui transsude. À leurs haleines brèves, ainsi qu'à leurs peaux transsudantes, on s'aperçut enfin de la méprise où l'on errait (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 276).
2.
Transsudat, subst. masc.,méd. ,,Liquide d'origine plasmatique accumulé par transsudation dans une cavité séreuse ou dans les espaces interstitiels où il n'est pas habituellement présent`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Le transsudat est un épan-chement de liquide d'origine purement mécanique, ayant une basse densité, contenant peu de protéines, peu de fibrine et de cellules, celles-ci surtout composées d'hématies, de lymphocytes et de cellules endothéliales (Encyclop. Sc. Techn.t. 51971, p. 532, s.v. exsudat).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃ssyde], (il) transsude [-syd]. Fér. Crit. t. 3 1788 [tʀ ɑ ̃sy-]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. Intrans. a) 1700 « passer au travers des pores d'un corps par une espèce de sueur » le suc... transsude au travers des bronches (Liger, Nouv. Maison rust. ds Delb. Notes mss); b) 1846 fig. « émaner de quelque chose, transparaître » (Flaub., Corresp., p. 321); 2. trans. a) 1779 « émettre lentement en laissant passer par les pores » transsuder... une espèce de manne (Saussure, Voy. Alpes, t. III, p. 226 ds Pougens ds Littré); b) 1848 fig. « dégager, exhaler » transsude un ennui de garnison (Flaub., Champs et grèves, p. 248). Comp. de l'élém. formant trans- et du lat. sudare, v. suer. Fréq. abs. littér.: 32.
DÉR.
Transsudation, subst. fém.a) Action de transsuder; résultat de cette action. Synon. exsudation, suintement.La transsudation de l'eau à travers les pores de certains vases (Ac.).P. métaph. Quelquefois le mur le plus noir et le plus bourru parle, et d'entre les pierres une lueur sort. Une vague transsudation de clarté se dégage parfois d'un entassement fermé et sombre (Hugo, Homme qui rit, t. 3, 1869, p. 67).b) Méd. ,,Passage de liquide provenant du plasma à travers la paroi vasculaire anatomique intacte dans une cavité séreuse ou dans les espaces interstitiels, à la suite d'une stase circulatoire, veineuse ou lympathique`` (Man.-Man. Méd. 1977). [tʀ ɑ ̃ssydasjɔ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1798. 1resattest. a) 1714 « action de transsuder » (J. Astruc, Traité de la cause de la digestion... Toulouse, chap. V, p. 79, note a), b) 1869 fig. « émanation » (Hugo, loc. cit.); de transsuder, suff. -(a)tion*.
BBG.Gohin 1903, p. 289 (s.v. transsudation).