| TRANSPLANTER, verbe trans. A. − 1. [Le compl. d'obj. désigne un végét.] Extraire de la terre pour replanter ailleurs. Transplanter des fleurs, de jeunes arbres. J'avais fait préparer un endroit charmant du parc pour y transplanter vos rosiers (Soulié, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 287).Dès que la terre se réchauffait, on pouvait voir l'infirme agenouillée auprès des plates-bandes, ou penchée au-dessus des corbeilles, à transplanter des pots en pleine terre les boutures ou les plants (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 60). 2. P. anal., BIOL., CHIR. Greffer un organe (ou une partie de celui-ci) prélevé sur un individu, vivant ou non, dans un organisme vivant. Transplanter un rein. Il arrive très exceptionnellement que deux individus soient assez semblables pour pouvoir échanger leurs tissus. Autrefois, Cristiani transplanta chez une petite fille, dont la glande thyroïde fonctionnait mal, des fragments de la thyroïde de sa mère. L'enfant guérit (Carrel, L'Homme, 1935, p. 287).V. hétérogreffe ex. de J. Rostand. B. − P. anal. ou au fig. 1. [Le compl. d'obj. désigne une pers., un animal] Faire passer d'un pays, d'un lieu, d'un milieu dans un autre, avec la perspective d'un établissement durable. Ce superbe et gracieux animal [le cheval arabe] perd de sa beauté, de sa douceur et de sa forme pittoresque, quand on le transplante, de son pays natal et de ses habitudes familières, dans nos climats froids (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 248).Brusquement transplantée dans un cercle très différent de son entourage provincial, elle ne s'y adapta pas sans effort (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 40). − Empl. pronom. réfl. Quitter un séjour pour s'établir dans un autre. Il y a je ne sais quoi de calmant dans l'air de la patrie. On a beau se transplanter dans un autre pays, on laisse ses racines dans le sol natal (Lamennais, Lettres Cottu, 1835, p. 276).C'est ce qu'il y a de plus résistant dans la société chinoise, la famille, qui se transplante dans son intégrité pour faire souche ailleurs, et qui, grâce à sa cohésion, y réussira (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 44). 2. [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Faire passer du milieu d'origine dans un autre milieu pour implanter, faire adopter. Synon. transporter.Transplanter un art, une doctrine d'Orient en Occident; transplanter des habitudes. De toutes les observances judaïques, je n'en voudrais transplanter dans le christianisme que celle-ci (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 67).Della Rocca de Vergalo (...) a seulement tenté comme beaucoup d'étrangers de transplanter dans notre langue les règles prosodiques et grammaticales de la langue péruvienne (Thibaudet, Réflex. litt., 1936, p. 12). ♦ Empl. pronom. passif. La puissance de l'Europe et la sagesse de l'Asie se transplanteront peut-être un jour par les Anglais dans l'Amérique septentrionale (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 300). − P. ext., littér. Adapter à un milieu, à un mode de vie différent, acclimater. L'Espagne chère à sa jeunesse, le monde amusant et gracieux de ses premières œuvres (...) [Corneille] les retrouve presque dans cette fantaisie agréable, qu'il n'a qu'à transposer, à transplanter dans ce Paris qui lui est cher (Brasillach, Corneille, 1938, p. 236).V. acclimater ex. 16. Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃splɑ
̃te], (il) transplante [-plɑ
̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1remoit. xiies. tresplanter [trad. du lat. transplantatum] « arraché de sa place et replanté ailleurs » (Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, I, 3), attest. isolée; 1528 transplanter (Christol, tr. Platine, 39d [Vaganay, Franç. mod.] ds Hug.); 2. 1585 « faire passer quelque chose de son milieu d'origine dans un autre milieu, pour l'implanter, le faire adopter » (N. Du Fail, Contes et Discours d'Eutrapel ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 161); 3. 1657 « faire passer une personne, d'un lieu, d'un pays dans un autre, pour l'y établir durablement » (Taillevant des Reaux, Historiettes, I, 223: une famille de Florence [...] a été transplantée dans le comtat d'Avignon); 1898 un transplanté part. passé subst. (L. Daudet, A. Daudet, p. 161: le nord homicide nous attaque, nous, les transplantés); 4. 1898 « greffer dans un organisme vivant un organe (prélevé sur un autre individu) » peau transplantée (Ollier, Des Greffes autoplastiques obtenues par la transplantation de larges lambeaux dermiques ds C.r. de l'Ac. des sc., t. 126, p. 1254); 1967 un transplanté part. passé subst. « personne qui a subi une transplantation » un transplanté cardiaque (Rob. Suppl.). Empr. au b. lat.transplantare « transplanter », comp. de trans « au-delà, par-delà » et de plantare « planter », dér. de planta « plant, rejeton ». Fréq. abs. littér.: 48. DÉR. 1. Transplant, subst. masc.,biol., chir. Organe (ou partie d'organe) destiné à être transplanté. Les chirurgiens ont recueilli le transplant sur le cadavre (Harvier dsNouv. Traité Méd.fasc. 81925, p. 247).− [tʀ
ɑ
̃splɑ
̃]. − 1resattest. a) 1572 transplant d'arbres (Les Mots fr. selon l'ordre des lettres chez Chesneau, Paris), attest. isolée, b) 1898 biol. « organe, tissu transplanté » (Ollier, loc. cit.); déverbal de transplanter. 2. Transplantable, adj.a) [En parlant d'un végét.; corresp. à supra A 1] Qui peut être transplanté. (Dict. xixeet xxes.). Arbres transplantables. b) [En parlant d'une pers.; corresp. à supra B 1] Qui peut être transplanté. Le Breton jeune est difficilement transplantable (Renan, Souv. enf., 1883, p. 173).− [tʀ
ɑ
̃splɑ
̃tabl̥]. − 1reattest. 1605 [éd.] plantes ... transplantables (Serres, VI, 7 ds Hug.); de transplanter, suff. -able*. 3. Transplantoir, subst. masc.,hortic. Petite pelle de forme allongée et creuse servant à transplanter des végétaux. Les marguerites: couper la plante (on dit rabattre) jusqu'à 4 cm du sol, l'arracher avec une petite motte (un transplantoir suffit pour ce travail) (Elle, 19 août 1968, p. 17, col. 3).− [tʀ
ɑ
̃splɑ
̃twa:ʀ]. − 1reattest. 1796 (Encyclop. méthod. Art aratoire et du jardinage, p. 229); de transplanter, suff. -oir*. BBG. − Quem. DDL t. 10 (s.v. transplant). |