| * Dans l'article "TRANSFORMER,, verbe trans." TRANSFORMER, verbe trans. A. − 1. [Le compl. d'obj. désigne une pers., son aspect physique, sa manière d'être,...] a) Donner une autre forme à. Je remarquai qu'elle avait transformé sa coiffure qui était maintenant semblable à celle d'Odile (Maurois, Climats, 1928, p. 107). − Empl. pronom. réfl. Se métamorphoser. Protée se transformait de mille manières (Ac.1935). b) P. anal. ou au fig.
α) Donner un aspect différent à. Ses yeux (...) luisaient d'un éclat extraordinaire. Ils semblaient noirs, tant le point central en était agrandi par l'émotion, jusqu'à envahir la prunelle. Je remarquai ce détail parce qu'il transformait toute sa physionomie (Bourget, Disciple, 1889, p. 191). − En partic. Améliorer l'état physique de. Il était très délicat, ce long séjour au grand air l'a bien transformé (Ac.1935).
β) Changer complètement le caractère, la nature, l'état psychologique de quelqu'un. L'éducation peut transformer un enfant. Ainsi entendue, la confession pouvait et devait transformer un être et faire surgir véritablement l'homme nouveau de la dépouille du vieil homme (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 230).Une petite femme un peu violente et un peu vicieuse, y a pas à dire, ça vous transforme un homme à pas le reconnaître (Céline, Voyage, 1932, p. 485). ♦ Au part. passé. Il était tout à fait transformé, semblable au Justin de l'adolescence, vraiment beau de lyrisme (Duhamel, Combat ombres, 1939, p. 219). − Empl. pronom. Devenir autre, changer de telle manière que le comportement, la personnalité se trouvent visiblement modifiés. Indolent et léger pendant la paix, Jean-Casimir se transformait sur le champ de bataille. Là, il était vraiment roi; là seulement il trouvait des sujets dévoués et fidèles (Mérimée, Cosaques d'autrefois, 1865, p. 177).L'homme est libre dans la mesure où il se conçoit autre qu'il n'est, où il se meut, change, se transforme pour devenir tel qu'il se pense (Choisy, Psychanal., 1950, p. 116). 2. [Le compl. d'obj. désigne une chose] a) Rendre différent, faire devenir autre, modifier entièrement. Le mystérieux, exécrable et divin argent qui avait transformé sa vie et son âme en un clin d'œil (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 105).Je me demandais s'il espérait qu'une baguette magique transformerait selon son rêve ce pavillon de petit rentier (Blanche, Modèles, 1928, p. 37). ♦ DR. ,,Apporter à un produit donné des modifications de forme ou de composition, par traitement physique ou chimique, par opérations manuelles ou mécaniques, qu'il y ait ou non une ou plusieurs matières premières se retrouvant ou non dans le produit brut`` (Barr. 1967). ♦ SPORTS (rugby, jeu à treize). Transformer un essai. Faire la transformation d'un essai. C. marque un essai que R. transforme en but (L'Auto-vélo, 29 oct. 1900ds Petiot 1982).Empl. abs. B. transforme par un excellent coup de pied (L'Auto, 14 mars 1904ds Petiot 1982). − Empl. pronom. Devenir différent. En même temps que l'habitat, le mode de vie s'est transformé. Cette transformation est due surtout à l'accélération de la rapidité des communications (Carrel, L'Homme, 1935, p. 14). b) Donner un aspect différent à. Il avait poussé la courtoisie jusqu'à faire transformer la chambre à coucher, pendant une de nos absences, pour que le cadre ne me rappelât pas de tristes souvenirs (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 232). − INFORMAT. ,,Changer la présentation de l'information, d'une donnée, sans en modifier la valeur sémantique`` (Le Garff 1975). Transformer des données décimales en données binaires (Le Garff 1975). − MATH. Transformer une équation, une expression algébrique. La changer en une autre équivalente dont la forme soit différente. (Dict. xixeet xxes.). B. − [Avec un compl. second. précisant l'aboutissement de la transformation] Transformer qqn, qqc. en 1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.] a) Faire passer quelqu'un de sa forme naturelle à une autre forme, métamorphoser en. Homère dit que Circé transforma les compagnons d'Ulysse en pourceaux (Ac.). − Empl. pronom. Se métamorphoser en. La chenille se transforme en papillon (Ac.1935).Luizzi, grâce à la vision surnaturelle qui lui était accordée de temps en temps, Luizzi vit le diable se transformer en une mouche de petite dimension (Soulié, Mém. diable, 1837, p. 83): ... quand je dis que le fakir transforme un œuf en mouchoir ou que le magicien se transforme en un oiseau sur le toit de son palais je ne veux pas dire seulement qu'un objet ou un être a disparu et a été remplacé instantanément par un autre. Il faut un rapport interne entre ce qui s'anéantit et ce qui naît...
Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p. 313. b) Au fig.
α) Donner, faire prendre à quelqu'un la manière d'être, l'aspect, la nature de. Quand on transforme les soldats en machines, si ces machines cèdent à la force, on n'a pas le droit de s'en plaindre (Staël, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 108).L'expérience que nous allions tenter à l'Empire comporterait un certain nombre d'éléments visuels qui avaient fait défaut au concert. Si nous parvenions à transformer l'auditeur en spectateur, l'avenir s'ouvrait (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p. 108).
β) Empl. pronom. Devenir différent en prenant l'aspect, la manière d'être de. Ils ne croiront pas non plus qu'on ait imposé à des guerriers revenant de la victoire, couverts de lauriers (...), l'horrible tâche de se transformer en bourreaux (Constant, Esprit conquête, 1813, p. 153).Jane se transforma lentement en une vieille femme un peu sourde, mais aimable, dont les yeux brillaient encore quand elle parlait du poète (Maurois, Ariel, 1923, p. 353). 2. [Le compl. d'obj. désigne une chose] a) Faire passer quelque chose de sa forme naturelle à une autre forme, métamorphoser en. V. supra ex. de Merleau-Ponty. − Empl. pronom. Se métamorphoser en. Tu verras durant l'opération magique se transformer en dieu les vapeurs de l'encens (Nerval, Sec. Faust, Examen analytique, 1840, p. 207). b) P. anal.
α) Donner, faire prendre à quelque chose la forme, l'aspect de. Casque plat, torse étroit, vastes pantalons que des pinces de cycliste transformaient en pantalon de zouave (Malraux, Conquér., 1928, p. 24).Le temps demeurait troublé, depuis le grand orage. D'interminables pluies transformaient la vallée en un marécage luxuriant tout semblable aux palus des époques préhistoriques (Duhamel, Suzanne, 1941, p. 229). − Au part. passé. Il attacha solidement à son balcon une couverture transformée en corde à nœuds (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 67).
β) Donner, faire prendre à quelque chose la nature de. − [Le compl. d'obj. désigne une chose concr.] On pourra (...) transformer un quart des forêts en vergers (Fourier, Nouv. monde industr., 1830, p. 19).Les ferments qu'elles [les membranes digestives] sécrètent collaborent avec ceux du pancréas pour transformer les aliments en substances absorbables par les cellules de l'intestin (Carrel, L'Homme, 1935, p. 79). ♦ En partic. [Le compl. d'obj. désigne une chose dont l'affectation, la destination est changée] Au part. passé. Les enfants du carmel récitaient leurs pieuses litanies dans la cuisine transformée en chapelle (Barrès, Colline insp., 1913, p. 230).Cette hutte de sabotiers transformée en guinguette (Guéhenno, Journal « Révol. », 1938, p. 176). − [Le compl. d'obj. désigne une chose abstr.] Nous avons (...) en nous naturellement un remède au malheur, dans cette puissance de la vie qui transforme en bien le mal, à mesure qu'il nous arrive. Mais cette faculté ne se borne pas à la mémoire (P. Leroux, Humanité, 1840, p. 25).Comment ne pas croire que la presse américaine essaie de transformer en émeute une simple manifestation? (Green, Journal, 1934, p. 188).
γ) Empl. pronom. Devenir différent en prenant la nature de. − Empl. pronom. passif. Le principe actif du pancréas se transforme en diastase par l'altération (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 42).Nous voyons sous nos yeux tantôt le mouvement se transformer en chaleur par le frottement, tantôt la chaleur se changer inversement en mouvement (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 184). − Empl. pronom. réfl. Peu à peu l'exception se généralise, le fait se transforme en théorie (Tocqueville, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 123).Dans un moment où notre pauvreté allait peut-être se transformer en misère (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 41). REM. 1. Transformant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui transforme. Sous l'énergie transformante de l'imagination populaire, la plus laide chenille peut devenir le plus beau papillon (Renan, Hist. peuple Isr., t. 5, 1892, p. 416).Une chimie complexe et transformante où notre perception se dissout instantanément en quelque chose d'immatériel (Mounier, Traité caract., 1946, p. 394). 2. Transformatif, -ive, adj.a) ,,Qui a la puissance de transformer`` (Littré). Influence transformative (Guérin 1892). b) Qui a la capacité latente d'être transformé, qui se prête à la transformation. Passant en revue toutes les parties des maisons de Pessac, l'auteur découvre en chacune une sorte de prédisposition transformative (...) − même les baies − faciles à modifier puisque les façades sont dépourvues de points d'appui (Les Lettres fr., 3 déc. 1969, p. 23, col. 1). Prononc. et Orth.: [tʀ
ɑ
̃sfɔ
ʀme], (il) transforme [-fɔ
ʀm]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Trans. a) α) ca 1300 « donner (à une personne ou à une chose) une forme nouvelle » (Jean de Meung, Consolation de Boèce, IV P6 83 [250] ds Medieval Studies, t. 16, 1954, p. 29);
β) ca 1300 transformer en « faire prendre la forme, l'aspect, la nature de » (Id., ibid., IV P2 51 [240], ibid.); b) 1755 math. transformer une équation en une autre (Encyclop. t. 5, p. 849b, s.v. équation); c) 1891 rugby transformer un essai (Les Sports athlétiques, no44, 31 janv., 4a ds Bäcker 1975, p. 185); 2. pronom. a) déb. du xives. « prendre une autre forme, un autre aspect, une autre manière d'être » (Métamorphoses Ovide, éd. C. de Boer, XI, 1225); b) ca 1363 se transfourmer en « devenir différent en prenant la forme, l'aspect, la nature de » (Miracles ND par personnages, XXI, 1231, éd. G. Paris et U. Robert, t. 3, p. 284). Empr. au lat.transformare « métamorphoser, transformer (au propre et au fig.) », comp. de trans (v. trans-) et de formare « former, conformer », v. former. Fréq. abs. littér.: 2 250. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 867, b) 2 190; xxes.: a) 3 187, b) 4 883. DÉR. Transformable, adj. et subst. fém.a) Adj. Qui peut être transformé.
α) [En parlant d'une pers.] Un enfant mou, apathique, inattentif, craintif, inactif, n'est pas transformable par les conditions du développement en un homme énergique, un chef autoritaire et audacieux. La vitalité, l'imagination, l'esprit d'aventure ne viennent pas entièrement du milieu (Carrel, L'Homme, 1935, p. 308).
β) [En parlant d'une chose concr. ou abstr.] Canapé transformable. Certains fruits, raisin, pomme, donnent des jus directement transformables par la fermentation alcoolique (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 198).La monnaie (...) est bien plus qu'un instrument de satisfactions matérielles non spécifiées, de bien-être incessamment modifiable et transformable, mais une arme de contrainte à l'égard d'autrui (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 481).Transformable en. Les polythéistes actuels, dont les principaux dogmes sont transformables en notions positives (Comte, Catéch. posit., 1852, p. 328).Des jus sucrés (...) qui, intervertis par la levure de bière en glucose et lévulose, sont transformables en alcool (Chartrou, Pétroles natur. et artif., 1931, p. 198).b) Subst. fém., automob. ,,Carrosserie fermée dont le toit en tôle est remplacé par un toit souple repliable`` (Industries 1986). − [tʀ
ɑ
̃sfɔ
ʀmabl]. − 1reattest. 1555 (Fontaine, Ruisseaux, p. 79 ds Hug.); de transformer, suff. -able*. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 53 (s.v. transformable). − Picoche (J.). Les Degrés de l'altérité et le signifié de puissance de qq. verbes exprimant l'idée de « faire devenir autre ». Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1980, t. 18, no1, p. 169. − Quem. DDL t. 16, 28 (s.v. transformable). |