| TRANSCENDER, verbe trans. A. − 1. PHILOS. ,,S'élever au-dessus d'une région de la connaissance ou de la pensée après l'avoir traversée, et pénétrer dans une région supérieure`` (Lal. 1968). [Si la métaphysique] est une science et non pas simplement un exercice, il faut qu'elle transcende les concepts pour arriver à l'intuition (Bergsonds R. de métaphys. et de mor., 1903, p. 9).Le doute métaphysique transcende radicalement l'ordre de l'objectivité en général (G. Vallin, La Perspective métaphys., 1977, p. 245). − Empl. pronom. réfl. En tant que ma conscience se transcende elle-même comme immédiate, elle s'oblige à penser un contenu intelligible qui ne participe pas de l'existence (G. Marcel, Journal, 1914, p. 23). 2. S'élever au-dessus de, se situer au delà de. Pour lui [Clément d'Alexandrie] le christianisme est une religion à part, qui transcende à la fois le libéralisme païen et le rigorisme juif (H. von Campenhausen, Les Pères gr., trad. par O. Marbach, 1963, p. 48).Cette jeune aristocrate frêle, prise dans le combat cornélien de la faiblesse et de l'honneur, le transcende d'un coup par son retour au sein de la communauté des sœurs qui montent à l'échafaud (J.-M. Domenach, Le Retour du tragique, 1967, p. 62). − [Le suj. désigne une pers.] Transcender qqn. Le dépasser en lui étant supérieur. Le Professeur, investi d'une autorité de type spécial, transcende le groupe (Le Nouvel Observateur, 30 juin 1969, p. 21, col. 1).Il transcende tous les autres par son intelligence (GDEL). B. − Empl. pronom. réfl. 1. Se dépasser en allant au delà de ses possibilités. Jamais nous ne vîmes un tel nombre de poètes et jamais l'écriture n'eut davantage l'idée fixe de se transcender et de se vêtir dès le matin en robe du soir (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p. 209). 2. PHILOS. [Chez les phénoménologues, en parlant de la conscience en tant qu'elle est toujours conscience de qqc.] Se transcender vers.Se porter vers l'objet, vers l'extériorité. On ne peut en se transcendant vers le prolétariat se transcender du même coup vers toute l'humanité, car la seule manière de se transcender vers lui, c'est de se transcender avec lui contre le reste de l'humanité (Beauvoir, Pyrrhus, 1944, p. 49). REM. Transcendement, subst. masc.,philos. Dépassement. Ce transcendement de la description en sagesse et en poétique (...) [est] un mouvement d'approfondissement où du nouveau apparaît (Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 440). Prononc.: [tʀ
ɑ
̃sɑ
̃de], (il) transcende [-sɑ
̃:d]. Étymol. et Hist. 1. Mil. du xiiies. transcendre « surpasser » (Vie de St François d'Assise, Maz. 1351, fo16c ds Gdf.); 2. a) 1310 transcender « transgresser » (Grandes Chroniques de Fr., Philippe le Bel, LXV ds Gdf.); b) 1372-77 « surpasser, dépasser » (Oresme, Politiques, éd. A. D. Menut, livre 6, chap. 12, p. 274); c) 1903 (Revue de métaphysique, p. 9); d) 1936 se transcender « se dépasser soi-même » (I. Vildé-Lot, trad. N. Berdiaeff, Cinq méditations sur l'existence, p. 97 ds Quem. DDL t. 26). Empr. au lat.transcendere « monter (scandere) en allant au delà (trans) ». Le mot ne semble pas être att. entre la fin du xvies. et le xixes. Il réapparaît au xxes. sous la forme transcender (2 c) dans la lang. savante. Fréq. abs. littér.: 217. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) néant; xxes.: a) 28, b) 905. Bbg. Quem. DDL t. 34. |