| TRAJET, subst. masc. A. − 1. Fait d'aller d'un lieu à un autre, à pied ou en utilisant un moyen de transport. Synon. chemin, déplacement, parcours, traversée, voyage.Faire le trajet en voiture, en train; le trajet dure deux heures; dormir pendant tout le trajet. Il fallut me résigner à faire un long trajet à pied, à traverser les bruits discordants des voitures, les conversations stupides des passants, tout un océan de trivialités (Baudel., Paradis artif., 1860, p. 362).J'avais gardé de mon voyage − sauf des trajets en chemin de fer − un excellent souvenir (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 2). − Vx. [Suivi d'un compl. en de] Je mettais à profit, pour arranger cette idée dans ma tête, le trajet de la rue de Richelieu, que je parcourais dans toute sa longueur (Jouy, Hermite, t. 3, 1813, p. 130).Dans le trajet de ces fréquentes allées et venues, et durant mes courses à cheval de chaque jour à la campagne, je m'étais accoutumé volontiers à rabattre par la Gastine (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 24). 2. [À propos d'un fluide, d'une radiation] Déplacement à l'intérieur d'un conduit ou à travers un milieu. Trajet des rayons lumineux. Alors viennent le manger et le boire, qui constituent l'ingestion, opération qui commence au moment où les aliments arrivent à la bouche, et finit à celui où ils entrent dans l'œsophage. Pendant ce trajet, qui n'est que de quelques pouces, il se passe bien des choses (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 188).Les rayons lumineux font leur trajet, indépendamment de la présence de l'observateur (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p. 11). − P. métaph. ou au fig. Que de son sourire suprême j'épie et dérobe ma part, Et me vienne poster moi-même sur le trajet de son regard! (Sully Prudh., Solitudes, 1869, p. 38). B. − 1. Espace, distance géographique à parcourir ou parcouru(e). Synon. chemin, itinéraire, parcours.Le passage doit régulièrement être pris du côté où le trajet est le plus court du fonds enclavé à la voie publique (Code civil, 1804, art. 683, p. 125).Un peu moins de quatre mètres séparent la porte de la fenêtre, jalonnés par les dessins géométriques de la natte: la progression sur ce court trajet s'accompagne d'une extension rapide du champ visuel extérieur (Cl. Ollier, Le Maintien de l'ordre, Paris, Flammarion, 1988 [1961], p. 22). ♦ Parcourir un trajet. Dans le trajet assez long que nous avions à parcourir, il ne nous échappa pas un seul mot (Jouy, Hermite, t. 2, 1812, p. 69).Le long du trajet que devait parcourir la procession (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 157). 2. a) ANAT. Espace que parcourt, d'un point du corps à un autre, un élément anatomique de forme linéaire. Trajet d'un nerf. Les muscles de la face interne [chez le poisson] sont aussi disposés par couches. Le plus long et le plus externe s'étend depuis l'épine supérieure de l'omoplate (...) jusqu'à la base des rayons de la nageoire. Dans ce trajet, il augmente considérablement de volume (Cuvier, Anat. comp., t. 1, 1805, p. 337). b) PATHOL. Étendue linéaire que forme une cavité, un creux. Trajet d'une fistule. Dès que le passage de l'air à travers le trajet de la plaie est intercepté, les mucosités et la matière de l'écoulement qui provient du conduit fistuleux, sont expectorées avec une grande facilité (Bretonneau, Inflamm. tissu muqueux, 1826, p. 319). Prononc. et Orth.: [tʀaʒ
ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1553 traject « chemin à parcourir pour aller d'un point à un autre » (doc. 18 déc. ds E. Charrière, Négociations de la France dans le Levant, t. 2, p. 293); 2. ca 1590 « action de parcourir l'espace qui sépare un point d'un autre » (Montaigne, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 579: le trajet [« la traversée »] d'une riviere); 3. 1826 pathol. (Bretonneau, loc. cit.). Empr., avec infl. detrajectus sur la graph. à l'ital. tragetto, att. au sens 2 dep. le xiiies., également « chemin » dep. le xives. (d'apr. DEI), du lat. trajectus « traversée », dér. de trajectare « traverser ». Voir Barb. Misc. 7, no22 et FEW t. 13, 2, p. 188. Fréq. abs. littér.: 755. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 976, b) 1 008; xxes.: a) 756, b) 1 382. |