| * Dans l'article "TOUT3,, subst. masc." TOUT3, subst. masc. A. − Un/le tout. Totalité d'un ensemble, d'une collection. 1. Totalité constituée par les différents éléments d'une chose; ensemble de choses formant une unité. Former, constituer un tout cohérent, homogène, harmonieux. Notre devoir est-il de chercher à devenir un être achevé et complet, un tout qui se suffit à soi-même, ou bien au contraire de n'être que la partie d'un tout, l'organe d'un organisme? (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 4).Il faut que vous me prêtiez encore dix francs... Je touche mon mois dans une semaine. Je vous rembourserai le tout ensemble (Lenormand, Simoun, 1921, 11etabl., p. 128). ♦ Tout ou partie de. V. partie I A 2. − [Avec valeur récapitulative] Ensemble des éléments qui viennent d'être énumérés dans le discours. Affronter une fois de plus l'odeur de mangeaille, le service bruyant, la promiscuité de l'éternelle popote, écouter avec un sourire complaisant les palabres quotidiennes sur les projets de l'Allemagne, les calculs sur la durée de la guerre, l'explication des sous-entendus du communiqué... − le tout, assaisonné de taquineries rituelles, de souvenirs du front (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 772). − Spécialement ♦ HÉRALD. [À propos de l'écu posé sur un blason] Sur le tout. Sur le tout du tout. ,,Se dit de l'écu posé sur un blason généalogique. Un petit écusson posé sur lui est dit posé « sur le tout du tout »`` (Janneau 1980). Loc. Brochant sur le tout. V. brocher II loc. ♦ JEUX [Dans une charade] Mot complet à deviner, en assemblant chaque élément syllabique à trouver successivement. V. premier I B 3 ex. de France, Vie fleur, 1922, p. 506 et dernier I C rem. ex. de Lar. 19e.,,La troisième partie qui se joue après qu'un des deux joueurs a perdu partie et revanche, et où l'on joue autant d'argent que l'on en a joué dans les deux premières parties ensemble`` (Ac. 1835). Jouer le tout; jouer partie, revanche et le tout; perdre le tout; gagner le tout (Ac. 1835). Il y en avait qui jouaient un jeu d'enfer et qui faisaient leur tout, ayant plus de trente sous devant eux (MmeV. Hugo, Hugo, 1863, p. 145). 2. Absol. [Parfois avec majuscule] Le (grand) tout. L'universalité des choses. Le panthéisme est proprement la divinisation du tout, le grand tout donné comme Dieu (Cousin, Hist. philos. mod., t. 1, 1846, p. 128).V. panthéisme ex. 1. 3. Ce qui est le plus important, l'essentiel. Loc. Le tout (c')est de + inf.; c'est le tout de + inf.Le principal est de. Marie Belhomme (...) s'assied sur la chaise en face du père Sallé, il la dévisage et lui demande si elle sait ce que c'est que l'Iliade. Luce, derrière moi soupire: « Au moins, elle a commencé, c'est le tout de commencer » (Colette, Cl. école, 1900, p. 219).Au fond, voyez-vous, le chagrin, c'est comme le ver solitaire: le tout, c'est de le faire sortir (Pagnol, Fanny, 1932, I, 1ertabl., 8, p. 25).Le tout est que + subj.Vial aura besoin de papa, l'hiver prochain, si le ministère ne tombe pas, parce que papa est camarade de collège avec le ministre... Le tout est que le ministère ne tombe pas avant que les Quatre-Quartiers aient mis Vial à la direction de leurs ateliers (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 67). ♦ Fam. Ce n'est pas le tout de + inf.Il ne suffit pas de. Henri: Ah! notre cousin de Guise vous en voulez terriblement à notre belle couronne de France (...) Catherine: Je vous comprends, mon fils; mais ce n'est pas le tout de couper, il faut recoudre (Dumas père, Henri III, 1829, II, 5, p. 160). − Loc. verb. Jouer*, risquer* le tout pour le tout. − Vx ou littér. Le tout de qqn. Le centre d'intérêt exclusif de quelqu'un; ce qui compte le plus pour quelqu'un. Dès que la passion s'emparant d'un cœur lui persuade qu'il y trouve de quoi se rassasier, dès qu'elle y consacre toutes les puissances de la tendresse et du dévouement, comme si l'homme y avait enfin trouvé son tout (Blondel, Action, 1893, p. 315).Dieu! Dieu! mon appui, mon rocher, mon tout! Tu vois mon cœur, tu sais combien cela me fait mal de devoir faire souffrir quelqu'un pour mon cher Karl! (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 58).Le tout de qqc. L'essentiel de. Il me semble bien que la sympathie artistique suffit, que le principal est de faire des peintures vivantes, et que c'est même le tout de l'art, le reste étant forcément autre chose: morale, religion, métaphysique (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 233). B. − Du tout 1. [À valeur positive] a) Vx ou littér. Absolument, complètement. Il prenait soin de rassembler des arguments contre l'existence de Dieu. Il avait coutume de dire que la mort des hommes est du tout semblable à celle des animaux (A. France, Puits ste Claire, 1895, p. 112).Le développement des transports, et en particulier des chemins de fer qui atteignent sinon le cœur, du moins le pied des Alpes. Mais il s'en faut du tout que la glorieuse phalange qui déferle alors sur elles ne soit qu'une troupe de bourgeois riches et désœuvrés (Jeux et sports, 1967, p. 1648). b) Du tout au tout. [Dans une réalisation ou dans un jugement] De façon radicale, complètement. Changer, différer, modifier du tout au tout. Non qu'on doive conclure de là que la métaphysique est la catégorie de l'irréel; ce serait se méprendre du tout au tout (Blondel, Action, 1893, p. 296).Que Rabelais ait pensé de la sorte, il s'en faut du tout au tout (A. France, Rabelais, 1909, p. 40). 2. [À valeur nég., comme 2eélém. d'une nég. forte, sans exception] Ne... absolument (pas, plus, rien). (Ne) pas/point/plus/rien du tout (v. rien II B 3). Le général Varaigne ne hait point du tout M. Stapfer. Il a grandement raison, et je suis bien sûr que le doyen de la Faculté des lettres, à son tour, n'a pour le général que de bons sentiments (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 24).Vous n'êtes pas anormale du tout. Presque toutes les femmes préfèrent les hommes (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 182). ♦ Ni du tout. Les pleurs, en révélant son origine passionnelle, ôtent au raisonnement ce qu'il a d'agressif; nous ne serons ni trop touchés, ni du tout convaincus (Sartre, Litt., 1948, p. 42). ♦ Sans du tout + inf.Il (...) me quitta là-dessus, après m'avoir chaudement remercié, l'air absorbé, ravi, et sans plus du tout reparler ni de Georges ni de Bernard (Gide, Faux-monn., 1925, p. 1207). − [Sans l'élém. nég. ne; en prop. ell.] Rien du tout (v. rien II C 1; en empl. subst. v. rien IV A 5). Sitôt le taureau tombé, tous les gradins, sous la présidence, se tournèrent vers le prince, pour voir s'il applaudissait un peu, beaucoup, passionnément ou pas du tout, et se régler sur lui (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 536).[Dans une réponse] Allons donc! Quand vous aurez la tête broyée, est-ce que c'est vous qui en supporterez les conséquences? Pas du tout! ce sera la Compagnie, qui devra vous faire des pensions, à vous ou à vos femmes (Zola,Germinal,1885,p. 1177).− (...) Il veut que tu restes pauvre... Il refuse d'augmenter ta part... À Dieu ne plaise!... − Point du tout! − protesta le bisaïeul; − point du tout, Omer! − Si fait, si fait! (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 68). − Empl. ell. Du tout. Absolument pas, aucunement, nullement. Vous êtes fatiguée, Mademoiselle? dit le marquis. − Non, Monsieur le marquis, du tout (Goncourt, Journal, 1860, p. 843).[Renforcé] − (...) Mais je m'arrête, j'en ai déjà trop dit. − Du tout, du tout, monsieur de Meillan, sursurra Micaëlli, nous sommes impatients d'entendre la fin de votre phrase (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p. 108). REM. Toutim, subst. masc.,arg. pop. Et (tout) le toutim. Et tout le reste. Pour cette perruche, je méditais (...) un emballage (...) l'invitation au casse-graine chez Maxim's: magnum de champ' et le toutim (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 27).Je mire son bureau de président, ses meubles de président, l'absence totale de dossiers (...). Quoi qu'il survienne, il n'a qu'à refiler le bébé − avec l'eau du bain, l'éponge, le canard en celluloïde et tout le toutim − à quelqu'un de la hiérarchie (L. Chouchon, Par 35ode lassitude Nord, Paris, Albin Michel, 1992, p. 136). Prononc. et Orth.: [tu]. Homon. toue, toux. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. des touts. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 del tut loc. adv. « complètement » (Roland, éd. J. Bédier, 167: Par cels de France, voelt il del tut errer); 1174-87 del tot an tot « id. » (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 2271); 1176-81 ne ... pas del tot « pas complètement » (Id., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 3993); 1580 ne ... pas du tout « absolument pas » (Montaigne, Essais, I, XVIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 75), v. aussi S. Andersson, Ét. sur la synt. et la sém. du mot fr. tout, 1954, pp. 237-248; 2. a) ca 1160 « l'entier d'un ensemble divisible » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 3828: Ne veulent [li Troïens] estre meteier, N'en ont cure de parçonier, Anceis vuelent le tot aveir); fin xiiies. (Psautier, fol. 107 ds Littré : Par les parties devons nous entendre le tout); b) fin xves. « tout ce qui vient d'être dit, tout cela » (Philippe de Commynes, Mém., VIII, XVIII, éd. J. Calmette, t. 3, p. 245: et monta le tout cinq mil francs); 3. 1228 li communs toz « la foule entière » (Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 5154 [ibid., 4702: li toz ,,passage obscur, cas douteux`` d'apr. gloss. s.v. tot; cf. aussi l'interprétation de T.-L.]); fin xves. le tout « tous » (Philippe de Commynes, op. cit., t. 3, p. 255: [mention du nom de 3 personnes] mais le tout tant pouvre que nul ne le sauroit penser); 4. « ce qui est important » a) fin xves. (Id., op. cit., VII, IX, t. 3, p. 65: avoit perdu le tout); sur ces empl. [2, 3a], v. S. Andersson, op. cit., pp. 231-235; b) « ce qui compte le plus pour quelqu'un »
α) 1552 en parlant d'une pers. (Rabelais, Quart livre, éd. R. Marichal, XIX, 20, p. 107: Ha mon pere, mon oncle, mon tout; XXVIII, 52, p. 138: [Pan] il est le nostre Tout, tout ce que nous sommes, tout ce que nous vivons [...] est luy, en luy, de luy);
β) 1580 en parlant d'une chose (Montaigne, op. cit., III, 3, p. 353: l'opinion qui desdaigne nostre vie, elle est ridicule. Car en fin c'est nostre estre, c'est nostre tout); 5. fin xvies. [le] grand tout « la création, le monde » (Ph. Desportes,
Œuvres chrét., Paraphrase du ,,Libera me`` ds
Œuvres, éd. A. Michiels, p. 498). Empl. subst. de tout1*. STAT. − Fréq. abs. littér. Tout1, 2 et 3: 273 325. Toute: 73 323. Tous: 109 163. Toutes: 67 655. Fréq. rel. littér. Tout1, 2 et 3: xixes.: a) 340 752, b) 391 893; xxes.: a) 405 640, b) 417 732. Toute: xixes.: a) 98 750, b) 99 763; xxes.: a) 109 243, b) 108 417. Tous: xixes.: a) 186 014, b) 153 292; xxes.: a) 148 421, b) 134 126. Toutes: xixes.: a) 118 230, b) 96 842; xxes.: a) 87 261, b) 82 470. BBG. − Quem. DDL t. 38. |