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* Dans l'article "TOURTERELLE,, subst. fém."
TOURTERELLE, subst. fém.
A. −
1. ORNITH. Oiseau migrateur, morphologiquement proche du pigeon mais plus petit et plus fin, au vol rapide et saccadé, appartenant à la famille des Colombidés, qui compte de nombreuses espèces dont les deux plus connues en France sont la tourterelle des bois et la tourterelle turque ou tourterelle à collier. Tourterelle sauvage, apprivoisée; nuées, couple de tourterelles; élever des tourterelles; gémissement, murmure, plainte, ramage, soupir de la tourterelle. Deux tourterelles Surprises dans le nid, qui font un grand bruit d'ailes Entre les doigts de l'oiseleur (Gautier, Albertus, 1833, p. 149).En mai (...) la tourterelle mâle roucoule pour distraire et bercer sa femelle qui couve (Pesquidoux, Chez nous, 1921, p. 165).V. becqueter ex. 7, colombidés dér. s.v. colombe1ex. de Vidron.
En partic. Femelle de cet oiseau. J'aurai un nid sous ma fenêtre; une tourterelle vient de chanter sur l'acacia où il y avait un nid l'an dernier. C'est peut-être la même. Cet endroit lui a convenu et, en bonne mère, elle y replace son berceau (E. de Guérin, Journal, 1838, p. 200).
P. anal., fam. [À propos d'une femme] Maria occupait dans une autre aile un appartement isolé, avec une ancienne gouvernante du professeur qui lui était toute vendue, et qu'il avait métamorphosée en duègne pour son épouse. Le hibou ne voyait plus sa tourterelle qu'aux heures de repas (Borel, Champavert, 1833, p. 72).
P. méton. Chair comestible, viande de cet animal. Depuis six semaines nous n'avions mangé que du poulet et de la tourterelle (Flaub., Corresp., 1850, p. 189).
2. [Avec une valeur de symb.]
a) [Symb. de la fidélité conjugale] Ainsi dans les bosquets de notre Occitanie, Sur la branche fatale où le trait du chasseur Lui ravit son ramier fidèle, La plaintive tourterelle Vient déplorer son malheur (M. de Guérin, Poés., 1839, p. 31).Un médaillon bleu céleste, représentant en cheveux tressés deux tourterelles sur un autel de gazon, et au dos: « Don de Lucie » (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 182).
b) [Symb. de douceur, de grâce, d'innocence, de faiblesse] Capricieuse et sauvage comme elle était, la voilà devenue tout à coup la plus douce, la plus caressante du monde. Un vrai petit faucon changé en tourterelle! (Arène, J. des Figues, 1870, p. 98).
[En appellatif avec valeur hypocor., s'agissant d'une femme, d'une enfant] La Nourrice: Qu'est-ce que tu veux que je fasse pour toi, ma tourterelle? Antigone: Rien, nounou. Seulement ta main comme cela sur ma joue (Anouilh, Antig., 1946, p. 151).V. gazelle B ex. de Saint-Exupéry.
B. − P. compar.
1. En appos. avec valeur d'adj. [Toujours postposé; en parlant d'une chose] D'un gris très doux comme celui du plumage de l'oiseau. Les tapis d'Olténie aux nuances tourterelle, aux feuilles et aux fleurs longuement étirées (Morand, Bucarest, 1935, p. 149).Gris tourterelle. Le ciel s'est voilé de nouveau, mais d'une gaze toute légère; c'est comme un tissu de petits nuages pommelés, d'un gris tourterelle, qui semblent être remontés à des hauteurs excessives dans l'éther (Loti, Maroc, 1889, p. 81).
Rare, empl. subst. masc. sing. Des coloris très doux [chez le couturier Gaston]. Du jaune au marron pour les écossais, du beige, beaucoup de gris, jusqu'au tourterelle (L'Œuvre, 17 mars 1941).
2. [À propos d'une pers.] Subst. + de tourterelle.Rire de tourterelle. Rire doux, gracieux, agréable à entendre. Suzanne fit entendre un rire de tourterelle, un rire si jeune et si pur qu'il rétablit l'équilibre de l'entretien et le calme au fond des cœurs(Duhamel, Nuit St-Jean, 1935, p. 143).Cou de tourterelle. Cou arrondi et fin. Un petit col évasé laissait voir un cou arrondi de tourterelle (Gyp, Souv. pte fille, 1927, p. 116).
C. − P. anal., arg. [Pendant la guerre de 1914-1918, s'agissant des projectiles ennemis]
1. Grenade à fusil. Des « tourterelles » à fusil dont on reconnaissait le départ un peu sourd et qui arrivaient en sifflant (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 269).
2. Torpille aérienne à ailettes. V. barouf(e) ex. 2.
REM. 1.
Tourte, subst. fém.,synon. (supra A 2 b).[Avec valeur hypocor.] La Gouvernante: Hé! Dis! Je ne veux pas mordre sur ton époux. Lui te façonnera, ma jolie tourte, ma jolie tourterelle (Audiberti, Mal court, 1947, I, p. 136).
2.
Tourtre, subst. fém.,synon. (supra A 1).a) Vx ou lang. poét. La tourtre fait roucoucou! (Claudel, Poés. div., 1952, p. 867).b) P. méton., vx. Chair comestible, viande de cet animal. Manger des tourtres. On servit un plat de tourtres (Ac. 1835, 1878).
Prononc. et Orth.: [tuʀtə ʀ εl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 turtrele ornith. (Alexis, éd. Chr. Storey, 149); ca 1200 turterele (Poème moral, éd. A. Bayot, 54); 2. 1819 tourterelle « d'un gris très doux, comme le plumage d'une tourterelle » (Obs. modes, t. 4, p. 47); 1845 gris tourterelle (Le Moniteur de la mode, 10 mars, p. 267 ds Quem. DDL t. 16). Du b. lat. turturella, turturilla (OLD), dimin. de turtur « tourterelle ». Fréq. abs. littér.: 290. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 453, b) 698; xxes.: a) 367, b) 251. Bbg. Callebaut (Br.). Index hist. et explicatif des noms des oiseaux en fr. Trav. Ling. Gand. 1980, no7, pp. 172-173. − Quem. DDL t. 16.