| TOURTE, subst. fém. A. − 1. GASTRONOMIE a) Tarte circulaire aux bords légèrement élevés, recouverte d'une abaisse, garnie notamment de viandes, de volailles, de quenelles et qui est servie comme entrée chaude. Synon. région. (Canada) tourtière.Tourte à la viande, aux pommes de terre; tourte de godiveaux, de pigeonneaux, de volailles. Lorsqu'on apporta la tourte, large comme une roue de charrue, il y eut un recueillement, les godiveaux impressionnaient (Zola, Terre, 1887, p. 191).Il aimait les nourritures robustes: perdrix aux choux (...), pâtés, tartes, tourtes (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 80). − En partic. Tarte sucrée recouverte d'une abaisse. Tourte aux pommes. La tourte aux confitures grande comme une roue de char (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 58). − P. anal. En tourte. En forme de tourte, rond. Miss Charlotte (...), ombragée de son chapeau de paille brun en tourte (Goncourt, Journal, 1858, p. 500). b) Région. (notamment Sud de la Loire). Pain bis, de forme circulaire. Synon. tourteau1(v. ce mot A 2).Le pépé sortit d'une maie la moitié d'une tourte de huit livres et, la calant contre son estomac, il y coupa de larges tranches de pain bis (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, Paris, Albin Michel, 1974, p. 24). 2. P. compar., pop., péj. ♦ (Rester) comme une tourte. (Rester) immobile, sans réaction. Entre. Fais vite. Ne reste pas là comme une tourte me disait le jeune homme (Vialar, Bon Dieu, 1953, p. 139). ♦ Avoir l'air d'une tourte. Avoir l'air niais, stupide. Il aimait l'entendre [l'agrégé], comme Burette autrefois, expliquant: « Quand on écoute des types comme toi, après on peut causer: on a pus l'air d'une tourte » (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 115). 3. P. anal., pop. a) Péj., vieilli. Femme corpulente ou ridicule. C'est la vieille tourte qui est venue, dit-elle à la grosse Eugénie, qui la questionnait. Elle m'a demandé pourquoi je n'étais pas allée dimanche au patronage (Huysmans, Sœurs Vatard, 1879, p. 328). b) Personne stupide, lourdaude. Synon. idiot, imbécile.Quelles tourtes, ces examinateurs! L'esprit le plus obtus aurait compris que, par ce temps écrasant, nous composerions en français plus lucidement le matin. Eux, non (Colette, Cl. école, 1900, p. 199).[En interpellation] Mais oui, tourte: « Ça ne coûte rien; c'est sans danger; c'est agréable » (Green, Moïra, 1950, p. 108). ♦ Empl. adj. Stupide, lourdaud, borné. Synon. tarte.Il est tourte. Micheline, qui est très belle fille, riche, élégante, mais plutôt tourte (Aymé, Travelingue, 1941, p. 234).Avoir l'air tourte. Une révérence!... avec mon costume breton... Non! ce que je vais avoir l'air tourte! (Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 26). B. − Spéc., p. anal. (de forme) 1. AGRIC. Marc de fruits ou de divers grains oléagineux servant d'engrais sous forme de petites masses. (Dict. xixeet xxes.). Synon. tourteau1(v. ce mot B). 2. MÉTALL. ,,Masse provenant de la réduction en poudre d'un minerai d'argent`` (Duval 1959). 3. VERRERIE. ,,Plaque d'argile servant de support à un creuset`` (Peyroux Techn. Métiers 1985). Prononc. et Orth.: [tuʀt]. Homon. et homogr. tourte (v. tourterelle rem. 1). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « pain rond » (Aliscans, 92 ds T.-L.: torte); 2. ca 1393 « tarte de forme ronde (à la viande, au poisson...) » (Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, 176, 5: tourte); 3. péj. a) 1879 subst. (Huysmans, loc. cit.); b) 1915 adj. (Benjamin, op. cit., p. 48: c'qu'il est tourte, c'mec-là!). Du b. lat. torta « pain rond, tourte », att. dans l'expr. torta panis (v. Blaise Lat. chrét.), fém. subst. du lat. class. tortus « tordu », v. tort. Fréq. abs. littér.: 64. Bbg. Quem. DDL t. 20. − Tracc. 1907, pp. 173-174. |