| TOURISTE, subst. A. − 1. Celui, celle qui fait du tourisme, qui voyage pour son plaisir, pour se détendre, s'enrichir, se cultiver. Synon. estivant, excursionniste, globe-trotter, promeneur, randonneur, vacancier, voyageur, visiteur.Ce sont des villes où ne vont jamais les touristes, et les choses n'y changent de place pas plus que les mots dans les pages d'un livre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 90). ♦ Absol. [Avec une valeur de coll.] Pour le touriste, forêts, plantes, rivières, sites, volcans, rivages, sommets retrouvent un caractère quelque peu sacré et doivent être classés, entretenus, surveillés et protégés (Defert, Pol. tour. Fr., 1960, p. 30).La vie de touriste n'est pas une vie. Le touriste toujours va où va le touriste, aux seules fins de pouvoir narrer chez lui à d'autres touristes des histoires de touristes. Le touriste n'a pas accès aux endroits tranquilles. Il n'en a pas le droit moral. Les endroits tranquilles n'intéressent personne (R. Fallet, Paris au mois d'août, 1964, p. 111). ♦ En appos. avec valeur d'adj. J'avais formé le projet de mon voyage à Francfort avec un de nos plus célèbres écrivains touristes (Nerval, Lorely, 1852, p. 31).[P. méton. du déterminé] Sainte-Chapelle! Sainte-Chapelle! telle fut la clameur touriste et ceux qui la poussèrent, cette clameur touriste, entraînèrent Gabriel vers le car (Queneau, Zazie, 1959, p. 125). a) Voyageur qui se distingue par son pays d'origine, les lieux qu'il visite, les moyens de locomotion qu'il utilise, etc. C'est un voyageur (...), un touriste qui aura été séduit par la beauté et le grandiose de ce site sauvage (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 431).Parfois quelques touristes survenaient, un guide à la main, promenaient un regard vague sur le bâtiment, puis s'éloignaient (Arland, Ordre, 1929, p. 297). SYNT. Touriste allemand, américain, anglais, européen, français; touriste moyen; touriste d'affaires; saison des touristes; (auto)car, groupe de touristes; air, conversation, costume, curiosité de touriste; touriste automobile. Rem. Déf. officielle, d'apr. la terminol. internat.: Le touriste est la personne qui voyage dans un pays autre que celui de sa résidence et qui y effectue un séjour de plus de vingt-quatre heures, sans atteindre la durée nécessaire pour qu'elle soit considérée comme résidente (Jocard, Tour. et action État, 1966, p. 14). ♦ Touriste à bicyclette. Synon. de cyclotouriste.Des curieux, des touristes à bicyclette, des femmes et des enfants (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 139). b) Loc. En touriste. En qualité de touriste. Il avait erré d'abord, en touriste; mais il avait été très vite las des promenades (Martin du G., Devenir, 1909, p. 165).Je viens comme ça... en touriste Très intéressant le tourisme (Prévert, Paroles, 1946, p. 148). 2. P. anal. a) Synon. de étranger.Je suis un colonial. L'Europe ne veut pas de moi; je n'y serai jamais qu'un touriste (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 119). b) Amateur, personne qui s'intéresse aux choses avec curiosité mais d'une manière superficielle. Un point de vue que, pour ma part, je trouve nouveau et intéressant tout en restant celui d'un touriste et d'un amateur (Claudel, Corresp.[avec Gide], 1912, p. 207). − P. métaph. Dans d'autres cas, il s'agissait d'itinéraires plus frémissants où un amant, abandonné à la douce angoisse du souvenir, pouvait dire à sa compagne: « En ce lieu, à cette époque, je t'ai désirée et tu n'étais pas là. » Ces touristes de la passion pouvaient alors se reconnaître (Camus, Peste, 1947, p. 1462). − Loc. En touriste. En amateur, en dilettante. Je suis (...) resté un pur dilettante dans la vie, amateur en beaucoup de choses, ne convoitant aucune maîtrise, et profitant en touriste de mon irresponsabilité (Amiel, Journal, 1866, p. 90). B. − Spéc., en appos. 1. INDUSTR. HÔTELIÈRE. Classement touriste. Classement des hôtels en hôtels de tourisme. La prétention de l'hôtelier constitue alors incontestablement une infraction à la réglementation des prix, et aux règles de moralité professionnelle requises pour le classement « touriste » (Jocard,Tour. et action État,1966,p. 98). 2. TRANSPORTS a) Classe touriste. Classe intermédiaire entre la deuxième et la troisième classe qui permet d'obtenir des tarifs réduits sur certains transports (bateaux, avions). C'est (...) à l'initiative de son comité du tourisme [de l'OECE (Organisation Européenne de Coopération Économique)] qu'est intervenue la création, en 1952, de la classe « touriste » sur les lignes aériennes (Jocard,Tour. et action État,1966,p. 210). b) Voiture touriste. Synon. de voiture de tourisme (v. ce mot B 2 a).Importante société (...) possédant (...) camions, camionnettes, voitures touristes, s'intéresserait produit ou article nouveau (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 10, col. 7). − P. ell. Véhicule de tourisme. On distinguera encore certaines carrosseries spéciales aménagées sur des « touristes » à des fins utilitaires (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 24). Prononc. et Orth.: [tuʀist]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1803-04 en parlant des voyageurs anglais (J. L. Ferri de St-Constant, Londres et les Anglais, II, an XII, 333-334 ds Höfler Anglic.); 1833 s. réf. directe aux Anglais (Balzac, Corresp., p. 392); 1934 classe touriste (Quillet). Empr. à l'angl.tourist att. dep. 1780 (NED Suppl.2), dér. de tour (issu du fr. tour3*) att. dep. le mil. xviies. au sens de « voyage, circuit au cours duquel on visite différents endroits » (NED). Tourist est couramment empl. comme déterm. indiquant une certaine catégorie de l'ordre du confort et du prix dans des syntagmes tels que tourist hotel « hôtel touriste » (1927) et tourist class (1936), v. NED Suppl.2Fréq. abs. littér.: 306. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 184, b) 365; xxes.: a) 374, b) 723. Bbg. Antoine (G.). Touriste, estivant, vacancier... Fr. mod. 1957, t. 25, pp. 6-24. − Aubin (R. A.). « Tourist ». Mod. Lang. Notes 1944, t. 59, pp. 334-335. − Bonn. 1920, p. 158. − Hadifi (M.). Le Vocab. du tourisme d'après la rubrique « Tourisme et Loisirs » du journal Le Monde. Thèse, Nancy, 1983, pp. 168-190. − Münster (V.). Die Entwicklung des Fremdenverkehrs im Spiegel der französischen Fachterminologie. Der österreichische Betriebswirt. 1961, t. 11, pp. 237-239. − Quem. DDL t. 31. |