| TORSION, subst. fém. A. − Action de déformer un corps par une rotation s'exerçant dans le sens transversal; résultat de cette action. Torsion de fils, des fibres d'un tissu. John Mangles, avant de laisser ses amis se suspendre à ces filaments de phormium, qui, par leur torsion, formaient la corde, les éprouva (Verne, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 148).Les cordes et cordages comprennent: 1 Les fils divers composés d'un brin tordu ou d'un certain nombre de brins commis ensemble par simple torsion à droite ou à gauche. 2 Les cordes simples comprenant les ficelles, menues cordes et cordes molles qui sont composées d'un certain nombre de fils de caret (fil de chanvre) commis ensemble par simple torsion. 3 Les cordes câblées composées de fils de caret commis ensemble par câblage, c'est-à-dire par torsion générale de l'ensemble et torsion particulière de chaque fil en sens inverse de la torsion générale (Bourde, Trav. publ., 1928, p. 28). − Spécialement ♦ MÉCAN. Déformation subie par un corps que l'on soumet à l'action de deux couples opposés agissant dans des plans parallèles. Effort de torsion. Le châssis Skoda, bien avant 1936, se faisait remarquer par son tube central prolongé à l'avant directement par le moteur, à l'arrière par l'ensemble boîte de vitesses-pont entièrement suspendu. Ce système permet d'obtenir une grande résistance à la torsion avec un poids très réduit (Tinard, Automob., 1951, p. 385).Balance de torsion. Appareil servant à mesurer l'intensité de petites forces au moyen du couple de torsion d'un fil métallique. La balance de torsion est l'instrument le plus exact que nous ayons, pour servir à la mesure des forces très-petites (Poisson, Mécan., t. 2, 1811, p. 35).Barre de torsion. Barre métallique tordue qui en reprenant sa position initiale fait office de ressort. La suspension par barres de torsion a suivi une très lente évolution. Seul, Citroën, sur ses tractions avant, en utilisait le principe depuis fort longtemps. Les autres constructeurs l'utilisent maintenant. La barre de torsion est simple, légère, peu encombrante, facile à changer et réglable (Chapelain, Techn. automob., 1956, p. 201).Ressort de torsion. ,,Tige soumise à des efforts de torsion qui lui impriment de grandes déformations`` (Lar. Lang. fr.). ♦ PHYSIOL. ,,Mouvement conjugué des yeux, s'exécutant autour de l'axe antéro-postérieur du globe oculaire`` (Man.-Man. Méd. 1977). Synon. giration. − P. anal. Aux torsions du relief succède la monotonie d'un glacis de huit cents kilomètres de long (Morand, Air indien, 1932, p. 95). − Au fig. Déformation; mouvement irrationnel, illogique, tourmenté. Les préjugés et les erreurs sont des torsions qui exigent un redressement (Hugo, Actes et par., 4, 1885, p. 352). B. − Distorsion imprimée au corps humain ou à une de ses parties; position qui en résulte. Torsion des mains, du tronc. La courbure ou la torsion de la colonne vertébrale produit chez ces hommes, en apparence disgraciés [les bossus] comme un regard où les fluides nerveux s'amassent en de plus grandes quantités que chez les autres (Balzac, Modeste Mignon, 1844, p. 122).[Une manie] s'accompagne (...) de cette dissymétrie soudaine des traits, de cette torsion du regard et de la bouche qui caractérisent l'homme traqué (Arnoux, Solde, 1958, p. 183). C. − ARBORIC. Courbure imprimée au tronc, aux branches d'un arbre, à la tige d'une plante; forme torse, contournée qui en résulte. Il conviendra (...) de remplacer le pincement par la torsion, c'est-à-dire qu'on les [bourgeons oubliés] tordra à environ 0 m, 12 de leur base (Du Breuil, Cult. arbres, 1876, p. 199). REM. Torsionner (se), verbe pronom. réfl.Synon. de se contorsionner.Une danse qui est une douce oscillation des torses, qui peu à peu s'enfièvre et d'où se détache et jaillit de temps en temps une femme qui, devant son fiancé, devant l'homme aimé, se torsionne debout comme sous le coït (Goncourt, Journal, 1892, p. 318). Prononc. et Orth.: [tɔ
ʀsjɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 2emoit. xiiies. tortions del ventre « tranchées, douleurs violentes » (Médicinaire liégeois, éd. J. Haust, p. 131, 1065); 2. 1314 « action de tordre; résultat de cette action » (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. Ch. Bos, 7); 3. 1461 torsion des mains « action de se tordre les mains » (Georges Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 210); 4. 1680 phys. (C. Perrault, Essais de phys., t. 1, p. 156); d'où a) 1834 balance de torsion (Boiste); b) 1845-46 force de torsion (Besch.); 5. 1784 « action de tordre une branche pour y supprimer l'afflux de la sève et empêcher la production exagérée du feuillage » (Diderot, Eléments de physiol., p. 86); 6. 1845-46 chir. torsion des artères (Besch.); 7. 1872 anat. torsion du cœur, torsion de l'humérus (Littré). Empr. au lat. tardiftortio « action de tourner, torsion »; « torture », (et à son doublet torsio « colique »), dér. de tortum, supin de torquere « faire tourner, tourner; tordre ». Fréq. abs. littér.: 98. |