| TORNADE, subst. fém. A. − MÉTÉOR. Mouvement tourbillonnant de l'atmosphère, caractérisé par une grande amplitude en hauteur et une forte intensité, accompagné de phénomènes orageux, causant d'importants ravages, sévissant notamment aux États-Unis et sur la côte occidentale d'Afrique. Trente grenouilles apportées à travers les airs par un caprice du Sud, par une trombe chaude, une de ces tornades dont le pied en pas de vis ramasse et porte à cent lieues un panache de sable, de graines, d'insectes (Colette, Sido, 1929, p. 58). − P. compar., loc. adv. Comme une tornade. Brusquement, avec impétuosité. Entrer, faire irruption comme une tornade (Lar. Lang. fr.). B. − P. anal. Ce qui déclenche de grandes perturbations matérielles ou personne qui se précipite vivement en bousculant tout sur son passage. Il fonce, brute folle, tornade déchaînée, élément (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 151).À bas la guerre! Brusquement, comme si un remous sous-marin avait happé la foule (...), ce fut une tornade. L'homme qui avait crié (...) disparaissait sous une rafale de poings, de cannes, de corps lancés par la furie (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 261). C. − Au fig. Ce qui provoque de violents bouleversements moraux, sociaux. Ne parle-t-on pas, dans les romans à l'usage des cuisinières, des cyclones, des orages, des tornades de la passion? (...). La tornade, c'est ce qui transforme (...) un roseau pensant, en projectile. Et, au centre de la trombe, la succion universelle de cette pointe, où une immobilité médusante naît de l'excès même de la vitesse (Gracq, Beau tén., 1945, p. 113).La Révolution française éclate; cette immense tornade s'oppose à l'ordre existant (Morand, Flagell. Séville, 1951, p. 299). REM. Tornado, subst. masc.,vieilli, synon. (supra A).Tout à coup il fait nuit; un tornado passe (...). Des tourbillons alternent en sens inverse, sorte de danse hideuse, trépignement des fléaux sur l'élément (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 324). Prononc. et Orth.: [tɔ
ʀnad]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1655 « effet local violent et tourbillonnant de certaines perturbations » (A. de Wicquefort, Relation du voy. de Moscovie, Tartarie et de Perse, let. du sieur A. Mandeslo [trad. de l'all.], p. 531 ds Quem. DDL t. 7: Les Pilotes les appellent tornades [les orages]; cf. R. Arveiller ds R. Ling. rom. t. 40, p. 458); 1663 Ternado (Id., Relation du Voy. de Perse et des Indes Or. [trad. de l'angl.], p. 7 ds Arv., p. 476); id. Tornado (Id., ibid., p. 11, ibid.: les vents que les Portugais appellent Tornados); 1701 id. (W. Dampier, Suite du Voy. autour du Monde, Traité des Vents [trad. de l'angl.], p. 10, ibid.: Tourbillons de vent, qu'on appelle en langue Espagnole Tornados) − 1876, Lar. 19eavec renvoi à tornade; 1868 tornade (Verne, Enf. cap. Grant, t. 2, p. 50); 1922 p. compar. (Montherl., Songe, p. 199: Telle fut la dernière de ces journées proprement décérébrées [...] et qui avaient passé sur elle comme des tornades); 1926 p. anal. (Genevoix, loc. cit.). Empr., par l'intermédiaire de diverses trad. (à l'all., à l'angl., au néerl.), à l'esp.tornado, -a, att. dep. 1607 (Oudin d'apr. Al.), part. passé subst. de tornar (tourner*). Voir Arv., pp. 475-477 et FEW t. 13, 2, p. 76b et 78b. Fréq. abs. littér.: 68. |