| TONTINE, subst. fém. A. − 1. DR. CIVIL. ,,Groupe d'épargnants d'âges différents au sein duquel les parts des associés qui meurent sont réparties entre les survivants, soit qu'ils se partagent le capital accumulé, soit qu'ils bénéficient d'une rente viagère constituée à partir de ce capital`` (Bern.-Colli 1981). Nous offrons des intérêts viagers à un taux gradué d'après l'âge, sur une échelle infiniment plus avantageuse que ne l'ont été jusqu'à présent les tontines, basées sur des tables de mortalité reconnues fausses (Balzac, Gaudissart, 1834, p. 37).Quant aux républiques, vertueuses par principe, elles condamnèrent volontiers les tontines, peut-être par esprit de concurrence, le suffrage universel étant, comme dit Proudhon, la loterie suprême (Morand, Excurs. immob., 1944, p. 148). − P. méton., vieilli. Cette rente. Synon. pension.Recevoir sa tontine. Je n'ai pas encore touché ma tontine (Ac. 1798, 1835). 2. Région. (fr. d'Afrique). Association de personnes qui versent régulièrement de l'argent à une caisse commune dont le montant est versé à chacun de ses membres à tour de rôle; p. méton., ce montant. Chef de tontine. J'ai dû donner mille francs à la « tontine » de notre société, mille francs à ma mère, mille francs pour payer le retour au village de la tante et des cousins (H. Lopes, Tribaliques, 1971, p. 146 ds Rob. 1985). B. − HIST. DES JEUX 1. Jeu de cartes auquel peuvent prendre part douze, quinze et même vingt personnes. (Dict. xixeet xxes.). 2. P. méton. Petite corbeille où les joueurs à la tontine déposent les enjeux; son contenu. (Dict. xxes.). C. − HORTIC. ,,Paillon, poignée de paille, filet ou panier en matière plastique maintenant la motte qui entoure les racines d'un arbre ou d'un arbuste pendant sa transplantation`` (Lar. agric. 1981). Prononc. et Orth.: [tɔ
̃tin]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1653 « association mutuelle dans laquelle chaque associé verse une certaine somme pour en constituer une rente viagère » (Édit de Louis XIV, nov. ds Encyclop. méthod. Finances, t. 3, 1787, p. 705: tontine royale); 2. 1737 p. ext. désigne un jeu de cartes (Ac. univ. des jeux, p. 206 et p. 207); 1904 « corbillon où les joueurs à la tontine mettent les enjeux » (Nouv. Lar. ill.); 1907 hortic. (Lar. pour tous). Dér. du nom du financier napolitain Leonardo Tonti (1630-1695)qui en 1653 proposa à Mazarin cette forme d'association (v. Encyclop. méthod., loc. cit. et pp. 707-708). FEW t. 13, 2, p. 33b. Fréq. abs. littér.: 16. DÉR. 1. Tontiner, verbe trans.,hortic. Garnir d'une tontine. Les ouvriers les enrobaient aussitôt d'une pâte faite de glaise et de bouse de vache et enduites de cette première couche protectrice, elles étaient « tontinées ». Le mot est charmant: il signifie un emmaillotement par de la mousse (Le Monde, 20 nov. 1956ds Rob. 1985).− [tɔ
̃tine], (il) tontine [-tin]. − 1reattest. 1907 (Lar. pour tous); de tontine, dés. -er. 2. Tontinier, -ière, subst.,dr. civil. Personne qui fait partie d'une tontine. Certaines personnes ont pour état d'espérer un décès, elles le couvent, elles s'accroupissent chaque matin sur un cadavre, et s'en font un oreiller le soir: c'est les coadjuteurs, les cardinaux, les surnuméraires, les tontiniers (Balzac, Élixir, 1830, p. 367).Empl. adj. Qui a rapport à une tontine ou à un tontinier. Pacte tontinier. Un fonds commun (...) réparti (...) entre les survivants, déduction faite des frais de gestion de la société qui s'est chargée de cette opération (société tontinière) (Jur.1985).− [tɔ
̃tinje], fém. [-jε:ʀ]. Att. ds Ac. 1762-1878. − 1reattest. 1743 (Trév.); de tontine, suff. -ier*. BBG. − Arv. 1934, p. 48. − Hope 1971, p. 304. − Quem. DDL t. 1. |