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TONSURE, subst. fém.
A. − RELIG. CATH. Marque ronde ou calotte de cheveux rasés au sommet du crâne, signe distinctif des clercs jusqu'à Paul VI, aux dimensions variables notamment selon l'appartenance au clergé régulier ou au clergé séculier. Grande tonsure; tonsure cléricale, monacale; porter la tonsure. La [première] tonsure était alors bien étroite, à peine ronde comme une pièce de deux sous. Plus tard, à chaque nouvel ordre reçu, elle avait grandi (...) jusqu'à le couronner d'une tache blanche, aussi large qu'une grande hostie (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p. 1304).Je ne voyais aucun visage [des moines], rien que le triangle brun du capuchon sur le surplis, la couronne de leur large tonsure (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 189).
HIST. DU COST. Perruque à tonsure. Au xviiies., perruque d'ecclésiastique, en particulier d'abbé, simulant une tonsure. Les cheveux du comte [disparurent] sous une perruque à tonsure; le chapeau triangulaire, placé sur la perruque, acheva de changer le comte en abbé (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 346).
P. anal., fam. Calvitie naturelle du sommet du crâne. Dissimuler sa tonsure. Une tonsure naturelle, faite d'un petit rond dans ses cheveux coupés ras (Goncourt, Journal, 1877, p. 1191).
B. − P. méton.
1. Cérémonie, précédant celle de l'imposition des ordres mineurs, au cours de laquelle l'évêque introduisait un laïque dans l'état ecclésiastique en lui coupant une mèche de cheveux au sommet de la tête; ce geste lui-même. Un an, jour pour jour, après ma prise de soutane, le 21 novembre 1898, j'avais reçu la tonsure des mains de Mgr Riou (Billy, Introïbo, 1939, p. 74).
Prendre la tonsure. Entrer dans l'état ecclésiastique. Son oncle (...) aurait hâte de le mener d'abord à Avignon pour y prendre la tonsure, afin qu'il fût tout prêt pour le prochain bénéfice vacant (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 453).
2. HIST. DE L'ADMIN. ECCL.
a) Lettres de tonsure. Document délivré par les autorités ecclésiastiques attestant la qualité de clerc de celui qui les présente. [Le Prélat] me coupa deux ou trois cheveux sur le sommet de la tête; cela s'appelle tonsure, de laquelle je reçus lettres en bonnes formes (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 203).
b) Bénéfice à simple tonsure. ,,Bénéfice que l'on peut posséder n'ayant que la tonsure, et sans être obligé de prendre les ordres sacrés`` (Ac. 1798-1878).
Loc. adj. fig., vx. À simple tonsure. Qui n'est pas fort habile. Docteur à simple tonsure (Ac. 1798-1878). Avocat à simple tonsure (Littré).
Rem. Dep. 1972, l'entrée dans la cléricature se fait par le diaconat.
Prononc. et Orth.: [tɔ ̃sy:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1246 signe de cléricature (Gautier de Metz, Image du monde, 55 ds T.-L.); 2. 1541 « premier degré de la cléricature » (Calvin, Instit. chrét., XIII, Des ordres eccl., éd. J. Pannier, t. 4, p. 96: Les uns font le premier ordre de la tonsure cléricale, le dernier d'Evesché); 1456-67 benefices a simple tonsure (Cent Nouvelles nouvelles, LXVII, éd. Fr. P. Sweetser, p. 416, 80); 1461 chappelle a simple tonsure (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 1836); 1542 fig. de simple tonsure « de rang inférieur » (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, VII, leçon impr. M, p. 39, note); 3. 1877 p. anal. (Goncourt, loc. cit.). Empr. au lat.tonsura « action de tondre (la toison des brebis; les cheveux) » (de là 1375-79 [impr. 1541] tonsure [des brebis] Jean de Brie Bon Berger, 102 ds T.-L.; 1509 « laine provenant de la tonte » Lemaire, Illustr., I, 22 ds Hug.), « id. (les arbres) » (de là 1337 tonsure de bois « émondes » Arch. nat. JJ 70, fo144 b ds Gdf.); dans la lang. eccl., sens 1 (vi-viies., Isidore ds Blaise Lat. chrét.), au Moy. Âge « tonte des draps » (xiiies. ds Nierm.). Cf., au sens 1, l'a. fr. tonture [de clerc] ca 1250 (Règle cistercienne, 589 ds T.-L.). Fréq. abs. littér.: 71.