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TONNER, verbe
A. − Empl. intrans.
1.
a) Impers. Il tonne. Le tonnerre se fait entendre. Les éclairs illuminaient les abords de Théotime (...). La foudre est tombée sur un peuplier mort (...). Ce matin, à cinq heures, il tonnait encore; mais il ne pleuvait plus (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 327).
Proverbe. Quand il tonne en avril*, le laboureur se réjouit.
Expr. fig. Toutes les fois qu'il tonne, le tonnerre* ne tombe pas.
b) Faire entendre le tonnerre. Le ciel, la nuée tonne. Un jour de tiède et pâle automne, Après le mois qui consume et qui tonne (Desb.-Valm., Élégies, 1859, p. 70).L'orage tonnait dans le lointain (Adam, Enf. Aust., 1902, p. 52).
c) Vieilli, littér. [Le suj. désigne une divinité, un élément de la nature divinisé] Lancer la foudre, faire entendre le tonnerre, signe de colère, de puissance. Jupiter tonne. Puisqu'un forfait si noir les trouve indifférens, Tonnez, confondez l'injustice, Cieux, obscurcissez-vous de nuages épais (Delavigne, Messéniennes, 1824, p. 55).
Loc. fig. (C'est) à ne pas entendre* Dieu tonner.
2. P. anal.
a) Faire un bruit fort, violent comme celui du tonnerre. L'artillerie, le canon tonne; les batteries tonnent; la mer, le volcan tonne; faire tonner, entendre tonner qqc. Sur les longs clous de fer tonnent les lourds marteaux (Chénier, Amérique, 1794, p. 132).C'est un château du dix-septième siècle (...). Le vent tonne dans les cheminées (Green, Journal, 1932, p. 100).
b) [Le suj. désigne une pers.] Parler avec véhémence, exprimer avec force sa colère, son mécontentement. Synon. fulminer, tempêter, tonitruer.Démosthène, Mirabeau tonnait; tonner à la tribune, en chaire; tonner en faveur de qqc.; tonner sur qqn, sur qqc. Assemblée de douairières où l'on tonnait contre le P. Hyacinthe (Flaub., Corresp., 1879, p. 180).Des huées, des rires énormes éclatent; la directrice veut tonner et ne peut pas, prise elle-même d'un fou rire (Colette, Cl. école, 1900, p. 252).
[P. méton. du suj.] Une voix qui tonne. Qu'il ne retrouve plus en vous ce père indulgent qui justifioit tous ses torts, faites tonner l'honneur outragé, accablez-le de votre indignation (Cottin, Cl. d'Albe, 1799, p. 212).Si nettement, à ses oreilles, tonnèrent ces terribles paroles: « ...admis à faire valoir ses droits à la retraite » (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, p. 229).
c) [Dans un cont. métaph.] Apparaître, se manifester avec éclat. La magnificence de l'automne Tonne dans le ciel lointain (Claudel, Corona Benignitatis, 1915, p. 425).
B. − Empl. trans., plus rare
1. Exprimer quelque chose à travers le bruit du tonnerre. Il est un Dieu. (...) le vent le murmure dans les forêts, la foudre tonne sa puissance, et l'Océan déclare son immensité (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 286).
2. P. anal.
a) Faire entendre, annoncer quelque chose avec éclat, avec force. Dis-leur que la patrie A secoué le joug, que notre artillerie Doit tonner ce bonheur! (Borel, Rhapsodies, 1832, p. 31).
b) [Le suj. désigne une pers.] Exprimer quelque chose avec force. Le curé se mit à tonner des ordres dans la sacristie (Aymé, Vouivre, 1943, p. 243).
[Introd. un discours dir.] Par exemple! tonna le bonhomme (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 72).
Prononc. et Orth.: [tɔne], (il) tonne [tɔn]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 intrans. « produire un bruit aussi fort que le tonnerre » (Voyage de Charlemagne, éd. G. Favati, 358); b) 1160-74 Dieu tonnant (Wace, Rou, éd. H. Andresen, 2085); 2. ca 1155 impers. (Id., Brut, éd. I. Arnold, 2481). Du lat. tonare « retentir fortement, faire retentir comme le tonnerre ». Fréq. abs. littér.: 429. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 636, b) 864; xxes.: a) 678, b) 408. Bbg. Gougenheim (G.). La Constr. avec sujet des verbes exprimant des phénomènes météorologiques. Fr. mod. 1945, t. 13, pp. 200-204.