| TONITRUER, verbe intrans. A. − [Le suj. désigne une chose] Faire un bruit de tonnerre. Les Allemands ne cessent d'y envoyer de vastes obus qui tonitruent de temps en temps en nous secouant dans notre sous-sol (Barbusse, Feu, 1916, p. 160). B. − [Le suj. désigne une pers.] Parler, crier d'une voix retentissante. Il vit s'élever des cathédrales immenses où tonitruaient des moines blancs en chaire (Huysmans, À rebours, 1884, p. 108).Trempé comme un vieux morceau de pain dans un verre d'eau sale et il hurle et il tonitrue... ah! il est bath le pape (Prévert, Paroles, 1946, p. 135). − Au fig. [En parlant d'un peintre] Parfois l'artiste, quasi-muet, se borne à écouter, à enregistrer ce qu'il entend: on l'appelle un réaliste; parfois il hausse le ton, il tonitrue, il couvre la voix des choses: c'est la tentation de nos contemporains (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 6). Prononc.: [tɔnitʀye], (il) tonitrue [-tʀy]. Étymol. et Hist. 1866 tonitruant (Pommier, Paris, p. 147); 1884 tonitruer (Huysmans, loc. cit.). Empr. au b. lat.tonitruare « tonner » (ives., v. Blaise Lat. chrét.), dér. de tonitrus « tonnerre » et « bruit semblable à celui du tonnerre ». Fréq. abs. littér.: 10. DÉR. 1. Tonitruance, subst. fém.a) Caractère de ce qui est tonitruant. Il s'écria tout à coup, en déchaînant les tonitruances de son ancienne voix tragique (Richepin, Braves gens, 1886, p. 77).b) Parole, discours tonitruant. Et la parole vivante de Churchill, à l'opposite (...) des trépignements de rage masochiste de Hitler, de sa tonitruance (...) redonnait vie et espoir aux millions d'auditeurs branchés sur la B.B.C. (Cendrars, Lotiss. ciel, 1949, p. 34).− [tɔnitʀyɑ
̃:s]. − 1reattest. 1886 (Richepin, loc. cit.); de tonitruer, suff. -ance*. 2. Tonitruement, subst. masc.a) Bruit retentissant. Ils marchaient (...) sous le tonitruement des hauts parleurs, sur les pentes du stade qui poussait vers eux ses vagues (Genevoix, Laframboise, Match à Vancouver, 1942, p. 232).b) Propos prononcé d'une voix retentissante. Excourbaniès, − et de quels tonitruements! − soutenait la calomnie du directeur des cultures (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p. 187).− [tɔnitʀymɑ
̃]. − 1resattest. 1888 (Villatte, Parisismen), 1890 (A. Daudet, loc. cit.); de tonitruer, suff. -ment1*. BBG. − François (A.). La Désinence ance ds le vocab. fr. Genève-Lille, 1950, p. 74 (s.v. tonitruance). − Quem. DDL t. 10. |