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TOMBEUR, subst. masc.
A. −
1.
a) SPORTS
α) LUTTE. Athlète qui terrasse ses adversaires. Dans un panorama infini (...) gesticulaient des lutteurs, tombeurs fameux, un poing sur la hanche (A. Daudet, Rois en exil, 1879, p. 236).
β) P. anal. [Dans tous les autres sports] Celui qui l'emporte sur son adversaire; le vainqueur. [Les footballeurs rémois] joueront à Bobigny (...) et la défaite qu'ils ont infligée à l'école de T.S.F., récent « tombeur » de Janson-de-Sailly, rend ce match particulièrement attrayant (Le Cri du peuple, 6 mars 1941).Jake La Motta le « tombeur » de Cerdan et Dauthuille (Le Monde, 3 mars 1981, p. 28).
b) Pop., p. anal. Individu qui est taillé en athlète, qui travaille en force (d'apr. Carabelli, [Lang. pop.], s.d.). Bras de tombeur. Le fort des forts était donc par terre? La compagnie avait donc du bon, que le terrible tombeur (...) revenait (...)? (Zola, Germinal, 1885, p. 1534).Il pointait le doigt vers un bûcheron taillé comme une tour qui passait pour un terrible tombeur (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 144).
2. P. anal.
a)
α) Le plus souvent dans le domaine pol.Celui qui triomphe d'un adversaire, en lui faisant perdre sa place, son rang, son pouvoir, son honneur, en cherchant à le discréditer. Tombeur de ministères, de jurys, de notables. Eugène P., le tombeur de Renan (...) vient de temps en temps mépriser l'humanité (Les Cocottes, 1864ds Larchey, Excentr. lang., 1865, p. 311).Rainer Barzel est (...) un farouche opposant de la détente et se voit très bien en tombeur d'un chancelier social-démocrate (Libération, 23 oct. 1984, p. 5).
P. ext. Candidat qui l'a emporté sur un autre à la suite d'une élection. À ceux-là pourraient s'ajouter deux ou trois élus que ramasseront la liste Predolile tombeur bonapartiste de Rocca-Serra au conseil généralet des dissidents gaullistes (Minute, 7 juin 1982ds R. Trad. 1983 no19, p. 36).
β) Celui qui rend caduque une chose existante. Depuis près d'un siècle, on ne compte plus les projets de réforme élaborés pour modifier cette loi [placements d'office ou volontaires en hôpital psychiatrique]. Jusqu'ici, aucun n'a pu aboutir. Qui donc sera le ministre « tombeur » de la loi de 1838? Et d'abord faut-il la modifier? (Le Monde, 22 avr. 1987, p. 22, col. 1).
b)
α) Critique de théâtre qui dit le plus grand mal d'un acteur, d'une pièce; ,,éreinteur, journaliste hargneux`` (Delvau 1867). Aujourd'hui (...), Wolff, l'éreinteur de Manette Salomon, le tombeur d'Henriette Maréchal, a bien voulu me reconnaître comme le pontife de l'école naturaliste (Goncourt, Journal, 1884, p. 358).
β) Arg. du théâtre. ,,Acteur plus que médiocre, et, à cause de cela, habitué à compromettre le succès des pièces dans lesquelles il joue`` (Delvau 1883). A-t-on idée de donner autre chose qu'une panne à un tombeur pareil? (Bruant1901, p. 9).
γ) Arg. des jeux. ,,Celui qui vit d'emprunts au jeu`` (Rigaud, Dict. arg. mod., 1881, p. 367).
c) Péj., pop. Homme qui séduit de nombreuses femmes. Tombeur de poulettes; tombeur des belles. L'english lover [Murray Head] c'est toi? (...) Toujours à l'aise dans le rôle de tombeur de ces dames? (Ouest France, 23 août 1989).
Empl. abs. Synon. don juan, séducteur.Tiens, par exemple, personne me f'ra croire que le père Gainsbourg avec la tronche qu'il a, c'est le tombeur qu'y disent. Tombeur mes fesses (F. Séguin, L'Arme à gauche, 1990, p. 103).
Rare. [À propos d'une femme] L'illustre citoyenne Césarine Brau, surnommée le « tombeur des hommes » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 333).
B. − Spécialement
1. BÂT. ,,Ouvrier qui travaille aux démolitions`` (Jossier 1881).
2. ÉCON. Tombeur ficeleur. ,,Ouvrier de la chapellerie de feutre de laine donnant à la cloche sa première silhouette de chapeau en marquant le bord par serrage dans un nœud coulant`` (Mét. 1955).
REM.
Tombeuse, subst. fém.,péj., rare. Séductrice. Ayant vu une comédienne d'un piètre physique (...) faire la belle dans le rôle d'une tombeuse de cœurs (...) je me suis permis de dire que ce contraste choquait à la fois la vue et la raison (Léautaud, Théâtre M. Boissard, 1943, p. 311).
Prononc.: [tɔ ̃bœ:ʀ]. Étymol. et Hist. A. Ca 1160 « danseur, acrobate, jongleur » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 4781: fist venir ses tumbeors). B. 1. 1840 « mauvais acteur » (Ch. Fries, Français peints par eux-mêmes, Le Correspondant dramatique, t. 2, p. 299: les acteurs qu'on a baptisés du nom de tombeurs. Trop mauvais pour être supportés nulle part); 2. a) [1845 « athlète, lutteur » (s. réf. ds Bl.-W.2-5, 1846 ds Bl.-W.1)] 1865 (Larchey, Excentr. lang.: Tombeur: Lutteur invincible); b) 1864 fig. « vainqueur, critique violent » (Les Cocottes, loc. cit.), cf. Arveiller ds R. Ling. rom. t. 52, p. 516; c) 1867 « éreinteur, journaliste hargneux » (Delvau); d) 1878 « séducteur » (Rigaud, Dict. jargon paris. citant E. de Goncourt, s. réf.: le grand Lolo, dit le tombeur des belles); 1904 tombeur de femmes (Nouv. Lar. ill.); 1884 absol. tombeur (Villatte Parisismen); e) 1941 sports (Le Cri du peuple, loc. cit.); 3. 1872 « ouvrier qui opère des démolitions » (Littré). Dér. de tomber1*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 10. Bbg. Quem. DDL t. 30, 31.