| TOLLÉ, subst. masc. [P. allus. à la trad. lat. de Jean XIX, 15 où les Juifs demandent à Ponce Pilate de crucifier Jésus par ce cri: Tolle, tolle, crucifige eum] A. − Vx. Crier tollé (sur qqn, contre qqn). ,,Crier afin d'exciter de l'indignation contre quelqu'un`` (Ac. 1798-1835). B. − Cri collectif de protestation, vif sentiment d'indignation exprimé par un ensemble de personnes. Tollé général; violent tollé; déclencher, soulever un tollé; ce fut un beau tollé. M. de Mars m'écrivit le tollé de l'Académie française contre mon Henriette (Michelet, Journal, 1859, p. 482).Un tollé furieux éclate dans la salle; des ricanements soufflettent l'avocat (Martin du G., J. Barois, 1913, p. 385). Rem. On a écrit parfois tolle, sans accent: Vous y avez excité trop de jalousie, pour résister au tolle général qui s'élèvera contre vous dans les journaux libéraux (Balzac, Illus. perdues, 1839, p. 493). Prononc. et Orth.: [tɔle]. Littré, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, Martinet-Walter 1973 tolèrent la gémination. Ac. dep. 1718: tollé. Ex. sans accent supra. Étymol. et Hist. 1. 1477 (Passion d'Auvergne, éd. G. A. Runnalls, p. 169-170). 2. 1573 crier tollé après qqn « crier afin d'exciter l'indignation contre quelqu'un » (A. Paré, De la Génération, 54, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 755); 3. 1690 « cri d'indignation » (Fur.). Transformation graph. de l'anc. impér. tolez, impér. de toldre « ôter », du lat. tollere, sous l'infl. de l'impér. lat. tolle (cette transformation s'est produite à partir du lat. tolle « prends, enlève-(le) » que, dans le texte de la Vulgate, les Juifs poussent pour demander à Ponce Pilate de faire mourir Jésus, Jean XIX, 15, v. Bl.-W.). En a. fr. tolez était empl. couramment comme signe de protestation (ca 1165, Benoît, Roman de Troie, éd. L. Constans, 6411). Voir A. Stimming, Neufranzösisches tollé ds Mél. Wilmotte, pp. 715-721. Fréq. abs. littér.: 16. |