| TOIT, subst. masc. A. − 1. ARCHIT., cour. Partie supérieure d'un bâtiment ou d'une construction servant de couverture contre les intempéries, formée de matériaux divers reposant sur une armature ou une charpente et présentant le plus souvent une surface inclinée. Tout homme a son lieu naturel (...). Le mien, c'est un sixième étage parisien avec vue sur les toits (Sartre, Mots, 1964, p. 47).V. calme2ex. 2, chaume ex. 5, couvrir ex. 6: [Angélo] déambulait sur les toits exactement comme sur terre ferme (...). Le clocher, la rotonde, les petits murs, l'ondulation des toits n'étaient autour de lui que comme les arbres, les bosquets, les haies et les monticules d'une terre nouvelle; l'ouverture sombre des cours intérieures étaient comme de simples flaques dont il fallait se détourner...
Giono, Hussard, 1951, p. 135. SYNT. Toit bleu, gris, rouge; toit crevé, effondré; toit plat, pointu; vieux toit; toit de lauze, de paille, de tôle ondulée, de zinc; toit d'un atelier, d'un château, d'une chaumière, d'une église; angle, bord, charpente, corniche, crête, faîte, gouttière, latte, pente, poutre, rebord, versant du toit; monter, se promener sur les toits; tomber du toit; nicher, percher sur les toits. − P. métaph. J'ai la beauté facile et c'est heureux. Je glisse sur le toit des vents Je glisse sur le toit des mers Je suis devenue sentimentale (Éluard, Capitale douleur, 1926, p. 17).V. colombe ex. 1. − P. méton. La couverture elle-même et son support. Toit d'ardoises. Les toits de tuile, dont la charpente s'était effondrée par endroits sous la pesée du temps, se serraient autour du clocher, comme un troupeau surpris par la tourmente (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 34). − Toit à/en + subst.Toit en coupole, en dôme, en voûte; toit à deux pans. [Le moulin à vent] devint un véritable édicule surmonté d'un toit à quatre grands pans, où l'on n'a eu garde d'oublier les girouettes (D'Allemagne, Hist. jouets, 1902, p. 40). ♦ Toit à l'italienne. Toit à pente douce faiblement inclinée. Le climat de nos pays pluvieux exigeait des toits plus pointus que ces toits à l'italienne qui accompagnent si naturellement la voûte romane (Alain, Beaux-arts, 1920, p. 194). ♦ Toit à mansarde, à la Mansard. Toit brisé qui a une double pente de chaque côté. La maison est coiffée d'un toit aigu à mansardes (M. de Guérin, Corresp., 1832, p. 58).Deux mansardes à volets de bois, sur un toit à la Mansard (Goncourt, Journal, 1858, p. 520). ♦ Toit en bâtière. Toit à deux pentes ,,formé de deux versants à pignons découverts et couvrant un bâtiment carré`` (Nér. Hist. Art 1985). ♦ Toit en escalier. Toit brisé ayant une succession de pentes. De charmantes maisons hollandaises au toit en escalier, à tuiles brillantes en écailles de poisson (Morand, New-York, 1930, p. 16). ♦ Toit en terrasse. Toit plat ou à très faible pente. Les femmes dorment sur les terrasses et sur les toits, à la condition que les toits soient en terrasse (About, Grèce, 1854, p. 401).Maisons toutes semblables par leur forme cubique et leur toit en terrasse (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p. 84). ♦ Toit en éteignoir*. Toit en poivrière*. − Loc. fig. Avoir un toit sur la tête. Être logé. Chère enfant, il y a tant de gens qui valent mieux que moi et qui n'ont même pas un toit sur leur tête (Hugo, Misér., t. 2, 1862, p. 84).Le logis, c'est ben la première chose. Après ça, eh ben, comme on pourra! Une fois qu'on a un toit sur la tête, on a le temps de penser au reste (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 288). ♦ (Avoir) le ciel pour toit. Dormir dehors. Synon. (coucher) à la belle étoile*.J'ai dormi (...) dans le stade de Delphes et dans le théâtre d'Épidaure avec le ciel pour toit (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 577). ♦ Sous le(s) toit(s). Au dernier étage d'un immeuble, dans les combles. Chambre sous les toits; loger sous les toits. On a forcé la pauvre vieille maman (...) à donner sa chambre et à monter se coucher sous les toits, dans un lit de bonne! (Zola, Débâcle, 1892, p. 114).Je vis la tanière du maître (...). C'était sous les toits, un étroit grenier, pas commode et inconfortable (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 318). ♦ Sur les toits. [P. allus. à l'usage des Orientaux qui vivent sur leurs toits en terrasse et à Matth. X, 27, Luc XII, 3] Ouvertement, publiquement. Prêcher, publier sur les toits. Partout c'est Dieu, c'est son fils, c'est sa religion qui doivent être (...) rendus publics, annoncés sur les toits (Bonald, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 324).Fam. Crier (qqc.) sur les toits; crier sur (tous) les toits que (+ prop. à l'ind.). Divulger, répandre. Crier sur les toits un nom, une vérité. On le sait bien que c'est ton oncle, tu n'as pas besoin de le crier sur les toits (Becque, Parisienne, 1885, iii, 7, p. 350).On a rarement le cœur de se désavouer et de crier sur les toits qu'on a cru un jour les menteurs sur parole (Nizan, Conspir., 1938, p. 48). 2. P. anal. (d'aspect ou de fonction). Construction en pente servant d'abri, appuyée à un mur ou soutenue par des poteaux. Synon. appentis.Au jardin, sous un toit lisse De bambou, Sitâ sommeille (Cros, Coffret santal, 1873, p. 23).Abri, couverture parfois rudimentaire. Toit de branches, de feuilles. Une terre enfin qui couvait sa graine, l'hiver sous le toit de la neige et qui restait tiède longtemps (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 84).Un toit mouvant de parapluies semble recouvrir Wimbledon (Jeux et sports, 1967, p. 1379). − Loc. fig. Le toit du monde. [Qualifie un point culminant de l'Asie, en partic. le Pamir, le Tibet ou l'Himalaya dont l'Everest] Elle voudrait faire un voyage au Tibet, le « toit du monde », dont la vie spirituelle l'attire (Green, Journal, 1942, p. 232).Depuis 1923, huit expéditions ont échoué dans l'assaut du « toit du monde » (Jeux et sports, 1967, p. 1656). ♦ P. anal. Le toit de l'Europe. Le Mont Blanc. Malgré de sérieuses difficultés dues à un vent très violent soufflant sur le toit de l'Europe, le défi a été relevé en douze heures (La Vie du Rail, 29 oct. 1987, no2116, p. 14). 3. [P. allus. à un roman esp. et au Diable boiteux de Lesage, où le démon Asmodée a le pouvoir d'enlever les toits des maisons et d'observer tout ce qui s'y passe] Si Asmodée enlevait notre toit, ce pauvre diable serait fort déçu... Le hasard vous a ouvert les portes d'une maison sans histoire où il ne s'est jamais rien passé, où il n'arrive rien (Mauriac, Asmodée, 1938, ii, 7, p. 90). B. − P. méton. 1. [Avec un caractère affectif] Endroit où l'on habite, où l'on est à l'abri. Synon. abri, demeure, foyer, habitation, logis, maison.Toit familial, hospitalier, protecteur; habiter, posséder un toit. Harmonie et douceur! Le toit natal fume dans la lumière (Ch. Guérin, Cœur solit., 1904, p. 137).Vous avez des enfants, un mari, une famille. Vous avez un toit, un avenir paisible. Et vous me détestez, moi qui n'ai rien (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 139). ♦ Humble, pauvre toit. Chaumière, logis d'apparence modeste. Sous le pauvre toit de Marie-Anne régnait une atmosphère d'angoisse et de grandeur (Barrès, Colline insp., 1913, p. 267). ♦ Toit paternel, de ses pères. Maison paternelle. Mon principal établissement est la maison de mon père, à Luynes; là est le champ que je cultive, et dont je vis avec ma famille; là, mon toit paternel (Courier, Pamphlets pol., À Conseil préfect. Tours, 1820, p. 48). ♦ Loc. adj. ou adv. (Être) sans toit. Sans logis. Donner la couverture Aux pauvres gens sans toits (Barbier, Ïambes, 1840, p. 283).Il est des déserts où l'on dort, dans la nuit glacée, sans toit, mademoiselle, sans lit, sans draps (Saint-Exup., Terre hommes, 1939, p. 179). − Loc. fig. [Avec un poss., un adj., un compl. déterminatif] Sous le toit (de), sous son toit. Dans la maison, l'appartement de quelqu'un, dans sa maison. Coucher, dormir sous le toit de qqn; accueillir, recueillir qqn sous son toit. Pardonner à ce misérable que j'ai reçu sous mon toit, à qui j'ai ouvert ma maison, que j'ai traité comme un ami, comme un parent (Ponson du Terr., Rocambole, t. 3, 1859, p. 490).Sir Archibald Falkland (...), non content d'entretenir une maîtresse sous le toit conjugal, se propose d'épouser cette maîtresse (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 84). ♦ Sous le même toit. Dans la même maison, le même logement. Il n'est pas convenable qu'elle couche sous le même toit que monsieur votre fils, qui se ferait un jeu de déshonorer une famille respectable (Stendhal, Lamiel, 1842, p. 113).Je connais un bel exemple de cet empressement secourable entre trois générations présentes sous le même toit et partageant la même existence (Amiel, Journal, 1866, p. 83). − Ensemble de personnes qui vivent ensemble, habitants de la même maison, membres de la famille. L'honneur de son toit; faire respecter son toit. C'est bon, un toit affectueux et une chambre où on sent la vigilance amie de la maîtresse de la maison (Goncourt, Journal, 1887, p. 684).Dans les métairies il fallait prier les voisins et l'on se prêtait aide mutuelle de toit en toit (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p. 45). 2. Vieilli ou région. (notamment Ouest). Réduit où on loge les porcs, les animaux de basse-cour. Le toit à cochons, aux poules. Elle va visiter, dans leur toit, les lapins domestiques qui rongent une feuille de chou (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 40).Il alla ouvrir la porte de l'étable, celle de l'écurie, celle de la bergerie, celle du toit à porcs (R. Bazin, Blé, 1907, p. 250).V. infra dér. toiton ex. C. − Spécialement 1. ALPINISME a) Sommet. La crête verticale que nous suivons jusqu'au toit devient de plus en plus difficile et dangereuse (R. alpine, janv. 1897, p. 13 ds Quem. DDL t. 27). b) Surplomb perpendiculaire à la paroi et qu'on ne peut franchir que par escalade artificielle. Puisque la technique nouvelle permettait de s'accrocher aux grandes parois verticales, rien ne devait empêcher de traverser, par en dessous, les surplombs horizontaux les plus rébarbatifs appelés des « toits ». Ce qui fut fait, même lorsque les toits présentaient des avancées de plusieurs mètres (P. Bessière, L'Alpin., 1974, p. 25). 2. ANATOMIE a) Toit de la caisse. Paroi supérieure de la caisse du tympan. (Dict. xxes.). b) Toit du quatrième ventricule (de l'encéphale). ,,Paroi postérieure du quatrième ventricule qui ferme la cavité ventriculaire en haut et en arrière`` (Lov.-Veill. 1954). Dans les mailles du réseau (...) qui communiquent avec les ventricules encéphaliques et le canal de l'épendyme au niveau du toit mince et perforé du 4eventricule (...) circule le liquide céphalo-rachidien (Camefort, Gama, Sc. nat., 1960, p. 212). 3. CARROSSERIE, cour. Partie supérieure couvrant un véhicule. Toit d'un autobus, d'une berline, d'un wagon; galerie de toit (pour les bagages). Il y avait en tout deux civières, qu'on ficela sur le toit de l'auto (Malraux, Espoir, 1937, p. 826).Les gens (...) gagnaient leurs autos ou les grandes tapissières à toit de cuir qui attendaient le long de la rue Mesnil (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 105). ♦ Toit ouvrant. Toit comportant un panneau amovible, souvent transparent, permettant l'aération et l'ensoleillement. Sièges face à la route (...), parfaite visibilité, toit ouvrant, etc., sont des éléments de confort faits pour contribuer à l'essor du grand tourisme par cars (Tinard, Automob., 1951, p. 336). 4. INDUSTR. Toit flottant. ,,Couverture d'un réservoir en forme de caisson flottant à la surface de l'hydrocarbure dont il accompagne les mouvements lors du stockage ou de la vidange et permettant de réduire les pertes par évaporation des éléments volatils`` (Industries 1986). 5. JEU DE PAUME. Couverture de la galerie qui entoure le jeu sur deux ou trois côtés. Quand on joue partie à la paume, il faut servir la balle sur le toit de la galerie (Ac.1798-1878). − Vx, au fig. Servir qqn sur les deux toits. Lui donner tous les moyens de réussir, de se montrer à son avantage. Je vous servirai sur les deux toits, mon cher enfant. Je vais être insupportable, grossier, jaloux avec la marquise (...) il n'y a rien de mieux pour déterminer une femme à la trahison; vous serez heureux et je serai libre (Balzac, Béatrix, 1839, p. 235). 6. SC. DE LA TERRE (géogr., géol.). Partie supérieure d'une formation, d'un gisement; terrains situés au-dessus. Toit d'une nappe aquifère. Le passage de la craie noduleuse à la craie normale de son toit n'entraîne jamais la présence de matériaux remaniés (Cayeux, Causes anc. et act. géol., 1941, p. 49).La partie supérieure d'une couche s'appelle le toit, la partie inférieure porte le nom de plancher ou soubassement (George1984, s.v. couche). − MINES. Partie supérieure d'une couche, d'une galerie. Toit d'un filon; étayer le toit. Il faisait, avec son pic, une entaille dans le toit, puis une autre dans le mur; et il y calait les deux bouts du bois, qui étayait ainsi la roche (Zola, Germinal, 1885, p. 1166).Cette méthode [d'exploitation] consiste à provoquer régulièrement, à l'arrière des fronts de taille, l'effondrement du toit de la couche (E. Schneider, Charbon, 1945, p. 236). REM. -toit, élém. de compos.V. avant-toit, double-toit (s.v. double-). Prononc. et Orth.: [twa]. Homon. toi. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1160-74 teit « étable » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, Appendice, 708); 1188 toit (Aimon de Varenne, Florimont, 333 ds T.-L.); b) en partic. déb. xives. porc en toit (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, XIV, 2635); 1559 tect a pourceaulx (Marguerite de Navarre, Heptaméron, éd. M. François, trente quatrième nouvelle, p. 251); av. 1699 toit à cochon (Racine, Remarques sur l'Odyssée d'Homère ds
Œuvres compl., éd. P. Mesnarol, t. 6, p. 159); 2. 1175 toit « couverture d'un bâtiment » (Chrétien de Troyes, Chevalier Lyon, éd. M. Roques, 2857); a) 1559 [éd.] être presché sur le tect (Marguerite de Navarre, op. cit., 8, var. de l'éd. Cl. Gruget); 1772 crier sur les toits (Volt., Lett. Mmede St-Julien ds Littré); b) 1836 sous les toits « à l'étage le plus élevé d'une maison » (Lamart., Jocelyn, p. 665: Pauvre couple caché dans quelque chambre nue, Abritant sous les toits une joie inconnue); d'où 3. 1180 « lieu où l'on habite » l'uis de son toit (Proverbe au vilain, 217 ds T.-L.); a) 1561 hanter sous le toit de qqn « être fréquemment chez quelqu'un, y vivre » (J. Grévin, César ds Théâtre compl., éd. L. Pinvert, I, p. 27); b) 1690 habiter sous le même toit (Fur.); c) 1840 [être] sans toit « ne pas avoir de domicile » (Barbier, loc. cit.); 4. a) 1680 « ais en forme de toit qui couvre la galerie d'un jeu de paume » (Rich.); b) 1694 servir un homme sur les deux toits (Ac.); 5. a) 1765 mines « partie de la roche qui couvre le filon » (Encyclop. t. 6, p. 803, s.v. filon); b) 1821 « ce qui par sa forme ressemble à un toit, forme couverture » le toit varié des forêts (Nodier, Smarra, p. 85); c) 1843 « partie supérieure d'une voiture » le toit défoncé de la pauvre voiture (Gautier, Tra los montes, p. 59); d) 1887 géomorph. « sommet » (Année sc., 1888, p. 343); e) 1912 anat. toit du 4eventricule (G. Gérard, Anat. hum., p. 308); f) 1964 « partie supérieure d'un réservoir de stockage » (Lar. encyclop.). Du lat. class. tectum « toit, toiture de maison; abri, maison » puis en lat. d'époque impériale « asile, repaire de bêtes sauvages », part. passé neutre subst. de tegere « couvrir, recouvrir, cacher, abriter ». Fréq. abs. littér.: 4 584. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6 254, b) 7 541; xxes.: a) 7 400, b) 5 666. DÉR. Toiton, subst. masc.,région. (notamment Morvan). Petit réduit (v. supra B 3). Ce petit toit où, tour à tour, ont vécu des poules, des lapins, des cochons, vide maintenant, appartient en toute propriété à Poil de Carotte pendant les vacances. Il y entre commodément, car le toiton n'a plus de porte (Renard, Poil Carotte, 1894, p. 173).− [twatɔ
̃]. − 1resattest. déb. xiiies. [ms.] teitun « cabane, hangar » (La Vie du pape Saint-Grégoire, éd. H. B. Sol, B1, 1670, p. 272), attest. isolée, à nouv. xixes. 1894 « id. » (Renard, loc. cit.); de toit, suff. -on*. BBG. − Archit. 1972, p. 112. − Quem. DDL t. 27. |