| TIRELIRE, subst. fém. A. − 1. Petit récipient de forme variée portant une fente à sa partie supérieure où l'on peut introduire de la monnaie pour constituer des économies. Tirelire en bois, en faïence, en métal, en terre; tirelire en forme de petit cochon; mettre des économies, des sous dans sa tirelire; briser, casser, ouvrir, vider une tirelire. − Tenez! dit l'oncle à Fifi, après l'avoir (...) baisée sur le front, voici (...) trois pièces de quatre sous, pour votre tirelire (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 304).Ses parents lui gardaient les sous neufs qui sont tout dorés, et (...) on les mettait dans une tirelire en forme de tête de chat, avec un col et une cravate papillon d'un beau rouge (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 386). − Loc. fam. Bouche fendue comme une tirelire; bouche en tirelire. Bouche aux lèvres minces et largement fendue. Une monstrueuse figure (...) la plus épouvantable face batracienne, des yeux éraillés, des paupières en coquille, une bouche en tirelire et comme baveuse (Goncourt, Journal, 1863, p. 1217).La moustache, coupée ras, dégage une bouche fendue comme une tirelire (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p. 1064). 2. P. méton. Petite épargne, petites économies. Synon. bas de laine (v. bas2).Il se maria à la mairie, et aussi à l'église. Sa « vieille » obtint de lui (...) cette concession à ses idées. Il est vrai qu'elle avait dit tout de suite: − J'ai une tirelire. Ce que ça coûte, c'est moi qui le paierai (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 125). 3. P. anal. a) Dispositif, relié à un compteur ou un appareil dont le fonctionnement est déclenché, pour un temps déterminé, par l'introduction de pièces de monnaie. On introduit une pièce de monnaie dans la fente du compteur (...). Les pièces de monnaie s'accumulent dans une tirelire que l'agent de la compagnie vient changer régulièrement (Quéret, Industr. gaz, 1923, p. 232). b) Tirelire verte. Dans la Communauté Économique Européenne (C.E.E.), organisme chargé de soutenir les marchés agricoles et de définir des projets de modernisation. Au jeu communautaire, la France est la grande gagnante. Allemagne et Grande-Bretagne n'ont de cesse de réclamer un plus juste retour. « Nous payons plus que nous ne touchons », fulminent-elles. Les dépenses du FEOGA (Fonds européen d'orientation et de garantie agricole), cette « tirelire verte » (...) sont, il est vrai, pour la France, supérieures à ses contributions (Le Point, 21 mai 1979, p. 84, col. 2). B. − Arg., pop. 1. Tête. Synon. cafetière, fiole.Recevoir un coup sur la tirelire. Et à son âge, elle en réchapperait sûrement pas d'un coup de pétard comme on lui en préparait un... comme ça en plein dans la tirelire (Céline, Voyage, 1932, p. 383).Ah! dites, les vieux, s'il fait chaud! Ce coup de bengale que j'ai pris sur la tirelire (Aymé, Nain, 1934, p. 122). − P. méton. Expression du visage. Ah! (...) Si vous saviez mon capitaine! Toujours tout seul (...) et guère engageant avec ma tirelire de trompe-la-Mort (Genevoix, Boue, 1921, p. 176).L'un d'eux il en a une drôle de tirelire avec son cou démesuré portait un chapeau de feutre mou (Queneau, Exerc. style, 1947, p. 84). ♦ Loc. (En) faire une tirelire. Manifester du dépit, du mécontentement par l'expression du visage. Synon. (en) faire une drôle de bobine*.Vous seriez bien les premiers à en faire une tirelire s'il fallait que vous vous passiez de journaux (Barbusse, Feu, 1916, p. 43).Se fendre la tirelire. Rire. (Dict. xxes.). 2. Sexe de la femme. Des filles m'avaient montré en secret leur fente, leur tirelire (...) et elles avaient regardé curieusement (...) mon robinet (Arnoux, Zulma, 1960, p. 210). 3. [Dans certaines loc.] Estomac, ventre. Au cidre! au cidre! il fait chaud. J'm'emplis la tir'lire (Richepin, Chans. gueux, 1881, p. 29).− Collet-toi c'tte soupe-là dans la tirelire! tu m'en diras des nouvelles (Bruant1901, p. 68). 4. Prison. On l'a fourré dans la tir'lire (Richepin, Chans. gueux, 1881, p. 157). Prononc. et Orth.: [tiʀli:ʀ]. Ac. 1694: tirelire; 1718-1778: tire-lire; dep. 1798: tirelire. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1223 « petit récipient percé d'une fente par où on introduit les pièces de monnaie » (Gautier de Coinci, Miracles N.D., II Epi 33, éd. V. F. Koenig, t. 4, p. 437, 176); b) p. anal. 1863 bouche fendue en tirelire (Gautier, Fracasse, p. 316); 2. ca 1625 « tête » (D. Ferrand, Muse normande, p. 15). Prob. même mot que tire-lire*, en raison du tintement des pièces obtenu quand on l'agite. Pour des dénom. d'orig. analogue, cf. dorloter et guéridon. Fréq. abs. littér.: 55. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 218. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 259. − Quem. DDL t. 38. |